From the Mayor, Magistrates, and Council of Bayonne (unpublished)
Bayonne le 15. fevrier 1783.
Monsieur,

Il ne faloit pas moins que la supériorité de vos lumieres, et toute l’étendue de votre prudence pour rendre à votre patrie une liberté pour laqu’elle elle étoit née. Vous avés jetté les fondemens de cette révolution, qui vous immortalisera, comme elle à fait l’admiration de toute l’Europe. Nous n’avons jamais douté, Monsieur, du succès de cette entreprise, dés l’instant ou nous avons eu connoissance du Traité d’Alliance de notre souverain avec l’Amerique septentrionale; et la chambre de commerce de la ville de Bayonne s’empressa de reclamer pour notre port la franchise que Sa Majesté se proposoit d’ériger en faveur de ses nouveaux alliés. Nous osons assurer, Monsieur, qu’il n’en est pas en france dans lequel l’Amérique septentrionale trouvat les mêmes ressources. Nous avons le double avantage d’avoir un débouché pour les d’enrées qu’elle nous portera à la faveur de notre commerce avec l’Espagne et de la communication par terre avec ce Royaume, et nous pouvons fournir en échange des vins, des eaux de vie, et les étoffes de tout genre que l’Amérique septentrionale devra prendre dans ce continent et que nous recevons nous mêmes par eau. Nous avons en outre une Province, du moins la plus grande partie, qui participant à la franchise du port, consommera une portion des denrées que nous recevrons, tandis que tout autre port n’auroit pas des ressources aussi multipliées. Ce seroit méconnoitre, Monsieur, votre sagacité que d’insister pour vous convaincre qu’une franchise sans débouché seroit illusoire, et que ce débouché est aussi avantageux à l’Amerique septentrionale, qu’a la ville de Bayonne même. Le Tabac surtout étant prohibé dans l’intérieur du Royaume, ou le fermier à la vente exclusive, il n’est pas de commercant qui en fit des achats, qui lui seroient à charge partout ailleurs que dans cette extrémité du Royaume. Nous sommes instruits, Monsieur, que le Ministère à été touché de ces diverses considérations, et qu’il a jetté ses vües sur notre port pour remplir ses engagemens envers ses Alliés et ses Amis. Nous vous présentons Mr. Galart un de nos citoyens, qui allant à Paris sera bien aise d’avoir l’honneur de vous entretenir sur cette matiére, connoissant l’intérét que vous y prenés, et l’influence que vous devés naturellement avoir dans le parti que prendra le Ministère. Nous esperons, Monsieur, que le mémoire qu’il vous remettra et ses connoissances particulières vous convaincront de la verité de ce que nous avançons.

Nous sommes avec Respect, Monsieur, Vos très humbles et très obeissants serviteurs

Les Maire, Echevins et Conseil de la Ville
de Bayonne
Lalanne (Maire)
Endorsed: Lalanne 15 Fev. 1783.
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