Vous sçavés avec quelle ardeur j’ai desiré de secourir de ma personne messieurs vos compatriotes opprimés, et que quoiqu’ancien Lieutenant colonel au service de françe muni d’un bon de brigadier, j’ai voulu passer en amerique pour y faire le modeste metier de volontaire à coté de votre general pourvu que vous m’assurassiés qu’il me feroit fournir les rations necessaires pour subsister; vous ne pûtes pas Monsieur le docteur me donner cette assurançe et vous me fites l’honneur de me dire que vous me donnies cordialement et en ami le conseil de n’y passer pas.

Cependant, Monsieur le docteur, toujours devoré de la soif de contribuer de quelques efforts au grand ouvrage de La Liberté americaine, je reviens à la charge pour vous proposer un corps de trois cent soldats très aguerris que je conduirais moi même à votre amiral pour estre employés sur votre escadre de maniere que ces soldats pussent non seulement estre appliqués à la garde et défense des vaisseaux mais encore aux expeditions, descentes etc. qui seroient confiées à l’escadre; et j’ose assurer, garantir que je ferai avec ces trois cent soldats ce que l’on pourrait entreprendre avec quatre cent hommes d’une espeçe ordinaire.

Je vous conjure, Monsieur le docteur, au nom de mon zele pour MM. vos compatriotes d’une part et de mon amour pour la gloire de l’autre de me mettre à portée ou par la voye que je propose ici, ou telle autre que vous imaginerés, de remplir ces deux objets egalement precieux, egalement chers à mon coeur.

Je suis avec la profonde Veneration que l’on doit à vos Vertus et à votre genie, Monsieur le docteur, Votre très humble et très obeissant serviteur et admirateur