From Jean-Annet Chabreu Duparquet (unpublished)
Reflexions militaires par le S[ieu]r Duparquet, commendant de bataillon reformé, avec Rang de Lieu[tenan]t Colonel au Regt d’inf[ante]rie de la sarre, sur la guerre des insurgens, contre les anglois.

Le s[ieu]r duparquet ne craint point d’avancer icy, que les insurgens etant conduits par des officiers qui ayent quelque Experience, doivent necessairement avoir un avantage réel sur les anglois. Le nombre d’hommes que les ameriquains peuvent mettre sur pied est plus que suffisant pour leur assurer des succès heureux, dans leurs Entreprises. L’on objettera que ce n’est pas le grand nombre qui doit l’emporter sur le peu de troupes qui sont bien diciplinées et exercées, mais si l’on fait attention que les troupes dont se servent les anglois, ne sont que des troupes mercenaires, levées a la hatte, par concequent point exercées et diciplinées, et que les insurgens depuis plus de trois ans qu’ils font la guerre doivent etre aguerris, exercés et diciplinés, il sagit donc de mettre a la tête des troupes des insurgens, des officiers experimentés. Cette précaution, le nombre des insurgens, doit l’emporter sur les anglois, il leur est aussy essentiel d’etre parfaitement unis. Les anglois ne manqueront pas de faire des tentatives pour débaucher quelques cantons de cette colonie. Le general qui est a la tête des insurgens, qui doit avoir voix préponderante dans leurs conseils, doit veiller, que tout soit d’un accord parfait, et ce n’est que par cette union parfaite qu’ils doivent esperer la liberté qu’ils cherchent depuis longtems. Il est aussy necessaire que les insurgens, ayent des Envoyés, chès les princes, qui s’interessent a la justice de leur cause, et qu’ils en obtiennent des officiers experimentés pour mettre a la tête de leurs troupes. Le roy de france est plus a portée de leur fournir ce secours d’officiers, la france à toujour eté la protectrice des rois, et des peuples oprimés. C’est donc a louis seize, ce roy bienfaisant que les insurgens doivent s’adresser. D’ailleurs que l’on se rapelle que la hollande doit sa liberté, a la protection du Roy henry le grand, que les insurgens se conduisent donc, comme la hollande, ils trouveront chés louis seize, la même volonté a les secourir, que les hollandois trouverent chès henry le grand.

Les insurgens doivent avoir pour maxine fondamentale, dans leurs operations, de ne hazarder jamais aucune affaire generale; mais de particulieres....des que les anglois auront quelque petit corps detaché, il faut en détacher un beaucoup plus fort, commendé par des bons officiers l’avantage doit necessairement etre pour les insurgens...Si les anglois se portent en force sur quelque point, les insurgens doivent aussy, se porter avec plus de forces, contre les anglois, après avoir bien réconnu leur position, et avoir fait des dispositions sages, il faut les attaquer vivement, unique moyen par l’activité, d’avoir sur ses ennemis des avantages réels; il faut avoir un corps de Ressource tant pour charger une arrieregarde, que pour soutenir les troupes attaquantes. Si les insurgens sont bien attentifs, a tous les mouvemens des anglois, ils trouveront certainement l’occasion de les bien frotter, et leur donner sur les oreilles; il faut aussy que les insurgens ayent une attention particuliere pour empecher les anglois, de penetrer dans leur colonie, pour les priver de subsistance fraiche, maxime de guerre doù l’on ne doit pas s’ecarter, il faut resserer son ennemi tant que faire ce poura.

Il est bien essentiel, pour les insurgens, d’avoir les nations sauvages pour eux, les indiens sont d’un grand secour pour les decouvertes, les françois en ont tiré grand parti en canada. C’est a peu près la conduitte, que doivent tenir les insurgens, ces reflexions sont faites a la hatte. Si le s[ieu]r duparquet etoit sur les lieux, il jugeroit plus sûrement, des points qu’il faut deffendre, ou attaquer. Il desire bien sincerement que les insurgens, ayent tout l’avantage, que merite la justice de leur cause. Il desireroit bien leur prouver le vif interet qu’il prent, a leur liberté, et voudroit pouvoir y contribuer de son zele et de sa personne.

Duparquet Lt. Cl. d’inf.rie

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