From M. L. T.: Reflexions Politiques … pour la Félicité Publique (unpublished)
Reflexions Politiques calculées d’aprés la nature et la raison pour la felicité publique 1º

L’Homme né dans l’Etat de Société y est retenu par ses besoins et par l’habitude qui la lui rendent nécessaire. Si la Société lui est utile, il doit de son côté se rendre utile à la Société, afin qu’elle contribue à son bien être; l’interet particulier pour le bien de chaque individu, doit se combiner avec l’interêt general. Les devoirs de l’homme sont les moyens qu’il doit prendre pour se rendre heureux dans la vie sociale. les bonnes lois sont celles qui sont conformes à la nature de l’homme social, et qui l’obligent à remplir ses devoirs avec ses associés: La Morale est la connoissance de ces mêmes devoirs: la Vertu ne consiste que dans l’utilité génèrale; La Société doit le bien être à ceux qui lui sont utiles; les avantages et les secours qu’elle procure, sont les fondements de l’autorité qu’elle exerce sur ses membres; nulle autorité n’est juste, si elle ne fait du bien

2º.

Gouverner les hommes c’est exercer sur eux l’autorité de la Société, afin de les faire vivre conformement à son but. Le Gouvernement agit au nom de la Société de laquelle il tient son pouvoir, ou la force d’obliger tous les membres à remplir tous les devoirs sociaux et à se conformer aux loix, qui ne sont que les Volontés Générales. D’ou il suit que le Gouvernement est la force de la Société destinée à reprimer les Passions des individus, lorsqu’elles sont contraires à la felicité publique et á faire remplir les engagemens reciproques contractés par le pacte social. en un mot le gouvernement est fait pour obliger les hommes en Société à pratiquer les devoirs de la Morale. Toutes les formes des Gouvernements ont des Avantages et des Inconvenients. Tout gouvernement est bon, lorsque fidele à remplir envers les Membres les Engagemens de la Société, il les oblige tous à se conformer à ses intentions.

3º.

Les Souverains sont les depositaires de l’autorité de la Societé choisis et approuvés par elle pour exercer son pouvoir sur ses membres. obeir au souverain qui gouverne conformement à ses vües et au but de l’association, c’est obeir á la Société de laquelle la Souveraineté est émanée. Ainsi les droits du Souverain sont les droits que la Nation a voulu lui conférer; son autorité est fondée sur celle de sa nation; l’obeissance qui lui est due à pour motif et pour mésure le bien que cette Autorité procure à la Nation qui ne peut jamais consentir à ce qui trouble son bien être. l’Equité est la vertu fondamentale du Souverain; il ne peut s’en écarter sans danger pour lui-même.

Le Souverain est soumis à la Loi qui est la volonté générale de la Société, et tous les Citoyens sont soumis au souverain en tant que ses Ordres sont conformes à l’interet général. Toutes les Classes des Citoyens ne peuvent avoir d’interets separés de ceux de la Société qui, procurant des Avantages à tous, à droit de soumettre tous ses Membres à l’autorité publique. Châque Classe doit concourir à sa maniere au bien général. La division des Intèrets est la vrai Source de la foibless des Nations et des Abus dont elles souffrent.

5º.

Le Despotisme est l’interêt particulier de ceux qui gouvernent opposé à l’interet général. C’est la fantaisie d’une seul homme ou d’un seul corps imposée comme loy à la Société. Le pouvoir absolu dégénere bientot en tirannie qui est un Etat de guerre entre le Souverain et tout son peuple état violent, également funeste pour tous deux, et que pour son Interêt personnel nul Citoyen ne put appuyer ou tolerer; rien de plus contraire au but de la société que le despotisme ou la licence du Souverain, il anéantit tous les liens; il etouffe l’Amour de la patrie, l’activité, l’industrie la Vertu; il Sacrifie le bonheur de tous au caprice d’un seul, ou d’un petit nombre. le pouvoir absolu ne peut jamais procurer aux nations un bien etre réel et permanent.

6º.

La Liberté est un droit inalienable de toute Nation ou Société, vu qu’elle est indispensablement nécessaire à sa conservation et à sa prosperité. être libre c’est n’obeir qu’à des loix tendants au bonheur de la Société et par elle approuvées. La licence est aussi contraire au bien public que le despotisme ou la Tirannie. La liberté ne peut subsister sans vertu il ne peut y avoir de patriotisme, de grandeur d’ame, d’honneur réel d’amour du bien public que dans les nations jouissantes de la vraie Liberté.

7º.

La Politique doit veiller également sur tous les objets qui interessent le bienêtre et la conservation de la societé; la legislation doit suivre les besoins de l’etat; elle doit exciter le Citoyen au travail regler ses moeurs semer en lui la Vertu, lui rendre la Patrie chere favoriser la Population, l’agriculture, le commerce vraiment utile, reprimer le Vice et recompenser les actions louables et les talents necessaires à la Société.

8.

Le Genre humain doit etre regardé comme une vaste société à qui la Nature impose les mêmes loix qu’une societé particuliere bien organisée doit imposer à tous ses Membres. Les Peuples sont les individus plus ou moins sages et puissants de la Société universelle; ils sont liés à d’autres Peuples par les mêmes devoirs qui dans une Cité unissent des Citoyens. Le droit des gens ne devroit etre que la Morale appliquée à toutes les Nations de la Terre. Les guerres doivent être regardées du mème Oeil que les Violences et les Assassinats les Conquetes ne sont que de V[ols.] Les Alliances & les Traités exigent la meme bonne fois que les Contrats les Pactes, les liaisons entre les Particuliers. faute de sentir ces Verités, faute d’une force necessaire pour faire observer aux nations les Regles de la morale universelle ou commune a tous les hommes, les peuples connoissent rarement les devoirs qui les lient reciproquement et leurs chefs, aveugles par leurs Passions insensées se conduisent comme des Voleurs et des Brigands qui foulent aux pieds toutes les loix de l’equité. les folies de ces hommes sans Loix conduisent les Nations à la ruine.

9.

Une Politique injuste ou negligente fait chaque jour des plaies cruelles aux Nations. Les delires et les Violences des Souverains ainsi que leur Indolence coupable font languir et perir les Sociétés: Le luxe fut et sera toujours une Cause prochaine de destruction pour un Etat. Il énerve les Ames, il affoiblit tous les Ressorts du Gouvernement. Il chasse le Patriotisme, il fait mepriser l’honneur, il mine peu à peu les fondemens de la Société. Pour reformer une Nation infectée de la contagion du Luxe il faudrait une Sagesse une Vigueur, un Courage opiniatre dont peu de Souverains sont susceptibles parcequils vivent communement dans une ignorance complête de leurs vrais interêts. La Restauration d’une état une fois corrompue est un prodige que l’on ne doit pas attendre de la Passion, de la demence des Revolutions subites, des Attentats, Remèdes violents qui ne peuvent qu’augmenter la foiblesse d’un Etat dont le temperemment est ruiné; il faut plutot attendre cette reforme du progrès des lumieres qui, en eclairant les peuples sur leur droits et les Souverains sur leurs devoirs et leurs interets évidents, leur feront sentir que nul chef ne peut être heureux dans une Société malheureuse, quil ne peut y avoir, ni bonheur, ni solidité ni puissance dans une nation sans moeurs; que nul Gouvernement ne peut subsister sans Justice sans Liberté sans bonne foy.

Telles sont les Verités fondamentales de tout Sisteme politique calculé pour le bonheur du Genre humain

Na. [Nota] Vous etes priés de juger par l’Exposition de ces reflexions des Ouvrages proposés par souscription par M. L. T.
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