à Arc-en-barois, par Châteauvillain, Le 24e. Juin 1783.
Un soldat vétérant, qui ne peut plus être utile à L’Etat par ses
services; un Eleve surannè des Muses, qui ne les courtise plus que
malgré elles; Enfin un Citoïen, qui n’a plus rien d’actif que le
coeur, ose néanmoins elever aussi la voix, du fond de sa
retraitte, pour offrir à Votre Excellence le tribut de son
admiration et de son patriotisme.
Puisse, Monsieur, l’expression franche et libre de ses sentimens
vous faire voir avec indulgence la liberté qu’il prend de Vous
interrompre. Il sait qu’il faudroit, dans une circonstance si
importante, respecter Scrupuleusement vos travaux: mais son
emulation est devenue un besoin. Comme homme de lettres, il devoit
des hommages au Génie de l’Amérique; comme Militaire, il n’en
devoit pas moins à son héros.
Et à qui les adresseroit il mieux qu’a Vous, Monsieur, Vous,
qu’on recherche et qu’on révere parmi nous, comme le digne
représentant d’une Nation deja si célébre; Vous, dont les qualités
de Négociateur ont autant contribué aux triomphes de Votre Patrie,
que les exploits du Général, qui en est l’ame avec vous?
Qu’il S’estimeroit donc heureux, Monsieur, si ce discours echapé
à son amour pour la goire, pouvoit remplir agréablement un de Vos
momens de loisir! qu’il Se croiroit honorè si cette effusion de
son coeur pouvoit luy meriter votre bienveillance et l’estime de
Vos braves Compatriotes, dont tout le Militaire francois est si
jaloux!
Quoique le motif qui l’anime, Monsieur, le rassure, il pourroit
cependant se faire illusion: souvent le zèle suplée mal le talent.
Mais si le sien est indiscrèt, peut être aussi est il bien
pardonable: daignêz ne le pas juger à la rigueur. C’est dans cette
espérence qu’il vous fait sa cour, et qu’il supplie Votre
Excellence d’agréer ses très humbles excuses, avec ses tres
sinceres et tres respectueuses salutations,
S’il y avoit quelque chose dans cet ouvrage, qui pût déplaire à
Votre Excellence, je le suprimerois sur le champ.
Le Cri d’un Coeur francois,
aux Américains;
sur Le Monument de leur indépendance,
qu’ils consacrent au Roy.
Quamquam decora victoribus libertas!
Vous, nés pour l’indépendance, et qu’oprimoit le despotisme;
vous qui, pour vous en affranchir, braviéz les horreurs de la
guerre la plus atroce, Citoïens Magnanimes, intrépides
Combattants, benisséz avec nous la main généreuse et puissante
qui, secondant Votre Valeur, met un terme à vos calamités; qui
brise vos fers pour couronner vos Vertus, et Vous egaler à vos
Maîtres: Oüi, tout concourt par L’influence de Loüis, à votre
gloire comme à votre bonheur; tout justifie la sagesse de ses vües
et la fermeté de Votre courage.
Deja la superbe Albion, jalouse de votre industrie, qu’elle
vouloit s’assujettir, Substituoit parmi vous l’autorité arbitraire
à l’administration légale; chaque jour elle aggravoit sur vos
têtes le poids d’un pouvoir, qui cessoit d’etre légitime,
parcequ’il devenoit sans borne; et Vos plaintes respectueuses,
loin d’en arrêter les abus, ne faisoient au contraire que rendre
sa domination plus absolue. Envain reclamiéz-vous la protection
des loix contre cette opression de la Métropole; Envain luy
adressiéz-vous des représentations aussi justes que touchantes;
moins offensée sans doute de Votre résistence qu’allarmée de vos
forces, Elle n’ecoute que son orgüeil ambitieux; elle s’irrite de
Votre grandeur naissante, qu’elle affecte néanmoins de dedaigner,
en apesantissant sur vous son sceptre de fer.
