From Antoine de Donjeux (unpublished)
Monseigneur,

Henhardy par les sentiments patriotiques qui vous caractérisent aux yeux de l’univers, Antoine de Donjeux Ecuÿer, depuis dix huit ans sous les drapeaux du regiment de bourbon infanterie, actuellement premier capitaine en second dans le dit regiment, fils de feu Etienne de Donjeux, conseiller honnoraire au parlement de Metz, prénd la liberté d’exposer a votre Grandeur, que privé de toutes Ressources patrimoniales dans un tems ou ses affaires personnelles les lui rendoient absolument necessaires, il auroit murement reflechy, que le seul aventage qui lui restoit et son unique ressource, etoit d’obtenir de votre Grandeur, une charge militaire analogue a son ancienneté de service et le grade quil occuppe, ou le plus petit commendement dans la partie de l’amerique qui vous est soumise. Il se seroit dautant plus volontiers determiné a solliciter près de votre bienfaisance cette grace, quil a pour ami particulier un homme d’un âge mur et tres versé dans l’art de l’agriculture quil exerceroit. Sil vous etoit possible, Monseigneur, de lier a cette charge une certaine quantité de terrein a proximité du lieu ou il vous plairoit me fixer. Ses fonds que le suppliant se proposeroit de porter avec lui seroient de neuf a dix mille livres tant en marchandises que monnoyés lesques seroient destinés a la main d’oeuvre des cultivateurs et en attendant le fruit de nos soins, nous existerions au moyén des émoluments attachés a lemploy ou la charge, quil vous plairoit d’honnorer le suppliant. Habitué dans la bonne et oeconomique conduite, il lui sera façile de se soumettre a tout ce qui y aura rapport. Enfin, s’il vous plaisoit, Monseigneur, ajouter a ces bienfaits le passage a moins de fraix possible a trois personnes unies par les memes interets ainsi que aux effets embalés et un domestique des plus intelligent, vous assureriés le bonheur de trois etres veritablement dignes de votre interet et lesquelles appuyées de la protection de votre Grandeur, ne pourroient que mériter du ciel de réels aventages.

Convaincu que tous ces objets ne peuvent etre remplis que sous les auspices de votre Grandeur, le suppliant a pris la liberté de les soumettre a l’etendüe de votre pouvoir reclame votre indulgence et vos bontés et faisant les voeux les plus sinçers pour la conservation de vos jours, Monseigneur.

Addressed: A Monseigneur / Monseigneur de francklin, embassad[eu]r / des provinces unies, a la cour de France
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