From — Lemoyne (unpublished)
Paris le 9 aoust 1784.
Monsieur

Vous m’avez parru touché du Triste sort du sr. D’argainarats dont j’ai L’honneur de vous adresser le Mémoire avec copie de la Lettre du Consul a Boston, Et de L’acte de dépot dont parle ce mémoire. Jattends tout pour lui de votre Bienfaisance, Et me flatte que sur le rapport que vous voudrés bien En faire le Congrès d’aignera le faire rembourser de cette dette la plus Légitime.

Si il ne pouvoit pas Le faire Entièrement, où si quelque considération que je ne peux prévoir, Suspendoit L’èxécution de la Justice qu’il reclame, Le congrès ne pourroit il pas pourvoir, En attendant, à la Subsistance de sa famille, En le mettant a même d’Exercer son Zèle pour tous ses Sujets àméricians.

C’est de tous les négociants de sa province, le plus honnête Et le plus instruit, Le plus digne de la Confiance Du Congrès, Et le plus Capable de deffendre les intérets des négociants américains Dans sa province Et celles qui L’Environnent.

Ne seroit il point possible, Monsieur, d’obtenir pour le Brevet de Consul de cette nation, avec les appointements le Congrès jugeroit à propos d’y joindre.

Cette voye, cette Juste Indemnité, ne tireroit point a Conséquence Et aideroit même à Légitimer la distinction par laquelle Le Congrès voudroit bien Le payer par la suitte.

Que n’Etes vous à même Monsieur de voir cet honnête homme, comme je lai vu chez lui, Vôtre Coeur Compatissant Et Equitable n’en seroit que plus porté à protèger Sa Juste réclamation.

Je Suis avec Respet Monsieur Vôtre Tres humble Et tres obéissant Serviteur

Lemoyne
ancien maire & Député de Dieppe
M. franklin
Mémoire
Au Commencement de l’année 1778. Le sr. D’argaynarats négociant français, a st. Jean de Luz, chargea un navire, à Son Compte, qu’il Expédia pour L’amérique Septentrionale: où il arriva vers le mois de may de la même année, au port de Salem. Le chargement Consistoit En 20 Canons couchés au fonds de Cale, Et recouverts de Sel, Eau-de vies, vin, Toilles, Clous, plomb, &c. Tout Cela fut Vendu à L’arrivée par le sr. Lafitte négociant à Salem, Et payé au sr. lafitte En papier monnoye. Des difficultés Elevées sur la gestion de ce Commissionnaire forcèrent à convenir d’arbitres pour regler Ses Comptes; Et il fut, par leur médiation, fait une Transaction le 19 Xbre. 1780 dans laquelle le sr. D’argainarats Etoit représenté par le Sr. holker. Consul francais à Boston. Ce ne fut qu’en 1782, qu’il recut une lettre de M. De L’Etombe Consul Général a Boston qui, en lui annonçeant qu’il avoit Eté déposé chez lui, pour le Compte du sr. D’argainarats, différents papiers, Entre autres une Lettre de Change Surannée Et la somme de 143616. Dollards En papier monnoye Vieille Emission Continentale, lui apprend En même tems que ce papier monnoye ne vaut absolument rien, mais qu’on lui a assuré que le Congrès alloit mettre cette affaire En Considération. Cependant rien de cet heureux Espoir ne S’est réalisé. Malgré les Lettres réitérées du ministère français, Et celles du sr. D’argainarats, on n’a pû avoir, Sur cette objet, la moindre révélation. C’est dans cette position qu’il ôze Implorer la justice du Congrès. Différentes considérations doivent lui En assurer L’obtention. 1º. Parmy les personnes Enveloppées dans la révolution de ce papier monnoye, on à lieu d’Espérer que le Congrès voudra bien distinguer les Sujets d’une nation qui à concourû avec zêle à L’assurance de Sa Liberté, 2º. On se flatte En même tems qu’il voudra bien aussi distinguer un honnête négociant qui, pour fournir aux besoins du Congrès, à Employé la totalité de sa fortune; qui n’a En rien contribué à tout ce qui S’Est fait, qui l’a ignoré, qui par cet evénement inattendu se trouve dans L’impuissance absolüe de faire aucun commerce Et de pourvoir à la Subsistance, d’une femme Et de Six Enfants qu’il avoit pris Soin d’Elever dans Les princippes du Travail Et de la Vertu. 3º. Pour fournir des armes au Congrès, Et des objets nécessaires a sa deffence, Le sr. D’argainarats à courrû tous les dangers. Le Congrès, qui En a fait uzage, ne permettra point que l’heureuse arrivée de ce navire soit L’assurance de la ruine de celui qui le lui à Envoyé. Le Congrès, En rendant au sr. D’argainarts la justice de le faire payer, ne doit point craindre qu’aucunes des personnes, qui se trouvent porteresses de Semblable papier, puissent, à son Exemple, demander la même chose. Parcequ’il n’en est pas une seule qui puisse s’assimiler a lui, tant par la nature de sa Cargaison, que par le malheur d’y avoir Employé La Totalité de sa fortune, Et l’objet Entier Et unique de la subsistance de toute Sa famille. C’est cette cruelle position qui à Excité toute la Sensibilité Et la Commisération du ministère français Et qui lui assure les mêmes Effets Sur le Coeur de Messieurs Du Congrès. C’est son pain, C’est celui de Ses Enfants qu’il reclame auprès d’Eux, il n’a en rien contribué à cette perte, il n’a Eu garde de speculer sur ce papier; Et ne peut Craindre le reproche de la moindre faute de sa part.
Copie D’une Lettre adressée par M De L’Etombe Consul Général français, dattée, de Boston du 27 mars 1782. au Sr. D’argaynarats négociant à St. Jean de Luz J’ai l’honneur de vous informer, Monsieur, que M. de valnais Est venu hyer déposer dans ma chancelerie toutes les piéces qui vous concernent, et que vous trouvérez détaillées dans l’acte de dépôt cy-inclus Je joins à la présente, Monsieur, une lettre de change, qui vous Sera Envoyée par Triplicata. Le papier monnoye, qui vous appartient ne vaut absolument rien dans le moment présent, mais j’en ferai faire la déclaration conformement à un résolvé De la cour du 8. mars dernier dans le quel on assure que le congrés va prendre cette matiére En Considération. Vous ne devez pas douter, Monsieur, que vous ne Soyez informé aussitôt de ce qui Sera Statué relativement à votre propriété, et que je ne me fasse un plaisir de Saisir toutes les occasions de vous donner des preuves des Sentiments avec les quels, j’ai l’honneur d’ètre, &.c.

