From — de Chaunac, Comtesse d’Anterroches (unpublished)
Puy darnac prè tulle bas limousin le 6e juin 1785
Monsieur

iay reçus avéc bien de la reconnaissance la lettre dont vous mavés honorés et loffre obligeante que vous me faite de vous chargér den apportés une à mon fils. Je tremble que celle cis ne vous parvienne pas, que vous soyés parti de france. Je crois que de mes parens et amis ont recommandés ce malheureux aux bontés de votre éxcéllence, je viens aujourd’huy joindre ma recommandation à la leur. Je me flatte que vous y aurés égard venant d’une mère tendre et éplorée, que vous ne dédaignerès pas les instantes prières qu’elle vous adrèssera pour son fils souffrant. je vous demande monsieur votre protéction pour lui. Il en à grand besoin et vous pourés le portéger si éfficasement vos virtus me donnent bien de Léspoir et de la confiance. Vous avés lame senssible, tout le monde admire la profondeur de votre génie, vos lumières, votre rare mérite. La situation de la mère et du fils sont faites pour intéresser quelqu’un qui comme vous réünit toutes lès qualites possibles. Un feu de jeunésse, lenvie de connaitre lés païs étrangers lont plongés dans un abime de malheurs j’espere monsieur que votre main secourable len retirera. Il a quittè a lage de 22 ans dès avantages rééls déja commencés et qui ce ceraint ogmentés considérablement dans létat écclésiastique quil aurait embrassée. Il na trouvè que la misere toute pure. C’est un très petit cadét, jose le dire issus d’une famille qui tient un rang dans le royaume français dont le nom est connut. Mais notre branche est ci peu oppulente, je conjure votre excellence de voir et dentretenir cet infortunè de lui donner pour lentendre quiiqhons [quelques uns] de vos précieux momens. Monsieur le marquis de lafayette et monsieur le chevalier de la luzèrne mont fait l’honneur de mécrire quil tenait une bonne conduite qui lui attirait lesti,e et lamitié quil avait une famme aimable méritante sans aucun bien de fortune, deux enfans beaux comme le jour. Lui meme est un très bel homme. Que son sort est triste monsieur, le mien ne l’est pas moins. Depuis dix ans que je suis separée de lui je ne fais que languir, toute occuppée des moyens de le rappelér auprès de moy. Nen ayant trouve aucun jusques ici qui mait reüssit. Nous navons pas assès de fortune pour le nourrir, lentretenir lui et sa famille. Je désirerais éperduement de la voir. Il me peint sont état d’une maniere qui me perce le coeur dans le peu de léttres que je recois de lui cat elles me sont très rares. Comme je suis reconnaissante aux biens faits, je ne tairais point qu’un parent lui à envoyé quelque fois dès secours, mais ils ne pouvaint suffire à cès besoins. Quand a moy mès facultès ne me pèrmettent rien. Je ne puis lui donnér que dès larmes, triste ressource. Je pence monsieur que vous ne cerés pas pour long-temps en amèrique et que vous reviendrés vous étes tout puissant dans ce païs la et dans celui ci. Je vous éxpose la situation de ce fils chéris et la mienne. Il y à dès dèbouchés dans lun et lautre endroit, je suis isolée dans une campagne du fin fonds du limousin je nay aucun accés, heureuse si je puis vous faire entendre ma voix, que vous veuillés écoutér le cri de mon malheur et nous éttre favorable qui me croirais a la fin de mes peinnes. O monsieur, faite lès cèsser cès malheurs accablants. Vous ceréz notre libérateur. Votre bélle ame goutera tant de satisfaction d’avoir fait des heureux. Nous éleverions ensemble nos mains vers le ciel en lui adrèssant dès voeux pour votre consiervation, réünissiez nous je vous en conjure que je revoye dans ma vieillisse ces jours serrains que jai perdus. Dix ans déloignement ont ralentit sen lete[indre] la tandre amitié que nos proches avaint pour ce    elle ce ralumerait sils le voyaint avéc un peu de bonne fortune. Tout le monde n’est pas mère. Il faut paraitre aux yeux des autres avec quelques avantage un emploi un peu honnêtte les satisferaint. Ils en ceraint contents ô la bonne oeuvre monsieur de le rendre à sa patrie, à sa mère, à sa famille. Votre nation cest grandement signalée par des traits de bienfaisance. Jen ay lu de magnifiques pendent ces dernierres guerres et vous tenez une place si distinguée dans tous les genres et il a été si fort question de vous un préssentiment   me dit que jay trouvé en vous l’homme que je cherche, celui qui peut et qui veut me secourir. Je prend la liberté de vous prier de maccuser la reception de cette lettre, je [suis] dans la pérplexité quelle ne vous parvienne, de me marquer si vous reviendrez bientot, dixcités mon fils à m’ecrire souvent, lui facillitér lés moyens de me faire passer mes lettres et mapprendre quelle est sa situation actuelle et sa conduite. Pérméttés lui aussi de souvrir à vous. Mille pardons de tant de peines. Jyplore le ciel pour quil vous fasse comprendre toute létendue et lamertume de celles que jéprouve à loccasion de mon fils et vous les ferés cisser. Je lui adrésse des voeux pour la consiervation de votre belle vie que vous employés d’une manière si digne.

Mon fils chevalier d’anterroches est à élisabeth toun tré de neukiorc et de philadelphie que celui qui na plus que des larmes à rependre trouve en vous sa conssolation et son appuis. Puissies vous revenir dans peu et quil fut de votre suite. Jay l’honneur d’éttre avéc dès sentimens très respectueux Monsieur votre trés humble et trés obeissante servante

de chaunac comtesse d’anterroches

Si vous rendès bon compte de mon fils, sil ést digne de vos bontès et que vous letayès, il cera bien heureux la france ne vous refusera pas un bon emplois pour lui.
Endorsed: De Chaunac 6 Juin 1785
642259 = 043-u188.html