Infiniment sensibles a l’intéret que vous daignez prendre a nous, le merite de celle ci pour vous en temoigner notre vive reconnoissance, et suivant que vous avez eu la bonté de nous le recommander, pour vous faire part de notre arrivée. Ayant été avec une famille, dont partie étoit en voiture, nous avons mis environ 18 jours, c’est beaucoup; n’importe, nous voila rendus, et sans accident. Il faut que nous gardions nos jumens; point d’argent ici; cependant si nous ne trouvons pas a nous loger en campagne il nous en coutera tout aussi cher qu’a philadelphie.

Mr. Brackenridge que nous avons rencontré dans la route, et que nous avons eu le plaisir de voir plusieurs fois depuis dimanche, jour de notre arrivée, ne vous ayant pas vu a l’instant de son depart ne nous a rien remis, et comme nous presumons toujours que nous devons avoir des lettres par le dernier pacquet de france, nous vous supplions de nous les faire passer d’abord ou tout au moins si contre notre attente il n’i en avoit pas, d’avoir la bonté de nous mettre un petit mot par la plus prochaine occasion afin de savoir a quoi nous en tenir.

Nous avons la nation des delawares qui chassent autour de nous, ce qui fournit un peu de gibier aux habitans; et, la personne des sauvages, dont on voit de tems en tems, c’est a dire tous les jours quelques uns, dans la ville, une petite recreation pour les Etrangers. La campagne, si l’on pouvoit trouver, nous conviendrait mieux que cette petite ville, qui d’ailleurs, par elle meme, est fort triste; tout y est comme mort. Nous irons peutetre plus loin passer l’hoio. Nous avons l’honneur de saluer votre chere famille et d’etre avec Respect Monsieur Vos tres humbles et obeissants serviteurs