Enfin vos plus grands privileges abolis, vos plus belles
propriétés envahies soûlevent tous les Esprits. Mais foulant aux
piés le droit des gens, Elle se decide à les contraindre par la
Violence. ô politique aveugle! ô egarement funeste! Violer ainsi
la foy-publique, la baze de toutes les conventions, dont l’honneur
est garant, n’etoit-ce pas détruire le lien sacré, qui vous
attachoit à L’Empire? Et vous persécuter ensuitte pour vous faire
agreer cette usurpation Révoltante, n’etoit ce pas vous provoquer
à repousser la force par la force; et dechirer de ses propres
mains le sein de la Patrie?
Ne pouvant dabord vous intimider par les menaces, elle croit
devoir Vous soumettre par les armes; et c’est alors qu’elle
deploÿe l’apareil terrible de ses vengeances, qu’elle Vous devoüe
à l’oprobre et à la mort. Mais bientôt Vos nouveaux bataillons,
que rassemble à la hâte l’enthousiasme de la liberté, font face
aux Légions les plus aguerries, arrêtent leurs progrès, balancent
leurs exploits: et deja, malgré l’infériorité du nombre,
l’alternative de Vos avantages soûtenoit Vos espérences; vous les
aviez punis a Saratoga de leurs dépradations et de leurs mépris.
Toutefois leur audace s’aceroit par Les obstacles: ne pouvant Vous
vaincre en bataille rangée, Elles Se divisent en partis, et Leur
couroux dégénére en ferocité. ô Ciel! que ne se permet pas une
soldatesque avide et effrenée? Moins barbares, les sauvages
qu’elle s’etoit associéz, frémissoient de ses attentats. La Nature
outragée, vos Campagnes en feu, Vos Villes saccagées Vous
remplissoient d’horreur. Cependant en vain déconcertiéz-vous
quelquefois, à force de prudence et de travaux, leurs projets
sanguinaires, Vous ne pouviéz sur tous les points attaqués,
repousser les insultes, empécher les ravages de ces Devastateurs,
qui sembloient vouloir moins conquérir que détruire: Les moïens
suffisans Vous manquoient pour réprimer Leurs fureurs et epuiser
leurs ressources toujours renaissantes.
Mais sensible à l’éxcès de Vos malheurs, Loüis croit devoir vous
deffendre Et Rochambeau Vole à votre secours. qu’il fait beau Voir
alors votre Chef, L’illustre Vashington, se surpassèr luy même, en
se combinant avec un si digne Emule! Deja le Boulevard le plus
formidable du Continent, tombe sous vos coups réunis; la morgue
britannique est encore une fois confondue à Charletowne;
Cornevallis y passe sous le joug avec toute son armée; et ce
dernier echec anéantit la Tyrannie. tout change; la Victoire
longtems incertaine, se decide; Vos droits sont reconnus, les Mers
sont libres, vos Constitutions perfectionnées, Vous assurent la
confiance publique; et Le Commerce Vous ouvre tous ses trésors.
aux devastations de la guerre succedent enfin les faveurs de la
paix, toutes ses douceurs et ses benedictions. Deja vos campagnes
désolées refleurissent, vos foyers abandonnés et détruits
redeviennent l’azile de l’abondance et du repos; et si L’orage
gronde encore, si la foudre eclatte, ce n’est plus que pour
annoncer Votre indépendance et vos fêtes, pour cèlébrer vos
triomphes et Vos plaisirs. qu’elle est belle, qu’elle est douce la
Victoire qui procure la paix et La liberté!
O Peuple, devenu Roy, que Vous meritiéz en effet ces hautes
destinees! Car quoique vaillemment secondé, y seriéz-vous parvenu
si, aux sentimens des plus grands Princes, vous ne joigniéz les
qualités des plus fameux Républicains, et les talens des plus
célébres Guerriers? Ne craignéz donc pas de m’entendre repeter un
eloge que le Globe atteste, et qui est dans toutes les bouches. Ce
cri de la Verité a percé jusques dans la retraitte, a retenti
jusqu’au fond du Coeur d’un Vieux soldat, incapable de flatter;
mais qui, n’ayant pû contribuer que par des voeux, à vos brillants
succès, se fait un devoir de les publier, en faisant eclatter sa
joÿe. Enfin desavouriéz-vous ce que le siecle affirme d’avance à
la Postérité, que Vous avèz apris à combattre, à vaincre, et
surtout à user de la victoire, à cette Nation altiere, qui se
croïoit par son excellence, autant que par L’ascendant qu’elle
avoit sur vous, la premiere des Nations? N’avèz-vous pas offert à
ceux même qui affectoient de Vous regarder comme des hordes
indisciplinées et farouches, mille exemples de la sensibilité La
plus généreuse et du plus pur héroisme?
