L’hercule, Le Scipion et Le Pluton descendent aujourd’hui la riviere et Se mettront tout de Suite en rade de l’Isle d’Aix. Ils n’y resteront que le tems d’achever leur Armement, et partiront pour Brest, dès que le vent le permettra.
M. de la Motte-Piquet qui étoit venu prendre ici le reste du Convoi qu’il doit conduire en Amérique et que le mauvais temps a forcé de rester cinq à Six jours dans la baie des basques, est appareillé avant hier matin. En entrant au mouillage, deux des bâtimens de Son convoi, dont l’un chargé de 200. Soldats, et l’autre bostonien, se Sont perdus par la maladresse de leurs Capitaines. 50. h. du premier ont péri. L’Equipage du Second s’est Sauvé, et on a même trouvé le moyen d’amener le bâtiment entre deux eaux dans le port de la Rochelle.
Le Même coup de vent a fait chavirer un Navire marchand venant ici de Bordeaux avec plusieurs autres, sous l’Escorte du Cher. [chevalier] d’Orléans, Lieutt. de Vaisseau, qui commande une corvette et qui a Sauvé miraculeusement 28. h. Il en a péri 9. Ce Bâtiment forçoit de voiles pour Se Soustraire à la poursuite d’un Corsaire Anglois que l’Ouragan a empêché le cher. d’Orléans de joindre.
L’Escadre de M. de la Motte-Piquet est composée de 2. Vaisseaux de 74, 3 de 64, 2. frégates et 1. Corvette. Il a mis en ligne en cas d’attaque Le fier Rodrigue, autrefois l’hyppotame de 50. Canons, armé pour le Compte de quelques particuliers.
On a la confirmation de la réunion de M. de Grasse à M d’Estaing, et même de celle de M. de Vaudreuil. Voilà ce Général en état d’entreprendre.
Jusqu’à présent la flotte de Brest doit être de 30. Vaisseaux dont 20. de 74. et au dessus. Quand tout Sera réuni à M. d’Estaing, il en aura 25. Il en reste 6. dans la Méditerranée et 5. qui sont dans l’Inde. Ainsi nous aurons pour cette Campagne 66. Vaisseaux à la Mer et autant de frégates. Avec de pareilles forces nous Sommes en état de nous mesurer avec nos ennemis.
On a avis que deux Navires de la flotte de la Martinique, sont entrés l’un à Cadix, l’autre dans un port de Galice.