Le Sieur Jacques Le Maire a d’abord eté Gendarme de la Garde en mil sept cent soixante six Réformé de ce corps le quinzième Décembre Mil sept cent soixante et quinze—
Embarqué à Brest en qualité d’officier Volontaire dans le Régiment D’agenois pour aller au Cap français en 1776.
Parti la de la meme année au service des etats unis de l’Amerique avec l’agrément de la Cour. Et capitaine de Dragons à la suite en juillet 1779.
Envoïé par le Congrés des Etats de Virginie en france en 1777 pour faire des aprovisionnemens de Guerre de tous genres sour L’agrément de Monsieur le Prince de Montbarey, il s’est acquitté de cette Commission avec honneur et distinction, et à la grande satisfaction des Etats Unis.
Il s’est Embarqué sur la fin de la même année pour retourner en Amérique rendre Compte de sa mission.
Contens de ses opérations, les Etats de Virginie pour lui en marquer leur satisfaction, lui donnérent deux mille arpens de Terre; mais il n’en n’a Jamais eu la Joüissance.
Il a fait toutes les campagnes avec le Grade de lieutenant Colonel, Commandant de Dragons et est resté Jusqu’à la fin du siége D’york.
Il a eté chargé pendant cette Guerre de plusieures Commissions très importantes, et notamment de diriger plusieurs fortifications dans la Province de la nouvelle angleterre, et les constructions d’affuts de Côtes, ce qu’il a exécuté avec tant de succès, qu’il a mérité par la, les applaudissements des Etats unis et de ses supérieurs, comme on peut le voir dans les papiers publics, dont il joint ici une Copie, et le grade de Colonel d’Artillerie.
Aïant voulu repasser en France en 1782, ses malles et tous ses Effets et papiers ont eté embarqués au Port de Boston sur le Vaisseau le César, Capitaine Perse, pris par le Vaisseau L’ulisse; ce qui a causé une perte de plus de 50.000 lt.
Lui-même a eté pris sur un autre Vaisseau le 2 mars même année, par un Corsaire de L’isle de la providence, et conduit à la Jamaïque où l’on a achevé de le dépoüiller.
Aïant été echangé, il est passé sur un Parlementaire au port au prince. Ce Malheur Joint à celui qu’il eut d’ere pris blessé dangereusement et dépoüillé par les sauvages à l’attaque de Penoscotte, trainé dans les Prisons de Québec et transféré à celles D’allifax dont il s’est sauvé, a totalement opéré sa ruine, de maniére qu’il ne lui reste pour fruit de tant de travaux que la plus profonde misére.
Il supplie très instamment Monseigneur, de lui accorder un Brévet de Prevôt particulier à la suite des Maréchaussées de saint Domingue pour etre emploïé à la premiére vacante, ou de lui donner des Lettres pour Messieurs les administrateurs qui lui assûrent d’Etre emploïé le plûtôt possible.
De considérer qu’il a servi pendant 28 ans, dans lesquels il a fait deux guerres.
Qu’il s’est acquis de l’honneur et des grades, qu’il a même obtenu des terres à Titre de recompense dont il n’a pu Joüir.
Il joint à son mémoire les Copies Collationnées de ses brevets, les originaux lui aïant été enlevés par les anglais lors de la prise du Vaisseau le César, qui portoit ses malles.
Celles des Papiers publics de Boston du 18. may, qui rendent Justice à sa Conduite.
Sa position est des plus affligeantes: il n’a d’autres perspectives que Celles de mourir de faim, aïant consommé toute sa fortune au service, et perdu le peu qui lui restait. Il est sans ressource et sans azile, et n’a d’Espérance que dans les bontés de Monseigneur