Suppositions and Conjectures on the Aurora Borealis
AD (draft): Library of Congress; D: Bibliothèque del’Institut de France; two copies: Library of Congress
Suppositions & Conjectures, sur la Cause des Aurores Boreales

1. L’Air qui est echauffé par des Moyens quelconques, devient specifiquement plus legere que tout autre Air dans la même Situation qui n’est pas echauffée.—

2. L’Air ainsi devenu plus legér, monte, & l’Air voisin qui est plus froid & plus pesant, prend sa Place.—

3. Si dans le milieu d’une Chambre, l’Air est échauffé par un Poële, ou par un Rechaut plein des Charbons allumés, placé sur le Plancher, l’Air echauffé monte au Lambris, s’etend au-dessus de l’Air plus frais, jusqu’il arrive aux Murailles, qui, etant froides, le condensent; & etant devenu plus pesant il descend pour remplir la Place de cet Air froid qui avoit passé envers le Poële ou le Feu, pour remplir la Place de l’Air échauffé, qui avoit monté de la Espace autour le Poële ou Feu.—

4. Ainsi il sera une Circulation continuelle de l’Air de la Chambre, la quelle peut être rendu visible, en faisant une peu de Fumée, qui monterà & circulera avec l’Air.—

5. Une Operation semblable est effectuée par la Nature, sur l’Air de ce Globe. Notre Atmosphere est d’une hauteur peut-étre de     Lieues. Audessus de cet hauteur, il est si rare, qu’il approche bien prés d’une Vuide.—L’Air echauffé entre les Tropiques monte perpetuellement; sa Place est remplie par les Vents du Nord & du Sud, qui viennent de Regions plus froides.

6. L’Air leger parcequ’il est echauffé, flotant audessus ce qui est plus froid & plus dense, doit s’etendre envers le Nord & le Sud, & descendre prés des deux Poles, pour remplir la Place de L’Air froid, qui avoit procédé envers l’Equator.

7. Ainsi une Circulation d’Air est soutenue dans nôtre Atmosphere, comme dans la Chambre sus-mentionnée.

8.Que l’Air pesant & l’Air leger, peuvent passer en Courants des Directions differentes & même opposeés, paroit aussi visiblement quelques fois par les Nuages qui se trouvent dans ces Courants, que par la Fumée dans l’Experience de la Chambre. Aussi en ouvrant une Porte entre deux Chambres, l’une desquelles avoit été echauffée, si vous tenez une Bougie allumée pres la Partie le plus haute, la plus bas & le Milieu, vous trouveras un Courant fort d’Air échauffé sortant de la Chamber enhaut, un autre d’Air froid qui entre enbas, pendant que dans le Milieu il y a tres peu de Mouvement.—

9. La grande Quantité des Vapeurs qui montent entre les Tropiques, fait des Nuages qui contiennent beaucoup d’Electricité.—Quelques uns d’eux tombent en pluie avant qu’ils arrivent aux Regions polaires.—

10. Si la Pluie est reçüe dans une Vaisseau isolé, le Vaisseau sera electrisé; car chaque Goute apporte un peu d’Electricité.

11. La même chose est faite par la Niege & la Grêle.—

12. L’Electricité ainsi descendant dans les Climats temperées est reçue & imbibée par la Terre.

13. Si les Nuages ne sont pas suffisament déchargés par cette Operation graduelle, ils se déchargent quelquefois soudainement en grands Coups de Tonnere sur la Terre, où ils trouvent la Terre en le Cas de reçevoir leur Electricité.

14. La Terre dans les Climats temperés & chauds, est generalement propre de le recevoir, etant un bon Conducteur.

15. Une certaine Quantité de Chaleur fera bons Conducteurs de quelques Corps, qui sans cela ne peuvent pas conduire l’Electricité.

16. Ainsi la Cire devenue fluide, & la Verre mollifié par la Chaleur, peuvent tous les deux conduire.

17. Et l’Eau, quoique naturellement un bon Conducteur, ne peut pas bien conduire, quand elle est gelée, & devenüe Glace, par un degré ordinaire de Froid, & ne conduit point de tout quand le Froid est extréme.

18. La Niege tombant sur la Terre gelée, a été observé de retenir son Electricité, & de le donner aux Corps isoleés, quand aprés sa Chute, elle a èté chassé par le Vent.

19. La Humidité contenüe dans toutes les Nuages equatorielles qui arrivent aux Regions Polaires, doit être la condensé, & tomber en Niege.

20. La grand Gateau de Glace qui couvre eternellement ces Regions, peut être trop durement gelé, de permettre l’Electricité qui descend avec cette Neige, d’entrer la Terre.

