From — La Sablière de La Condamine with Benjamin Franklin’s Draft of a Reply (unpublished)
au château de calet à st. roman de beauvoir, par st. marcellin, en dauphiné le 8. mars 1784
Monsieur

J’avois envoyé la petite rapsodie cy-jointe à l’auteur du journal général de france pour l’insérer dans une de ses feuilles périodiques, ce qu’il n’a pas jugé à propos de faire, je ne sçais pour qu’elle raison, ce refus me détermine à prendre la Liberté de vous l’addresser: ce n’est pas, monsieur, que j’attache la moindre prétention ni la moindre importance à cette production éphèmere, et encore moins que je la regarde comm’un présent qui soit digne de vous être offert; non, monsieur, je suis bien éloigné de le penser. Quel est donc, me direz vous votre objet?—vous m’avez peut-être dèja deviné, monsieur, et vous avez pressenti sans doute que cet envoi, ridicule en apparence, n’étoit qu’un prétexte dont je me servois pour avoir l’occasion de pouvoir vous exprimer directement, et non sous le voile de l’anonyme les sentimens de respect, d’admiration et de vénération dont je suis pénétré, monsieur, pour vôtre personne, vos talens et vos vertus.

J’entends beaucoup parler, monsieur, dans ma retraite (c’est-a-dire aux journaux et aux gazettes) et parler diversement de comus, de mesmer etc. Le premier paroît avoir l’approbation de la faculté de médecine et opère sans mystère sous ses yeux, ou, ce qui revient au même, sous ceux de ses députés, tandis que le second, quoique médecin, paroit avoir la faculté et tous les médecins de la capitale contre lui. Je ne suis ni absolument incrédule, ni enthousiaste,…mais je doute et je dis comme montaigne—que sçais-je?

Vous m’obligeriez infiniment, monsieur, si vous vouliez m’éclairer, et prendre la peine de me dire vôtre avis sur ces objets importans…si j’étois assûré que ces agens si puissans, quoiqu’invisibles, (du moins quant au magnétisme animal) fussent aussi merveilleux et aussi efficaces que le disent leurs auteurs et leurs prôneurs, et qu’ils pûssent me fournir un moyen de plus de guérir ou de soulager dans leurs meaux les pauvres habitants de la campagne au service desquels je me suis dévoué depuis au moins quinze ans; je vous avouë, monsieur, que je serois tenté de faire encore une fois le voyage de paris, (que je n’ai pas revû depuis plus de 36 ans) pour être témoin oculaire de ces merveilles, et tâcher, s’il étoit possible, de me faire initier dans ces sombres mystères, ou du moins de dérober, nouveau prométhée, une étincelle de ce feu sacré, mais plus encore, monsieur, pour jouir du bonheur de vous voir et de vous présenter en personne l’hommage des sentimens respectueux avec lesquels je suis Monsieur Vôtre très humble et très obeissant serviteur

la sabliere de la condamine

Passy, March 19, 1784.
Sir,
I receiv’d the very obliging Letter you did me honour of writing to me the 8th Inst. with the Epigram &c. for which please to accept my Thanks. You desire my Sentiments concerning the Cures perform’d by Comus & Mesmer. I think in general, Maladies caus’d by Obstructions may be treated by Electricity with Advantage. As to the Animal Magnetism, so much talk’d of, I am totally unacquainted with it, and must doubt its Existence till I can see or feel some Effect of it. None of the Cures said to be performed by it, have fallen under my Observation, and there being so many Disorders which cure themselves, and such a Disposition in Mankind to deceive themselves and one another on these Occasions; and the living long having given me frequent Opportunities of seeing certain Remedies cry’d up as curing every thing, and yet soon after totally laid aside as useless, I cannot but fear that the Expectations of great Advantage from this new Method of treating Diseases, will prove a Delusion. That Delusion may how ever in some cases be of use while it lasts. There are in every great rich City, a Number of Persons who are never in health, because they are fond of Medicines and always taking them, whereby, they derange the natural Functions, and hurt their Constitutions. If these People can be persuaded to forbear their Drugs in Expectation of being cured by only the Physician’s Finger or an Iron Rod pointing at them, they may possibly find good Effects tho’ they mistake the Cause. I have the honour to be, Sir, &c
To M. de la Condamine
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