From the Baronne de Fontallard (unpublished)
A Versailles ce 19 mars 1780
Monseigneur,

Je prends La Liberté de vous ecrire sachant que vous etes un des hommes Le plus humain, je suis La plus a pleindre des femmes—ayant perdû mon bien par des accidents si commun dans Le monde; mon epoux ne pû résister a La déchirante idée de sentir sa famille réduite a L’aumonne, il en mourut de chagrain il y a 12 ans et me Laissat veuve chargée de neuf enfans sans bien, je me suis si fort epuisée pour procurer a mes quatres fils, toutes Les sciences dont est susceptible le Corps Royal du genie, dont trois sont ingenieurs ordinaire, occuppés actuelement a construire un fort dans La presqu’isle de Brest. Le dernier n’a pû étre reçu dans Le genie a cause de sa vuë basse outre Les mathematiques il possedent parfaitement Les langues Latines et allemande, qu’il enseignent a paris a de jeunes seigneurs pour soutenir sa femme et son fils. Trois de mes filles sont mariées, il en reste deux a ma charge, moi qui n’ai rien qu’une pension de 200 l.t. payer par S.A.R. L’archiduc grand duc de Toscanne frere de la Reyne. Je me suis, Monseigneur, si fort epuisée pour Léducation de mes fils que trés souvant je suis sans Le plus necéssaire a la vie j’abitte versailles depuis 18 mois, pour solliciter Le Roy a maccorder une pension de deux mille livres qui seroit suffisante pour vivre dans la province avec mes deux filles. Monseigneur, Le Roy vous considere beaucoup, si vous daigniez m’honnorer de votre protection aupres de ce monarque, je réussirois surement, je n’ai nulle protecteur quelqu’onque.

Dans ma cruelle position jecrivis a mgr. Le comte de desteing, dans le courant de dexbre dernier je joignis à ma Lettre Les preuves de ma naissance je le suppliois de maider dans mes maux et de me donner trente louis, pour retirer mes effets qui sont engage au mont de piété a paris et qui seront vendû, aprés paque, j’adressois mal ma lettre ce fut a neuilly on mavoit assuré que ce seigneur i faisoit sa résidence au contraire c’est a passy. De grace Monseigneur, tiré moi de peine en L’angageant a me renvoyer mes titres s’il ne veut point me faire de bien—je serais trés embarassé si ces papiers etoient perdû, si vous vouliez j’aurois Lhonneur d’aller vous faire ma cour a passy dans un de vos momants de tranquilité, accordé moi du moins cette derniere grace, si vous me refusé vos généreux secours. En vous voyant j’oubliré que je suis depuis 20 ans La plus infortunée des femmes, je vous offre tout Le respect Monseigneur de votre trés humble et trés obeissante servante

de Ju[ ] Baronne de fontallard
au pavillon Lêvéque Rue d’anjou
réponce sil vous plait Monseigneur
J’embitionnerois trés fort que mon fils qui n’est point placé, fut dans Le bureau de la geographie avec Le titre d’ingenieur olographe monseigneur Le prince de Montbarey connoit mes ingenieurs, si vous vouliez lui donner un mêmoire, il placeroit ce pauvre gentilhomme, qui ne demende qu’a travailler. Si Monseigneur, veut me faire dire ou je pourois avoir l’honneur de lui parler, quand il vient a versailles, je serois tres exactes a me rendre a ses ordres.
Endorsed: Fontallard Mars 1780
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