Quels remords ne dut pas leur causer la grandeur d’ame de ce
Viellard du Congrès, qui, dans le massacre de la Ville qu’il
habitoit, avoit vû egorger sa famille et bruler sa maison; et qui,
ayant ensuitte été consulté, après une bataille gagnée, sur ce
qu’on feroit des prisonniers, repondit vivement qu’il falloit les
bien traiter. L’on peut suivre ailleurs, ajoutatil, le droit
odieux de représaille; mais chèz nous les loix de la guerre
doivent ceder après la victoire, à celles de L’humanité. Seroit ce
en nous montrant aussi cruels que les incendiaires de notre
Patrie, et les Assassins de nos familles, que nous nous ferions
chérir et respecter?
Non sans doute, homme sublime, Patricien immortel! en politique
comme en morale L’art de se faire craindre ne vaut pas celuy de se
faire aimer. Et quelle splendeur ne promet pas un tel Esprit à vos
nouveaux Etats, assemblée de sages et de héros, senat auguste,
qui, en prenant rang parmi les plus puissants souverains, savèz
deja Vous rendre chers à vos alliés, autant que, redoutable à vos
Ennemis? Jouisséz aussi de toute votre gloire; voyéz avec quelle
complaisance L’univers vous admire, avec quelle vénération Il vous
honnore!
Confus de vous avoir traités comme des Esclaves rebelles,
Lorsqu’ils devoient Vous rechercher en freres chéris, vos
Agresseurs deplorent maintenant et Leur politique et Leur
ingratitude qui, en Vous detachant d’eux sans retour, Leur ont
encore alliené tous les coeurs. Voyés comme entraînés par cette
estime impérieuse qu’inspire la vertu, ils sempressent avec tous
ceux qui en connoissent le prix, de vous témoigner la plus haute
considération. ils font plus encore; Ils vont jusqu’a aplaudir eux
mème à vos heureux efforts, jusqu’à briguer en suppliants votre
alliance et Votre amitié.
Mais honteux plûtôt de n’avoir pû Vous reduire par la terreur,
vous, qu’ils decrioient comme de Lâches combattans, n’est il pas à
présumer que toûjours indignés de leurs defaittes, ainsi que de
Votre prétendue revolte, leur ressentiment, que dissimule leur
foiblesse, ne cache sous le masque de la réconciliation, quelque
surprise? L’animosité d’un Ennemi insolent et vaincu, devient
implacable; et si sa detresse l’oblige à la deguiser, il ne
cherche du moins dans la paix qu’il demande qu’une trêve pour
reparer ses forces et renouveller ses outrages. Votre droiture
Vous empêche peut être de le soupconner; mais la ruse adroite
abuse si aisément de la bonne foy, qu’il est à craindre que,
seduits par d’insidieuses démonstrations de bienveillance, vous ne
negligiéz trop de mesurer votre défiance sur le regret que vous
devêz supposer à leur ambition d’une si grande perte; et plus
encore sur le dépit qu’eprouve sans doute leur fierté humiliée de
Vous voir secouer leur joug, et echaper à leur fureur.
Oüi, je le repete, ils ont trop d’intèrrèt de vous faire
reprendre vos chaînes, pour ne pas chercher à vous endormir dans
une fausse securité, qui seule pourroit tôt ou tard leur en
fournir le moïens. Redoutéz les pratiques secrettes, les trâmes
perfides d’un orgueil deespéré: un tel ennemi réconcilié ne peut
qu’etre un ami dangereux. Convenons toutefois que ce n’est point
en versant le fiel de la haîne dans les playes de la Patrie, que
la Paix pourroit les refermer et les guérir. Mais si pour,
premiere condition, elle exige au contraire dans ses traités, la
fin des dissentions et l’oubli des injures, elle est bien eloignèe
aussi d’empêcher de rester en pareil cas sur la réserve et la
deffensive. Que dis-je? la prudence dont vous avéz deja donné de
si belles preuves, en sauvant la Patrie des opressions du
despotisme, vien de nouveau se distinguer, en la garantissant
encore une fois des complots de l’intrigue et de la fraude: et ce
nouveau triomphe calme pour jamais à cet egard nos inquietudes.
