Je vous prit de ne pas prendre en mauvaise part la liberté que je prend, de vous envoÿer la presente, cest parce que la plus grande nécessité m’oblige, et parce que je sçai nulle part prendre mieux mon refuge que chez vous. Par ces raisons je voudrois vous avoir priez de me faire la gracce de m’envoyer vingt Louis pour faire mon voyage, jaurois l’honneur de vous le rembourser avec beaucoup de remerciment, sitôt que je serai arrivé a Philadelphia candé (?) dans la premiere huitaine et même en or et avec interret. Cet argent que jay eu l’honneur de recevoir de vous, je lai enployé pour mes hardes et pour ma nouriture dont il me reste encore cinq Louis d’or.

Jai rencontré un Capitaine d’un Vaisseau d’hollande qui part pour Saint Eustache et celui ci me demande dix Louis, et par ce que je nai pas assez je vous prit en gracce d’envoyer une lettre a Monsieur Olivie pour qu’il ai la bonté de me donner la dite somme ou de la donner au Capitain du Vaisseaux. Jay dit au Capitain que je voudrois servir en qualité de Matelots jusqua Saint Eustache, mais il m’a repondû, quil na besoin de personne, par ces raisons je suis obligé de passer comme passager.

Vous devés vous souvenir de mavoir donne conseil de chercher un Vaisseau hollandois, ainsi voila que je lai trouvé mais fort cher, par ces raisons vous voÿez dans la situation ou je me trouve, je vous prit aussitôt la presente recue de vouloir ordonner quon me ~y2 livre les 20 Loüis, dont jaÿ Be[soin] je vous envoÿe une quittance dans ma lettre et si dans huit Jours apres mon arrivé à ma dest[ination] je ne vous rembourseré point, vous aurez plein pouvoir de vendre de mon bien jusque que que [sic] vous serez totalement payé. En attendant vos bonnes graces Jaÿ l’honneur dêtre avec beaucoup de consideration votre tres humble serviteur