Blanchette Caillot to William Temple Franklin (unpublished)
St. G…ce 20 novembre 1787

L’habit bleu est términé. L’ouvrage est parfaitement fait à ce que dit le voisin, c’est lui qui a bien voulu se charger de la commission il y a mis tous les soins dont vous le connoissez capable, vous savez à quel point il aime à obliger? A la premiere occasion vous recevrez mon bon ami la copie de ma consolation, souvenez vous que bien long-tems je me suis privé de l’original, sachez moi gré du sacrifice. C’en est un véritable d’autant plus généreux que je ne suis pas tres sure que cette copie soit pour la tante, dans votre pays on aime donc bien les tantes? Si…a pris 240 l.t. et 3 l.t. pour la boitte il n’a jamais voulu à moins, et notre ami a bien marchandé. J’avois 431 l.t. à vous j’ai donné comme vous me l’avez dit 48 l.t. a la B…et 24 à Mi…en sorte que j’ai encore à vous 116 l.t., donnés moi une nouvelle commission qui termine ce compte.

Je ne reçois pas de vos nouvelles, le ministre près vos ètats est revenu, il n’a point apporté de lettres ni pour moi ni pour vos autres amis, du moins je le crois ils m’en auroit fait part. L’ami Bénoit a reçu des nouvelles de votre cousin, par une dame arrivant de chez vous, mais ce Monsieur Villiam est si éxacte, qu’on ne doit pas attendre la même perfection des autres hommes, d’ailleur il n’a peut-ètre pas toutes celles de mon jeune ami.

Je suis enfin à la ville à mon grand contentement, car je suis tres souffrante, je trouve prudent de me rapprocher des secours dont j’aurai bien-tot besoin, à peine si je puis marcher dans ma chambre, cependant il faut encore attendre deux mois, tout cela m’annonce un énorme pérsonnage, mais vous sávez que cela doit être au surplus j’ai la permission de nourrire, ce qui est une grande consolation pour moi, j’ai trouvé doux d’être priée instament d’une chôse qui me fait le plus grand plaisir! Cela va me tenir beaucoup chez moi, mais ma nouvelle maison (ou je suis à présent) est tres comode et fort agréable, elle est simple et propre dans le genre de celle de passy…de passy…oh! mon bon ami… D’ailleur mes amis de St G…viendront me voir et me tenir compagnie, je vous ecrirai aussitot la penible tâche achevée et qu’il me sera possible. Je vous rends trop de justice pour croire que vous ne preniez pas toujours le plus tendre interet, a la meilleur de vos amis. J’espere que ma santé ne souffrira pas plus qu’elle n’a souffert pour mon pauvre petit Théodore, ce fardeau ci est cependant beaucoup plus lourd à porter, oh! mon ami! plaignez je vous prie, plaignez le sort des pauvres femmes, la nature les traite bien severment.

La maison Br…est dans la plus grande consternation, Md p… a perdue sa fille ainnée qui ètoit belle comme le jour et charmante pour son âge, la grand mere est inconsolable, la mere a une autre petite fille qu’elle allaite en ce moment, ce qui la distroit un peu, malgré cela elle est pénétrée de douleur. La petite tante est toujours triste toujours mecontente de son sort, toujours pensant et regretant les courts mais charmants instans que nous avons passés à pas…Helas! elle a bien raison! Oh mon cher F…les regrettez vous aussi? J’aime à le croire et à l’esperer. Vous ne reviendrez pas mon ami? du moins de bien long tems. Pourquoi ne vous envoye t’on pas a notre cour? La personne qui prend la place de Mor de la luzerne est un jeune homme à ce qu’on dit, pourquoi n’enverroit t-on pas aussi un jeune homme de votre pays? En france on aime ce qui est aimable, pourquoi le choix ne tombe-t’il pas sur vous? Mon dieu! c’est que j’aurois trop de plaisir a vous savoir pres de moi, à recevoir souvent de vos nouvelles, et que le sort n’est pas accoutumé a me donner trop de plaisir: il faut pourtant convenir que je suis aussi heureuse que mon coeur peut me le permettre, rien ne manque aux soins et aux égards que l’on a pour moi, ma societé est tres agréable, c’est toujours la même depuis que je suis en cette ville. Je puis dire que j’y suis cherie, que me manque t’il donc? Oh mon cher f! la seule chôse à la quelle il faut que je renonce. Je ne vous parle pas de ma maniere de vivre. Elle est si uniforme, que ce que je pourrois vous dire a ce sujet seroit parfaitement semblable à ce que je vous ai déja dit, seulment les jeunes gens sont admis chez moi, on a bien raison de ne rien craindre, ils ont tous dans mon coeur une comparaison à subir qui n’est pas à leur avantage donnez moi de vos nouvelles de celles de votre papa se souvient il de moi? du plaisir qu’il avait d’embrasser sa chere fille? de la tenir sur ses genoux? de passer ses bras autour son coul? Moi, je me souviens de la bénédiction qu’il me donna en partant, bon et verteux patriarche! il me semble que depuis ce tems je suis meilleur, il ne peut savoir à quel point mon coeur le révere, s’il le savoit peut-etre il chercheroit une autre cause que ses vertus. Adieu mon cher f…Si vous ne pensez plus à moi vous êtes un ingrat si vous ne m’ecrivez plus vous êtes un méchant, mais vous êtes reconnoissant et bon c’est ce qui me tranquilise. Adieu adieu je ne sais quand partira cette lettre, je l’ecris à tout hasard et parceque je suis libre, je n’attends pas pour faire mes dépêches le dernier moment, bien vite, bien vite. On ne dit qu’un mot, cela est agreable pour les absents qui en voudroient mille. Aussi j’ecris quand le moment se presente. Attrape minette—

Addressed: A Monsieur / Monsieur Franklin le / petit fils— / A philadélphie
Notation: Rec 7 May 1788—in [illegible] Box
643895 = 045-u281.html