Blanchette Caillot to William Temple Franklin (unpublished)
St G…ce 5[-11] may 1786 No 10

La datte de cette lettre vous dit mon bon ami que je suis encore à la ville ma pauvre petite a toujours les fievres elles paroissoient tout à fait passées mais depuis quelques jours elles sont revenues ce qui fait que je ne sais plus quand je partirai pour ma campagne. Je suis absolument seule pour soigner cette pauvre petite, la bonne est dans le même ètat que l’enfant à peine si elle peut venire chez moi une demi heur dans la journée, encore de deux jour l’un, elle obligée de remonter chez elle presqu’aussitot qu’elle en est déscendue, elle a jour et nuit une femme aupres d’elle comme je suis obligée d’etre aupres de C …vous voyez mon ami que depuis la perte de mon aimable enfant, ma situation a été bien peinible et bien triste cependant ma santé n’a point souffert, et en verité je puis dire que je n’ai pas le tems d’etre malade, vous imaginez surment que rien ne manque à la chere petite, qui ne veut que moi aupres d’elle, ce qui m’est le plus peinible c’est de l’amuser, faire l’enfant et rire quand on a le coeur navré et ce qui me tourmente le plus, d’ailleur on m’assure que je dois ètre fort tranquile et sans inquietudes que ces fievres passées la petite et la bonne ne s’en porteront que mieux. Cette douce ésperance me soutient un peu, je sais qu’on peut avoir les fievres et se bien porter apres et même retrouver de l’embonpoint une personne bien chere à mon coeur eut autrefois les fievres, helas! et je ne pus pas la soigner! Bon dieu! quelle différence elle auroit trouvé! qu’elle…mais à quoi bon penser à ce tems? Parlons de vous. Donnez moi des détaille sur votre campagne de la maniere dont vous y vivez vous me dites que vous allez y passer la belle saison est-ce que vous y etes seul? Seul oh mon bon ami le souvenir de paris et de ses plaisir ne vous rendront ils pas cette solitude insuportable pour moi je vous dirai que cette seule solitude où je me trouve ce n’est pas paris que je regrete et dieu sait si j’etois libre si c’est lui que j’irois chercher. Au surplus depuis la mort de mon aimable enfant j’en fais mon bonheur de la solitude, il n’y a que moi qui cause et qui parle de lui à mon gout, je ne puis vous dire à quel point les consolateurs sont insuportables, d’abord il en est qui prétendent que c’est un bonheur pour moi de ce que je ne l’ai pas perdu plus âgé, il en est d’autres qui me conseillent finement de recommencer et…oh mon ami c’est un grand fléau que les sots quand on ne peut [illegible] encore si je pouvois recevoir souvent de vos lettres combien de chôses elle me feroient suporter avec patience mais elles arrivent si lentement, si vous pouviez venir seulment à londre!

Je suis charmée de ce que vous vous portez bien. Je vous félicite de votre embonpoint, tachez de conserver cette brillante santé, vous savez le bonheur de qui est attaché a votre conservation. Je n’ai pas gardé votre secret j’ai dit que vous etiez fâché de ne pas maigrire et pour vous répondre avec vérité je crois que vos regrets sont partagés, non pour elle comme tres bien vous savez mais pour vous dont on voudroit toujours faire le bonheur, vous êtes aimé mon aimable ami et jamais vous ne saurez à quel point.

Je vous ai parlé dans ma derniere lettre de la maladie de mon pere. Il faut que je vous dise qu’il est mieux, le sort envoy de petite consolation aux malheureux pour les laisser réspirer et souvent ce n’est que pour les tourmenter apres avec plus d’acharnement, peut-etre ce mieux ne fait il que retarder de quelque tems l’evenement que je crains et par la auguementer ma douleur. Je vois d’ici mon ami me gronder et me dire que je vois toujours noir oh! mon cher quelles raison ai je pour voir autrement?

La famille B…est dans le Chagrin. Le dernier enfant de Md pa ... est mort la mere regrète son enfant et est dans la douleur le pere regrete l’heretier de son nom et n’est qu’en colere. Personne ne peut ni n’ose l’approcher il est tout étonné de ce que la mort n’a pas respecte son illustre sang. Oh! le cruel n’en a pas respecte de bien plus précieux. Je ne veux pas parler davantage de ce personnage, je ne veux pas etre méchante et vous savez que je le deviens quand je n’aime pas les gens. Ainsi adieu bon ami ou plutot bon soir car il est nuit avancée, il a fallu attendre le someille de la petite pour griffoner, elle s’ennuy si tot que je prends un livre ou une plume. Comme le docteur m’a recommander de la baucoup dissiper, vous jugez si je suis exacte, la chere petite repose doucement pres de moi pendant que je vous écris son lit ètant dans ma chambre de puis qu’elle est malade je ne la quitte plus du tout

Adieu mon ami pardonnez moi si je ne vous parle que de mes peines que voulez vous? Je ne sais plus ce que c’est que le plaisir, ah! il est parti! il est bien loin! Peut-etre il ne reviendra plus! Adieu pensez à moi et toujours afin d’ [illegible] ce que vous me devez dans ce genre.

Donnez moi des nouvelles de votre papa dans toutes vos lettres vous savez si je l’aime, dites moi s’il se souvient de moi, ce seroit bien ingrat à lui tout parfait qu’il est je vous diroi mon ami que plus je vois des hommes plus je suis persuadée qu’il en est le plus parfait, sans en éxcépter son petit fils, si j’etois tenté de l’éxépter! Mon suffrage seroit inutile puisqu’il n’y voit goute.

Adieu encore une fois j’ai bien someille. Le mois prochain j’espere vous ecrire une plus longue lettre. Surment j’aurai plus de tems, mais dites moi donc mon ami est ce que je ne vous ennuy pas? C’est que je reprendrai le petit papier.

J’ai à vous remettre 531 livres donnez m’en le moyen je crois que le plus sure, ceroit de me donner une commission de quelque chôses que vous auriez besoin dans ce pays et que je vous feroit parvenire par le voisin. La dessus j’attends votre volonté

du 11 may

Il seroit long et inutile de vous dire pourquoi je n’ai pas envoyer cette lettre le jour qu’elle a été ecrite seulment je puis vous dire que mes malades vont de mieux en mieux que je me porte bien que je…oh mon dieu vous le savez aussi bien que moi.

La personne Made. Rigot Coutouriere à qui vous adressez les lettres à changé de logement. Elle demeure rue du vieux abreuvoir, maîson de Mlles Bernier, à St G.

Adieu adieu. Il faut finir

  [On a separate sheet, in WTF’s hand, appears the following:] à Madame / Madame Rigot, Coutouriere, / Rue Poteau [??] jesné [??] maison / de M. C. Morne [??] / à St. Germains, en / Laye.
Addressed: A Monsieur / Monsieur Franklin le petit / fils / A philadelphia
643087 = 044-u100.html