From Jean-Baptiste Voisin (unpublished)
Brignole en Provence le 20 Xbre 1778.
Monsieur,

Quoi que je n’aye pas lhonneur de vous être Connu, Je me reproche d’avoir différé jusqu’a ce jour, d’avoir celui de vous écrire, pour vous presenter mes très humbles respects, et vous offrir mes services, en qualité de militaire, pour servir dans les troupes de L’Amérique.

Frappé jusqu’au fond de mon âme de l’inhumanité et de la cruauté que vos Ennemis ont éxercé sur les Cytoyens de L’amerique, et solicité par l’amitié intime que J’ai conçue depuis longtems pour des peuples avec lesquels mon Roi a fait la plus solide alliance; Je désire de me joindre avec eux, pour participer à la gloire de Chasser pour Jamais de leur Continent, des monstres odieux indignes d’y habiter, et pour cet effet, Je viens vous prier, Monsieur, de vouloir agréer mes services, et me faire la grace de m’accorder un Brevet d’officier aux grenadiers. J’ai du service et de bons congés et J’ai acquis quelqu’expérience dans les differentes Batailles, siéges et Combâts où je me suis trouvé tant par terre que par mer; d’ailleurs J’ai quelques légéres connaissances de la fortification que j’ai acquises sous feu M. DuPortal Lieutenant Général, où J’ai servis en qualité de son premier secretaire et dessinateur pendant qu’il etait au Cap françois. C’est là, encore où M. le Comte d’Estaing m’a honnoré de sa confiance et où J’ai eû l’honneur d’être Connu du Prince de Montbazon qui me fait la grace de m’accorder sa protection.

Je suis né en franche Comté; le hazard (depuis la mort de M. DuPortal) m’a conduit en Provence, où j’enseigne l’arithmétique et le plan pour gagner ma vie. Si après vous être fait rendre Compte de ma Conduite, qui est J’ose le dire irréprochable, vous me jugés capable de quelque chose, je vous prierai, Monsieur, de me faire L’honneur de m’écrire, Je me porterai dans le même moment dans le port que vous m’indiquerez pour m’enbarquer; et si vous m’accordez la grace que j’ai l’honneur de vous demander, Je m’offre de mener avec moi quatre hommes de mes parens, Jeunes et braves, qui ont le même désir que moi, et ce a mes frais jusqu’a notre embarquement.

J’attens vos ordres, et suis avec un très profond respect, Monsieur, Votre très humble et très obeissant serviteur

Jean B[aptis]te Voisin
arithméticien
Addressed: A Monsieur / Monsieur Le Docteur franklin / Envoyé d’Amérique etc. / A Paris
Endorsed: Jean B[aptis]te Voisin Brignole en Provence Le 20 Xbre 1778.
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