signé De Letombe.

Pre.—
Explication de l’acte de dépot fait par M. Devalnais du produit de la cargaison du Senault la ste. Thérese, capne. chueitto cy devant géré par M. Laffitte. Extrait des Régistres de la chancelerie du Consulat Général De france à Boston. L’an mil Sept cent quatre vingt deux Et le vingt Sixiéme jour du mois de mars, cinq heures de relevée, par devant nous chancelier du consulat Général de france à Boston, y résidant, Soussigné Et comparu, Messire, Joseph de Valnais Ecuyer cy devant Consul de france En cette ville y demeurant, à l’effet De requerir notre consentement à ce qu’il dépose dans notre chancélerie pour Compte Et risque du sr. D’argainarats Négociant à ciboure, près Bayonne la somme de cent quarante trois mil Six cent Seize dollars papier-monnoye, vieille Emission Continentalle, toutes les dites feuilles de papier monnoye à nous présentées, enfermées dans un gros Paquet clos, fisselé, Et cachetté du cachet du dit Sieur déposant auquel nous avons àjouté le cachet de Monsieur le Consul Général, ne varietur, Le dit gros paquet Contenant huit Paquets numérotés 1. à 8. Et avec adresse, commençeant par ces mots, Paquet contenant &.c. Et finissant par ces mots, capne. Etienne chueitto, Et Signé de Valnais le dit paquet contenant Et renfermant de plus une lettre de change par premiére Seconde Troisieme Et quatriéme Tirée par M. John fox, à l’ordre de Madme. de Monchy, Sur M. henry Roger Ecuyer à Londres de la Somme de cent dix pounds sterling argent dur, laditte Lettre de change enfermé dans un paquet cotté no. 9. Plus un Paquet cotté no. 10. contenu Et renfermé aussi dans le susdit Gros Paquet, contenant divers Comptes de vente, Plus un compte cotté No. 11 fourni par M.Me. Laffitte negt. de Salem, Et un paquet Cotté No. 12. contenant une Sentence arbitralle En datte du dix neuf décembre, mil Sept cent quatre Vingt, Tous les papiers, Comptes, Lettres de change Et monnoye, vieille Emission mentionnés En L’autre part, contenus et renfermés dans le dit Gros Paquet avec adresse fisselée Et cachettée, Comme est dit cy-devant, lequel dépôt provenant d’un arbitrage fait par MM. Jacon St. omer Et Marcorelle arbitres choisis par Mr. Laffitte Et le dit déposant l’ordre de M. holker, Consul de france àlors à Philadelphie Et porteur de la procuration dudit Sieur D’argainarats contre le dit Sieur Me. Laffitte au sujet de la vente de la Carguaison du Senault la ste. Thérese capitaine churitte, consignée audit sieur Marc Laffitte par le dit sr. D’argainarats, Les quels papiers, Comptes Et Lettres de change Et monnoye, vieille Emission Continentalle Sus mentionnés, Touchés Et reçus dudit sr. Me. Laffitte de Salem Et ces aux fins par mon dit Sieur déposant de laisser Le dit Gros Paquet dans notre dite chancelerie à l’ordre du dit sr. D’argainarats de la ditte somme de cent quarante trois mil, Six cent Seize D’ollars Et papiers Comptes Et Lettres de change y contenus, Voulant en Conséquence à ces présentes le dit Sieur déposant, Comparant, que le dit Paquet soit par nous remis audit Sieur D’argainarats à Sa volonté, où à M. holker son représentant, où à telles autres personnes qu’ils indiqueront, munis de décharges Et Transports Valables passés devant notaires où à M. holker son représentant, où à telles autres personnes qu’ils indiqueront, munis de décharges et Transports Valables passés devant notaires où L’Expédition d’iceux Dument Légalisés du Ministre Plénipotentiaire, des Consul Generaux ou vice consuls auprès des puissances dans les Etats des quels les dits actes Seront faits, Et m’entionnant Expressement la quantité des dites Sommes déposées et par qui. A tout