Paris Le 16. Novembre 1779.
Il m’a été assûré que vous desiriés vous procurer des caracteres
pour l’Impression. C’est d’après cette annonce que je
prends la Liberté de vous offrir ce qui me reste de fontes.
Elles consistent
Ces trois fontes, Monsieur, que je suis en état de Livrer dans le
moment ne forment pas précisement Le but de la Lettre que j’ai
l’honneur de vous adresser. Je suis depuis 18. mois veuve du
Sr. De sanlecque fondeur de caracteres. Je suis par cette raison
propriétaire d’une Fonderie que j’ose vous assûrer ici être La
plus belle de l’Europe. Elle est composée de matrices prêtes à
travailler, de poinçons prêts à en frapper d’autres, et de moules
pour fondre toutes sortes de caractéres. J’ai pensé, Monsieur,
que vous ne désapprouveriés pas que je joigne ici un petit Livre
qui contient Les différentes Impressions qui vous mettront à
portée de juger du mérite de ma fonderie par la beauté des
caractéres. Comme Vous étes l’organe d’un Peuple nouveau
que vous éclairés de vos Lumieres après l’avoir arraché à la
Tirannie d’un Royaume ennemi; il ma semblé que vous pourriés
desirer d’enrichir ce même peuple d’une fonderie avec laquelle
il pourroit se passer de tous secours étrangers pour l’impression.
Elle est prête à être mise en action. Si vous jugés à
propos de donner vos ordres pour La faire éxaminer, vous serés
convaincu de La vérité, et Le rapport qui vous en sera fait vous
décidera, je pense, à en faire faire L’acquisition.
Je suis avec respect Monsieur Votre très humble et très obéissante
servante