Enfin Loüis a fixé votre sort, il a fondé votre liberté, après
laquelle vous soûpiriéz avec tant d’ardeur; et c’est aux
acclamations des deux Mondes réunis et charmés, qu’il vous offre
le faisceau de L’union républicaine, qu’on ne peut rompre qu’en le
divisant; et deja ce sceptre de la puissance, ce symbole de la
felicité, en est dans vos mains l’instrument. Mais ce n’est pas
encore asséz faire ni pour vous, ni pour luy. si sa bonté, si sa
grandeur le sollicitoit de vous delivrer de l’esclavage, son
estime pour vous exigeoit de plus qu’il vous comptât parmi ses
plus chers alliés. ainsi le vainqueur de la ligue, henry, qu’il a
pris pour modèle, aidoit au Batave subjugué, à se derober à ses
Tyrans, afin de l’avoir pour ami.
Ne vous refuséz donc pas aux empressemens des Coopérateurs de
votre indépendance; que pour prix de notre affection et de nos
services, de tant de sang versé et de dépenses prodiguèes, un
pacte eternel nous unisse; ne formons à l’avenir qu’une Nation,
qu’une famille: nos intèrréts mutuels le demandent, nos sentimens
et peut être nos goûts sont les mêmes. Or si tout nous lie, si
notre confèdération ne peut que faire notre bonheur, comme notre
force, qui oseroit tenter de nous diviser pour Vous asservir?
dignes de toute votre confiance, ne nous jugéz pas d’après les
raports calomnieux de l’ènvie. Nos constitutions, quoique si
differentes des vôtres, ne sont fondées que sur L’honneur, comme
notre amour pour le Prince et l’Etat. elles n’etouffent point en
nous, vous le savèz, cette energie de l’ame, cette bonté du coeur,
qui font les héros. et sous les Loix d’un Roy trop citoïen, d’un
Monarque trop grand, pour degrader son Peuple, en Voulant regner
sur de Vils Esclaves, pourrions-nous ne pas être aussi belliqueux,
aussi patriotes et même aussi libres que vous?
Que dis-je? vous avèz prévenu mon zèle et mes voeux; vous
partagéz mon enthousiasme; l’air retentit d’actions de graces et
de chants d’allegresse! quel Spectacle enchanteur! ô que vos
transports sont touchants, que votre reconnoissance est noble et
magnifique! Je vous vois pleins de cet Esprit sublime qui vous
caractérise, elever un Monument immortel à L’Auteur de nos
communes prospérités; et pour rendre notre alliance plus
solemnelle et plus solide, je vous vois, cèdant à cette abondance
de coeur, incompatible avec la feinte, jurer au pied de sa statue
de luy rester à jamais fideles; et prononcer anathême contre tous
ceux de vos générations présentes et futures, qui pourroient
oublier ses bienfaits et Vos sermens.
C’est la que la magie du Ciseau nous montre la Discorde
enchaînée au Char du vainqueur desarmè; et qu’elle frémit, en le
voyant assurer les droits communs des Nations, après les avoir
vengées; après avoir detruit cette suprématie si injurieuse pour
elles, et plus encore pour nous; cette cause de tant de divisions
et de combats, qui ont ensanglanté les Mers, avant que de les
asservir; C’est là que, malgrè les cris de l’infernale Déesse vous
luÿ faites honneur de votre liberté conquise; que Vous luy donnéz
les títres les plus sacrès; et que cent trophées annoncent si
dignement la Vénération et L’amour que ses hauts-faits vous
inspirent. Mais quels seroient donc pour luy vos sentimens si,
pour le mieux connoître, vous aviez comme nous le bonheur de le
contempler de plus près?