ce que dessus nous chancelier du Consulat Général de france au dit Boston voulant déférer, avons admis Le dépôt Suivant qu’il Est réquis En un Gros Paquet fisselé, cachetté et déclaré par le dit sieur déposant, comparant contenir la Somme de cent quarante trois mille six cent Seize dollars, papier-monnoye continentalle, vieille emission, un Paquet contenant une lettre de change par première Seconde Troisième Et quatriéme tirée par M. John fox, à L’ordre de Madme. de Monchy, Sur M. henry Roger, Ecuyer à Londres, de la Somme de cent dix Bounds Sterlings argent dur, un paquet contenant divers Comptes de vente, un compte Général fourni par M. Laffitte négociant à Salem. Et un paquet Contenant une Sentence arbitralle, du dix neuf Décembre, mil Sept Cent quatre vingt, le dit Gros Paquet à nous remis à L’instant aux fins de le garder, Et le Conserver dans nôtre Greffe, aux risques Et périls du propriétaire, jusqu’a ce qu’il Soit autrement disposé par le Sieur D’argainarats qui en est le vrai propriétaire, En Témoignage de quoi nous avons accordé Le présent acte au dit sr. de Valnais, pour lui servir à ce que de raison. Fait à Boston le jour mois et an que dessus à la chancelerie du dit consulat Général Et en présence de M. Joseph Marie Salomon Toscan vice consul de france au dit lieu, qui à Signé avec nous Et le dit Sieur déposant, comparant après Lecture. Dans le moment où on alloit Signer la présente Déclaration, est parû Monsieur le consul-général lequel après avoir pris Lecture de la dite Déclaration à dit qu’il étoit convenable d’ôter du paquet présenté, fisellé Et cachettés, les paquets intitulés, comme cy après..................... No. 10. Divers comptes de vente fournis par M. Lafitte le Senault, la ste. Thérese, capitaine Etienne Curitte, Les dits comptes en Sept feuilles détachées, commençant no. 1. finissant No. 28e. Signé Laffitte. No. 11. Compte Général du Senault la ste. Thérese capne. Etienne churitte Donné par M Laffitte. No. 12. Sentence arbitralle du dix neuf décembre, concernant le Senault La ste. Thérese no. 9. Lettre de change par 1. 2. 3. et 4. tirées par M. Jean fox à Londres de Madame De Monchy de L’isle de ste. Lucie Sur M. henry Roger, Ecuyer à Londres £. 110. Bounds Sterlings argent dur où 8799, Bounds Vieille Emission à 60 pour un Laquelle Lettre de change En quadriplicata, Et les dits paquets No. 10. 11. et 12. ont été Tirés du dit Gros paquet Et ouverts par mon dit Sieur de Valnais comparant, le quel après avoir fait refermer le dit gros paquet dans la forme cy devant décrite, la représenté aux mêmes termes, Stipulations Et assersions pour le dit paquet être déposé dans notre chancelerie, conformement a L’Expression de la cy-devant Déclaration Et procès Verbal fait et clos le jour mois Et an que dessus Et ont Signé Sur le Registre de Valnais Toscan de Letombe, Et le Grand chancelier. Droits Suivant les Tarifs Savoir
Pour L’acte de dépôtun hollars trois sh. .......1 Dr.3. sh
Expon. cinq Schellings ....." .....5
R/Total.2 Dr2. sh

chancelier

Collationé par nous chancelier du consulat Général De france à Boston le 27. mars 1782./.

Le Grand.

Nous Philippe Joseph de Letombe, Ecuyer Seigneur d’aulnoy, Consul Général De france pour tous les ports des quatre Etats de la nouvelle angleterre, certifions, a tous ceux qu’il appartiendra que le sr. Le Grand qui à Signé cy dessus Est chancelier de nôtre chancelerie Et que foy doit être ajoutté à Sa Signature, tant En jugement que hors Iceluy En Témoignage dequoy nous avons Signé Et fait apposer le cachet de nos armes, à Boston le 27. Mars 1782./.

De Letombe

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