From “L’ami de la liberté” (unpublished)
Bruxelles le 3 aoust 1779
Monsieur,

Un etre qui depuis longtemps est un tres zelé partisant des colonies unies de l’amerique tant par le raport simpatique que son caractere peut avoir avec la facon de penser la plus ordinaire de chez vous, que par linterest quil prend à leurs prosperité en general sans y connoitre personne particulierement; voudroit s’etablir chez vous et de preference en pensilvanie, climat doux et plus relatif que les auttres a son climat natal; et meme s’il y trouve des avantages assez considerables il se fait fort d’ÿ faire passer une quantité de liegois, le pais de liege est une petite republique qui fourmille en peuple et artisants de toute espece mais il voudroit savoir avant de se nommer quel avantage les colonies unies seroient dans le cas de faire tant pour luy que pour chaque colon quil pouroit fournir; de quelle facon ils pouroient ÿ etre transportés coment ils seroient nourris et abreuvés en routte, la quantité de terre que chaque etre agicolle, homme femme, ou enfant, poura esperer luÿ apartenir en propre deja defrichée ou a defricher, et pour quel nombre d’années exemptes des tailles, quel avantage on fera a chaqu’un pour se batir une maison, pour se fournir tous les ustencilles et les bestiaux necessaires a un menage, et ce qu’il luy faudra a luy et les siens pour vivre en attendant la premiere recolte. De plus quel avantage pour les artisants qui n’auront point besoin de terres n’etant ~y2 point agricolles; notta que le moteur de se project sattend a etre indiqué particulierement, il est bien naturel quil soit mis a l’aise avant tout. Voila monsieur des questions que je ne puis me dispenser de vous faire pour que vous aiez la bonté de me dire tout dun coup sur quoi je puis compter pour evitter les allées et venues de la poste. Cela etant sufissamment detaille, et me pouvant convenir je ne tarderai plus a me faire connoitre. Je crois que mon changement de decoration ne vous deplaira pas d’autant plus que ce nest pas le besoin qui me fait agir uniquement, ce n’est point un coup de jeunesse non plus ni une chose sans reflection, jai un assez bel etat, j’ai quarante ans bien faits, et en voila quinse au moins que je reflechis mais j’ai du chagrin; au reste cela se verra en son temps, permettez moi monsieur de vous faire part en racourci d’une partie de mes reflections les voici. Apres avoir suivi ce qui concerne les colonies unies depuis le commencement de la guerre jusqua present tant par les papiers publiques que par les differentes relations des voiageurs, je me suis pour ainsi dire sans sortir de mon cabinet presque naturalisé ameriquain, tant tout ce que j’en vois convient a mon caractere. Je pense que bientot l’engleterre se trouvera obligee de reconnoitre l’independance des colonies unies, alors vous viverez tranquilles chaqu’un dans votre foier, vous aurez des terres et des productions plus qu’il ne vous en faudra; mais point assez d’agriculteurs et d’artisants pour les faire valoir; voila precisement ce que je vous offre monsieur comme ambassadeur des colonies unies de l’amerique septentrionalle a paris faite moi l’honneur de me donner de suitte un mot de ~y3 reponse, si la chose est de votre gout et que je doive me rendre a paris je suis a vos ordres. Je ne crains point que vous trouviez extraordinaire ni que vous vous formalisiez de la liberté que je prends de vous ecrire sans avoir l’honneur de vous etre connu je scai que vous ne vous attachez point a l’habit mais bien a l’homme. Le voici heros du Ciecle L’homme qui vous implore; tendez lüy la main c’est votre frere, qui a l’honneur d’etre, Monsieur, votre tres humble et tres obeissant serviteur

L’ami de la liberté, de la paix du coeur
et l’admirateur de vos vertus.
Adressez s’il vous plait votre reponse a monsieur le chevallier de la roche chez monsieur donnÿ rue des eperonniers a bruxelles. C’est un nom supposé a cause que si la chose ne vous gouttoit pas je ne serai point compromis.
Endorsed: L’amy de la Liberté à Bruxelles 3. Aout 1779
632754 = 030-187a001.html