L’accueil flatteur, dont Mr. d’Ingenhousz, les gens de Lettres en général et, j’ose le dire, le Corps diplomatique d’ici, ont honoré la Piece cy-jointe, m’enhardit Monsieur, d’en présenter à Votre Excellence quelques exemplaires en Vous suppliant de les agréer comme un hommage de ma part et de vouloir bien en distribuer aux heros et hommes d’état chez Vous, qui prendront quelqu’interêt au Sujet et à une production dans ce genre. Ne Soyez pas Surpris Monsieur de voir paroître au milieu de Vienne un Monument du Roi Frederic. Les grands hommes, independamment des rapports politiques, en ont partout. Je m’en rapporte à vous-même Monsieur étonné de ne voir au bout de trois mois après la mort du Roi, rien arriver de Berlin, qui parut assez digne de lui, j’ai essayé de concentrer dans ce tableau Sa vie, Son Caractere, Ses actions memorables, l’histoire et l’ésprit de Son regne, la marche et la profondeur de Sa politique, de depeindre ce Prince unique d’après la verité sans adulation, sans le déifier. Si jai préferé aux langues vivantes celle des romains, et le vieux Stile lapidaire, c’étoit pour être plus court, plus nerveux. Votre Excellence en Sera à tous égards le juge le plus competent, le plus impartial du merite de l’ouvrage. Quel qu’en soit Votre avis je Vous Supplie de me le faire Tenir Sans réserve par la Voye de Vos Correspondants en Europe; il me Sera cher et précieux.

Je prie Dieu, qu’il Vous conserve à la gloire de Votre patrie, à la Consolation de toutes les gens de bien, une longue Suite d’années, et qu’il Vous comble de bénédictions réservées aux plus dignes mortels. Agréez ces Voeux Monsieur, aussi vrais et sinceres, que le Seront toûjours les sentimens pleins de respect et de vénération, avec lesquels j’ai l’honneur d’être De Votre Excellence Le très humble et très obéissant Serviteur