From — La Bastide (unpublished)
a fontaineblau le 20 8bre 1777
Monsieur,

Depuis que les Bostoniens sont en guerre avec les Anglois pour la deffense de leur liberté, j’ay toujours desiré que la cause la plus juste fut la victorieuse, j’ay fait plus encore, j’ay été tenté mille fois de passer les mers, et d’aller combattre pour cette genereuse nation qui a tant d’horreur pour l’esclavage, aujourdhui, Monsieur, je succombe á cette envie, et mon parti est pris trés decidement, je n’apporte point á vos concitoyens des talents superieurs, n’y de la fortune, ny même un nom connu, je ne veux point vous tromper, mais ils peuvent disposer de mon zele, de mon courage, et je suis gentilhomme; je sers depuis sept ans dans les gardes du Roy de france, j’ay les suffrages de mes chefs, et de mes camarades, et si je me determine a les quitter, c’est que je suis entrainé par le penchant irresistible que j’ay de combattre, et de mourir pour les deffenseurs de la liberté, c’est lá la seule cause qui me determine, car je ne suis point derrangé, je vis dans une aisance honnete, et je ne connois pas des creanciers; vous pouvéz compter sur ce que j’ay l’honneur de vous dire, parceque je n’altere jamais la verité; d’ailleurs je me reserve a vous en donner les preuves les plus claires; je vous prie donc, Monsieur, de voulloir bien par une reponse m’apprendre, si mes services seront acceptés, et me donner en même tems votre addresse; affin que je puisse avoir l’avantage de causer avec vous sur cette matiere si interressante pour moy. Je m’imagine que beaucoup d’autres se seront addressés á vous pour le même sujet, mais je suis bien sur qu’il y en a peu, qui ayent eu autant de zele, qui ayent été entraines par un gout aussi decidé que le mien, et dont les motifs ayent été aussi honorables; j’ay les inclinations toutes militaires, et je ne connois point dans l’hunivers de champ aussi vaste et aussi glorieux, pour les exercer, que celuy où sont entrés vos illustres concitoyens, c’est de quoy je vous prie d’être bien persuadé, ainsi que du respect avec lequel je suis Monsieur Votre très humble et très obeissant serviteur

La Bastide Garde du Roy

Mon addresse est á Mr La Bastide g. d. R. comp[a]gn[ie] de Villeroy de service à la cour. J’attends avec la plus grande impatience l’honneur d’une reponse
Addressed: A Monsieur / Monsieur le docteur Benjamin / franklin maison de Mad. de / Valentinois Rüe Basse, ou des eaux / a passy
Endorsed: La Bastide fontaineblau 20 8b. 1777
628586 = 025-092a001.html