From Louis-Charles Lecomte de La Crespiniere (unpublished)
à gacé poste du noyer ce 23 janvier 1778
Monsieur,

Je ne peut proffitter d’une occasion plus avantageuse que celle du nouvel an pour vous y reïterer les sentimens les plus sinceres. Si suivant toute apparance j’ai le malheur d’estre oublié de vous, au moins mon nom ne doit-il pas l’estre par les differentes lettres que j’ai eu l’honneur de vous adresser. Daignés, je vous prie, Monsieur, vous ressouvenir des promesses que vous me laissates emporter dans ma province le dernier jour que j’eus l’honneur de vous rendre visitte à paci. Le zêle que j’ai vous ai toujours temoigné de passer à Boston, vous suffit, me dîtes vous, pour vous interesser à moi. Mon emulation redoubla aux heureuses esperances que j’ai gouté des ce moment, mais mon eloignement semble avoir tout dissipé. Mon nom, mon ecriture que j’ai laissai ce jour dans vos archives me donna lieu de penser favorablement, et d’apres un long entretien, je vous quittai, repartis pour ma campagne, et depuis notre separation je ne reçois aucune nouvelle. J’eprouve qu’il est douloureux de se voir comme moi à l’âge de vingt cinq ans croupir dans l’innaction et ensevelir des dispositions militaires et de bonne volonté. La fainéantise est un vice qui conduit à bien d’autres, et pour s’en garantir il ne s’agit que de cultiver ses talens naturels. Les miens sont guerriers et le seront toujours.

Un de mes camarades reformé comme moi desirerait egalement passer à Boston. Rempli du zêle le plus martial il s’unit à mon sentiment, et nous partirions ensemble ce sont nos projets. Donnés nous, Monsieur, des eclaircissemens sur les propositions que nous vous faisons egalement et croïés que notre reconnaissance sera eternelle.

Si ma plume pouvait m’estre de quelque utilité comme vous me le fîtes observer je vous aurais obligation de me procurer quelque place, relatif à cet objet, et mon souvenir egalera les sentimens respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’estre, Monsieur, Votre tres humble et tres obeissant serviteur

Le Comte de la Crespiniere
fils L[ieutenan]t de grenadiers
Roïaux
Donnés moi je vous prie des moïens pour m’embarquer, et si je suis pourvu d’un Emploi de votre part j’entreprendrai plutost la routte à mes frais et tout la voïage en général jusquau lieu de ma destination. Il est fort inutile de vous repeter ici par seconde observation que ma naissance est connuë et que je ne rejoindrais pas sans certificats bien et duement en forme.
Endorsed: Le Comte de la Crespiniere Offr
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