21. Cette Electricité peut être donc accumulée sur cette Glace.

22. L’Atmosphere etant plus pesante dans les Regions Polaires, que dans ces qui sont entre les Tropiques sera là plus basse, et non seulement pour cette Raison, mais aussi parceque la Force cetrifugale etant moindre prés les Poles, la Quantité d’Air est moindre; consequemment la Distance à la Vide qui est dessus l’Atmosphere sera moindre, aussi; & vraisemblablement il sera beaucoup moins que la Distance sur la Surface de la Globe, s’etendant du Pole aux Latitudes dans lesquelles la Terre est si degelée qu’elle peut recevoir & imbi-ber l’Electricité. car cette Gelée s’etend du Pole jusqu’à Lat. 80. ce qui fait 10 Degrés, ou 200 lieues. de Distance du Pole; pendant que la Hauteur de l’Atmosphere dans ces Parages, d’une telle Densité d’empecher la Mouvement de le Fluide  électrique, ne peut être estimé plus que     lieues.—

ceci peutêtre omis—

23. Le Vide audessus l’Atmosphere est un bon Conducteur.

24. Donc ne peut il pas être possible que la grand quantité d’Electricité apportée dans les Regions polaires par les Nuages qui s’assemblent là, venant en les Directions de tous les Meridiennes, & là etant condensés, & tombant en forme de la Neige; laquelle Electricité veut entrer la Terre, mais elle ne peut pas penetrer la Glace; ne peut elle pas, je dis, comme dans une Bouteille de Leyde surchargée, s’ouvrir le chemin à travers cette basse Atmosphere, & courir dans le Vide dessus l’Air, passer vers l’Equateur, divergante à mesure que les Degrés de Longitude divergent, etant fortement visible ou elle est plus dense, & devenant moins visible à mesure qu’elle diverge plus, jusqu’elle trouve une Passage à la Terre, dans les Climates plus temperes; ou jusqu’elle est melée avec l’Air superieur.

25. Si une telle Operation de la Nature, etoit réellement effectuée, ne donneroit-il pas toutes les Apparences d’un Aurore Boreale?—

26. Car,

Ces Aurores, ne deviendroient-ils pas plus frequentes aprés l’Approche d’Hyver; non seulement parceque plus visibles dans les Nuits longues, mais aussi parceque dans l’Eté la longue presence de Soleil peut ammollir la Surface de la grande Gateau de Glace, & le rendre un Conducteur, par moien de quoi l’Accumulation de l’Electricité dans les Regions polaires sera empeché—.

27. L’Atmosphére des Regions Polaires, devenant plus dense par le Froid extréme, & toute l’Humidité dans cet Air étant gelée, si alors quelque grande lumiere se leve là dedans, ne peut il pas rendre pendant la Nuit cette Atmosphére un peu visible à ceux qui habitent dans l’Air plus rare des Latitudes plus au Sud. Et en ce Cas, quoique cette Atmosphere est dans elle même une Cercle complet & plein, s’etendant peutêtre dix Degrés de Latitude tout autour le Pole, ne doit il pas paroitre aux Spectateurs ainsi placés, qu’il n’en peuvent pas voir plus d’une Partie, dans la Forme d’un Segment, son Chord restant sur le Horizon, & son Arch élévée plus ou moins audessus de le Horizon qu’il est vû de Latitudes moins ou plus distantes. Ne doit il pas paroitre d’une Couleur un peu obscure, mais assez transparente pour permettre la vüe de quelques Etoiles au travers.

28. Les Rayons du Fluide electrique, en sortant d’un Corps, divergent, par une Repulsion mutuelle entre eux, à moins qu’il n’y a quelque autre Corps conduisant assez prés pour les reçevoir. Et si ce Corps est plus distant, ils divergent, & alors ils convergent à fin d’y entrer. Ces Operations de ce Fluide ne peuvent ils pas expliquer quelques unes des Variétés de Figure qu’on voit quelquefois dans les Mouvemens de la Matiere lumineuse des Aurores? Puisqu’il est possible, qu’en passant dessus l’Atmosphere en toutes les Directions, ou en tous les Meridiens du Pole vers l’Equateur, les Rayons de cette Matiere peuvent trouver ou dessous d’eux, en plusieurs lieux, Portions d’une Region nebuleuse, ou d’une Air humide lesquelles étant dans l’etat naturel, ou dans l’Etat negatif, peuvent étre propres de les recevoir, & envers laquelles ils peuvent converger;—& quand un de ces Corps recipients est plus que saturés, ils peuvent encore diverger de celui-la vers d’autres Masses d’une telle Air humide, & ainsi forment ces Couronnes, ainsi nommées, & ces autres Figures mentionnées dans les Histoires de ce Meteore?

29. S’il est vrai que les Nuages qui vont aux Regions polaires, & qui y portent des Vapeurs des Regions temporées, & que ces Vapeurs sont congelées par le Froid extréme des Regions polaires, & y tombent en Neige ou en Gréle; les Vents qui viennent à nous de ces Parages, doivent être generalement secs, à moins qu’ils ne gagnent quelque Humidité en effleurant la Mer dans leur Passage. Et il me semble qu’effectivement les Vents entre le N.E. & le N.O. sont pour la plupart secs, quand ils ont continués quelque tems.—

Notation in Franklin’s hand: Aurora
631089 = 028-195a.html