Suplie très humblement George Leopold Besson, domicilié à Montbeillard, et dit,
Que me trouvant le plus cruellement maltraité du sort, poursuivi et humilié par la misère, et par uns suite de la déplorable maladie, qui me travaille depuis passé huit ans, je me vois réduit à la derniere nécessité; et dans l’intention d’alléger mes maux, j’ai osé faire parvenir, il y à quelques semaines, ma très humble requête, (dans laquelle étoit incluse une lettre de M. Le Grand Trésorier de Berne) à Votre Excellence pour qu’il Vous plût, Monseigneur de m’accorder quelqu’assistance dans l’etat malheureux ou je me rencontre.
Mais jusqu’à present cette requête n’ayant point produit les effets que j’osois m’en promettre; et une personne [de] Mérite, et qui est en même tems fort bien dans L’Esprit du Roy, m’ayant conseillé comme un moyen sur et efficace d’adoucir ma situation, de m’adresser à Votre Excellence pour me recommander à ses bontés, etant persuadé que son humanité La portera à étendre ses bienfaits jusques sur moi, c’est ce qui fait que j’ose recourir très humblement
A ce qu’il Vous plaise, Monseigneur, de vouloir bien m’accorder Votre Protection, dans cette esperance, j’ose assurer très respectueusement Votre Excellence que je prie Dieu bien sincèrement et sans distraction pour Sa parfaite prospérité et Sa trés précieuse conservation; je ne cesse aussi d’adresser au Ciel de ferventes prieres, pour que ce Dieu Tout puissant accorde un heureux succés aux Armes des Etats-Unis de L’Amérique, que la Nouvelle Constellation s’eleve jusqu’a son Zénith, et une Paix sure et honorable.
Ciel, azile de L’Eternel repos exaucés nos voeux, et faites nous trouver dans une Paix solide et universelle, les premices [de] cette serenité inaltérable que Votre séjour prépare aux Ames justes et Pacifiques. O douce Paix! bien le plus précieux des mortels, revenez embellir la Terre, et repandre dans les Ames qui vous chérissent ce Calme sans lequel il n’est point de vrai bonheur.
L’intêret que Vous prenez à ce grand ouvrage, ne manquera pas de l’accélerer; qu’il est beau, Monseigneur, de Vous voir empressé à consoler, à soutenir, à venger les victimes de l’oppression, et que je m’applaudis de déposer en ce moment aux pied du plus beau Génie de notre siecle, l’hommage que Lui doivent et ses Compatriotes qu’il honore, et ses Contemporains qu’il éclaire, et tous les hommes en Général, du bonheur desquels il n’à cessé de s’occuper.
Oserois-je, Monseigneur, exposer très respectueusement, à Votre Excellence, que je suis dans une telle disette des choses les plus nécessaires à la vie, qu’à peine pourrai-je m’empêcher de périr; Mais, lorsque je me trouve dans cette extrémité, et dans cette grande détresse, et que je suis pres de périf, et que mes maux ne sauroient etre portés plus loin que ceux que j’endure; j’ose croire que chaque homme, qui se trouve dans un tel état, osera chercher à se conserver, par toutes les voies qu’on lui enseigne, que la prudence lui sugére et que l’humanité peut tolerer. Je vous suplie de me pardonner l’importunité de cette Lettre, se sera grace,