From Catherine Hocquet (unpublished)

A Monseigneur Monseigneur de Franklin ambassadeur plénipotentiaire des Etats-unis de l’amérique septentrionnale en France et Europe, à Paris

Supplie humblement John Kitchen

Disant que le Supliant, anglois de Nation mais françois naturalisé, ne scauroit s’addresser à un meilleur protecteur, qu’à un ministre anglois d’origine, dont le crédit est tout puissant en france comme en europe.

Les motifs du Supliant, étant amplement détaillés dans le placet qu’il addresse à Monseigneur de Sartine ministre de la marine, et qu’il joint au présent, il s’abstiendra de fatiguer votre excellence, Monseigneur, par leur répétition. Il aura seulement l’honneur de vous exposer, qu’insensible à l’apas d’une brillante fortune que l’anglois lui avoit offert pour prix d’une perfidie proposée, le Supliant réclame le prix de sa fidélité envers Sa patrie et Son Roi, l’effet de l’exemption du service de sa majesté sur mer, dont le ministère daigna le gratiffier.

Il réclame un asile contre la fureur de la vengeance angloise, qui a désigné le Supliant comme sa victime, et qui lui prépare le dernier suplice, s’il a le malheur de tomber entre les mains des anglois. Il réclame la liberté de se retirer à son domicile, non pour y finir inutilement sa vieillesse, mais pour, à l’apuy de son état de Barger, substanter une famille indigente, et pour y servir son prince, d’une façon moins dangereuse pour le Supliant, et plus utile à l’état que les travaux qu’il fait depuis huit mois à Paimbeuf et à Brest, en qualité de Maître d’équipage de la frégate la fine.

Le Supliant espère, Monseigneur, qu’il ne paroîtra pas un objet indigne de protection aux yeux du libérateur de l’amérique septentrionale, du restaurateur des droits de l’humanité, dont l’esprit est le dépot des sciences, et dont les ouvrages ainsi que les actions, feront, d’âge en âge, l’objet de l’étonnement et de l’admiration de l’univers, et de la reconnoissance du Genre humain.

Cependant, le Supliant ose le dire, il manque un trait à vôtre gloire, Monseigneur, c’est le Congè du Supliant, du service maritime de Sa majesté. Quelle puissante recommandation auprès de vôtre excellence!

Le Supliant convaincu que vôtre Excellence daignera lui obtenir ce congé, se compte d’avance au nombre de ceux dont la reconnoissance vous a consacré le respect. C’est avec des sentimens aussi justes, que le Supliant ne cessera, en adressant ses voeux au ciel pour son bienfaiteur, de se publier, Monseigneur, de Votre Excellence Le très humble et très Respectueux serviteur et fidelle françois.

catherine hocquet famme de jean kitchine

Nous subdélégué de l’intendance de Brétagne au département de paimboeuf, certifions l’exposé cy dessus véritable, et attestons que jean Kitchin, est utile dans ce port aux anglo-américains dont il sait la langue, et auxquels il rend des services essentiels.
à paimboeuf ce 18 Mars 1780 j. odea (?)
Endorsed: John kitchen 18. Mars 1780.
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