Deja vous saviéz qu’aux roses de la jeunesse, réunissant les
lauriers de la Victoire, il etoit devenu le mediateur et l’exemple
des Potentats; Vous saviéz que son humanité se signala dabord, en
abrogeant là Loy de sang, qui condamnoit à la mort ces hommes
souvent plus malheureux que coupables, ces Guerriers que la dureté
ou l’injustice des supérieurs avoient eloignés de leurs drapeaux;
et qu’il gémissoit même encore, en adoucissant la captivité, en
suprimant les tortures, qui précédoient le supplice de ces autres
infortunés, que sa clémence ne pouvoit soustraire à sa justice.
Vous l’avèz vû même aller avec cette magnanimité, qui distingue
les Bourbons, au devant des besoins de ses Ennemis, qui dans leur
acharnement s’etoient epuisés à luy faire la guerre.
Mais la renomèe vous a telle encore apris qu’haborrant toute
espèce d’esclavage, Il n’aspire qu’après la circonstance
favorable, qui luy permettra d’achever de détruire, sans lèzer les
propriétés, l’antique et honteuse servitude de la glébe, sous
laquelle gêmit encore loin de ses yeux quelque partie de ses
Etats? Vous a t-elle apris qu’il a proscrit l’imposition
arbitraire des impots, qu’il a mis un frein aux exactions et au
luxe des Traitants, aux injustes partialités, aux recommandations
interressées des gens en place; qu’il se dispose à réprimer la
voracité de la Chicane, cette hydre, qui sous le nom de justice,
devore le fond pour suivre la forme; qu’il travaille à detruire
les abus d’autorité, ce despotisme couvert, si commun parmi nous,
et d’autant plus dangereux qu’il y exerce impunement ses ravages,
sous les dehors hypocrites du zèle et de L’amour de l’ordre; en un
mot qu’il veut, en abrogeant tout loy contraire à la saine
philosophie, ou repugnante au caractere national, garantir nos
vies, nos libertés, et nos biens de toutes vexations Tyranniques?
soûmis luy même aux loix qu’il prescrit, il s’etudie à retablir
par L’exemple autant que par l’autorité, la decence des moeurs, et
le respect des Vertus, ainsi que l’emulation des talens: Et c’est
pour exprimer à cet egard ses intentions royalles, qu’en donnant
la paix au Monde, il dit dans le ravissement de sa joÿe, Il est
donc arrivé le moment où je pourroi faire voir à mon Peuple, quel
est mon amour pour luy! Et en effet l’honneur d’avoir dompté
l’ennemi le plus redoutable ne suffit pas à son coeur; il aspire à
une gloire encore plus durable et plus satisfaisante, à celle de
communiquer son esprit de paix et de bienfaisance à ses voisins,
son ame à ses génèraux, sa sollicitude à ses Ministres; Enfin à se
devouer sans relâche et sans reserve à notre felicité.
Tel est ce Roy, qui vous eut protégés, quand même son estime
affectueuse ne Vous auroit pas confondus d’avance avec nous dans
son coeur paternel. Puissent donc nos besoins et nos secours
reciproques resserrer tellement les noeuds de notre alliance, que
Colomb se félicite dans l’Elisée, de cette révolution, que ce
grand homme, hélas trop méconnu de son siecle, avoit préparée, et
que sous les auspices de Loüis, qui l’a si heureusement Effectuée,
l’intervalle effraïant qui separe nos bords, disparoisse, en sorte
que leurs habitants, devenus concitoïens, y retrouvent partout
Philadelphie et Paris!
Enfin que les Arts, interprêtes de nos sentimens, consacrent par
cent Chefs d’oeuvres nouveaux au Génie puissant, qui a opèré tant
de merveilles, les surnoms les plus augustes; qu’en contribuant à
l’envi à son triomphe, par un apothéose anticipe, ils le fassent
rèvérer à jamais au temple de memoire, comme le Destructeur de la
Tyrannie, comme votre Dieu tutélaire et le Nôtre; et que partout,
où votre gloire est connue, où ses Vertus sont adoreès, on eleve
des autels à Loüis-le-libérateur!