From Louis-Guillaume Le Veillard (unpublished)
Passy 15 8bre 1786
Mon cher amy,

Depuis Vostre lettre du 6 mars je n’en ai pas reçu une de vous. Si j’étois couché a vostre porte mourant de faim et de soif, ne me donneriez vous pas de quoy satisfaire l’un et l’autre? J’ay un besoin aussi pressant de recevoir de vos nouvelles, de vous, de vostre main que de boire et de manger, je ne suis d’ailleurs ny gourmand, ny yvrogne; je serois content d’avoir un mot de vous qui m’assurat que vous estes a peu près heureux comme on peut l’être, que vous vous souvenez de moy, que vous m’aimez toujours, pourquoy pas un mot depuis le 6 mars?

Je vous remercie du sufrage que vous avez bien voulu m’accorder pour mon admission a vostre réspéctable société philosophique, elle ne peut s’estre determinée que sur vostre témoignage et vostre indulgence aura dissimulé mon peu de valeur, voulez vous bien vous charger de mes remerciements, assurer de mon respect cette savante compagnie et luy promettre pour moy que je tâcherai de suppléer par mon zèle au mérite qu’éxige l’honneur qu’elle m’a fait, je me ferai toujours un plaisir et un devoir d’estre son corréspondant, elle pourra m’écrire en anglais pourvu qu’elle me permette de repondre en francais.

Ma femme a aussi le coeur bien gros de vostre long silence, elle dit qu’il y a une éspéce de piraterie a se faire aimer autant et si constament par des gens qu’on oublie si vite. Mon fils vient de perdre M. Alex. Nairac avéc qui il etoit a Bordeaux cette mort rend son sort tres facheux et nous afflige beaucoup.

Adieu mon tres cher et tres réspéctable amy, nous vous embrassons pourtant et nous vous aimerons toujours

Le Veillard

Tous nos amis, surtout la maison de la Rochefoucauld, s’occupent et s’entretiennent sans cesse de vous.
Addressed: A Monsieur Monsieur franklin Président du conseil éxécutif de Pensylvanie / A Philadelphie
643345 = 044-u359.html