Rien de nouveau depuis votre Depart. La Santé de M. Votre Pere est aussi bonne que lorsque vous étes parti; et M. Le Veillard est beaucoup mieux; Madame Le Veillard que J’ai vue ce matin espere qu’il sera bientôt retabli; elle a été bien sensible à votre Attention, et vous fait mille Compliments.

J’ai parlé à M. de Chaumont au sujet du Parquet de votre Appartement, il est venu le voir lui même, et m’a dit qu’il le feroit visiter incessament, et que dans le Cas où il seroit pourri, il le feroit enlever, et mettroit à la place des Pierres comme celles du Vestibule devant le Bureau. Je lui ai représenté que cela seroit bien froid en Hyver, et que vous n’approuveriez peut être pas ce Changement; mais il a paru persister en disant que vous en seriez quitte pour mettre un Tapis. Comme il y a dejà quelques Jours, et qu’il n’a encore rien commencé, vous aurez peutêtre encore le temps de me faire connoitre vos Intentions à cet égard.

Le Cocher étant revenu trop tard le Jour que vous étes parti, Je n’ai pu le renvoyer que le lendemain matin, et Durandy n’est point encore venu chercher son argent, s’il tarde encore, J’irai chez lui pour lui dire de vous tenir prêts deux bons Chevaux pour votre retour.

Messieurs Alexandre et Bache sont allés visiter Tommi [?] avant hier, il leur a paru fort bien soigné. Les Médecines ont bien fait et ses contusions sont entierement gueries, mais le Poil n’est pas encore revenu. J’irai au 1er Jour m’en assurer par moi même.

Je n’ai rien vu de bien intéressant dans le Journal de Paris ces Jours derniers. Il y a eu quelques mauvais Vers contre Mesmer, ainsi qu’une Lettre de la Société R. de Médecine. Le Rapport des Commissaires occupe tout Paris, on le trouve bien fait. Les Bons Esprits sont maintenant convaincus de la non-Existence du Magnétisme animal, et le Mesmérisme est sur son Déclin. Malgré cela J’ai entendu dire que Mesmer n’en paroit point affecté, qu’il repondra, et se propose de faire des Experiences sur des Chevaux afin de prouver que ce n’est point à l’Imagination seule qu’on doit attribuer les Effets reconnus par le[s] Commissaires. Il se flatte peutêtre qu’une Illusion si chere à tant de Gens pendant plusieurs années ne peut être abandonnée tout à coup, et qu’il peut encore faire une Retraite honorable favorisée par le Grand Nombre de ses Partisans. Quoi qu’il en soit la Lettre qu’il a écrite à Mr. Votre Pere pour empecher les Commissaires d’examiner M. Deslon, est imprimée et rendue publique avec un avertissement que Je n’ai pas vu. Voila tout ce que Je sçais; et comme J’imagine bien que le Sort du Magnétisme animal ne vous intéresse pas beaucoup, Je ne me serois pas permis de vous entretenir si au long sur cet objet, si vous ne m’aviez ordonné en partant de vous apprendre toutes les Nouvelles courantes.

J’ai l’honneur d’être, avec un sincere et respectueux Attachement, Monsieur, Votre très humble et très obeissant Serviteur