Pleinement instruit de la part que vous prenés aux Interets des Bostonniens, je prends la Liberté de vous Ecrire, pour vous faire part de quelques talents que Je possède, quils seroient d’un grand avantage pour cette immense collonie.

Primo. Jay entendu dire qu’on recolte beaucoup du tabac dans ce païs la, dont Je pense que les tiges et les cottes sont perduës, ou qu’on les laisse perdre, n’en connoissant point la valeur...or Je s’ay tirer un bon parti de ces objets, soit pour le faire valoir dans le païs, soit enfin pour le faire venir en france, ou il se vendroit 5 à 6 sols la Livre, et ou il s’en feroit un debit considerable.

2do. Je s’ay composer un savon blanc Liquide, qui à la vertu d’enlever les taches, et de blanchir superieurement le linge lequel savon ne me revient que 3 sols la Livre, et Je le vends 9 à 10 sols. Je pense que cet article seroit d’un grand avantage à Boston.

3o. Je compose encore une liqueur pour faire les lessives, et pour abréger de moitié le Blanchissage du fil et des toiles, ce qui produit une grande Econnomie.

4o. Je compose aussi des chandelles, ou Bougies Econnomiques, qui imitent beaucoup la Bougie lesquelles durent 10 à 11 heures celle de 6 à la livre, et ayant plutot l’odeur de la Bougie que du suif. Leurs qualités éssentielles sont de durer long temps, et de ne point fatiguer la vuë, et elles sont de toute beauté. Elles ne reviennent que 2 à 3 sols par livre plus cheres que les autres.

Je présume que tout cela seroit très avantageux dans ce païs la. S’il y à quelque chose qui puisse vous faire plaisir, je vous offre de bon coeur mes services, et moyennant une somme honnette, et proportionnée à la valeur desdits objets, Je me transporterai à paris, pour faire les Experiences devant vous, et en même temps vous en donner les Receptes, que vous pourriés faire passer à Boston et autres lieux que vous aviserés.

Je serai charmé que cela vous soit agréable, et en même temps profitable dans cette partie du monde, que je connois de reputation pour des bonnes et honnettes gens, et amis de la france. Si cela vous fait plaisir, d’aignés m’honnorer au plutot d’une reponce, attendu que ne serai pas long temps dans ce païs cy.

En attendant, Jay l’honneur d’etre très parfaitement Monsieur Votre très humble, et très obeissant serviteur