From the Chevalier Drouart (unpublished)
a vic trois evechés le 13. Juin 1781
Monsieur,

Vous avés bien voulu il y a plus de deux ans, à la recommendation de Mr. de la galaiziere eveque de St. diés et d’une dame de paris de votre connoissance dont je ne suis pas informé du nom, vous charger de faire passer a Mr. votre gendre etabli a philadelphie un memoire par lequel je m’informois si un de mes fils dont j’avois donné le nom et le signalement que je scavois etre en amerique dans les isles angloises, n’etoit point par hasard à philadelphie. Il y etoit precisement, mon memoire Luy a eté remis par votre gendre et mon fils sétoit flatté que par Luy il pourroit recevoir de mes nouvelles mais depuis ce temps il m’ecrit souvent et se plaint amerement de n’avoir encor reçu aucunes de mes lettres quoyque je Luy aye ecri deux ou trois fois en adressant mes lettres doubles a Mr. l’eveque de st. dies qui a du vous les faire passer en vous priant de les inserer dans le paquet que vous adresserés à philadelphie à Mr. votre gendre. Il y a apparence que par la circonstance de la guerre ou par quelques autres causes qui me sont inconnuës, mes Lettres ne sont point parvenuës a mon fils, qui se reclame beaucoup de Mr. votre gendre dont il à l’honneur d’etre connu et me prie dans touttes ses Lettres, de faire ensorte que les miennes Luy parviennent par cette voye. C’est pourquoy dans l’incertitude ou je suis que mes lettres n’ayent peutetre eté oubliées de vous etre remises, j’espere que vous ne trouverés pas mauvais que je m’adresse a vous directement, Monsieur, quoyque je n’aye pas L’honneur d’en etre connu pour vous prier instament d’avoir la bonté lorsque vous ecrirés a Mr. votre gendre d’inserer dans votre paquet la lettre cy jointe pour mon fils a l’adresse qu’il ma donnée, telle quelle est sur la suscription de cellecy. Ce jeune homme est parti de chez moy il y a quelques années pour aller dans l’isle de la martinique muni d’une pacotille que je luy avois faitte, il s’etoit figuré qu’il feroit fortune dans ce pays la mais loing de la il a perdu presque tout ce quil avoit par des banquerouttes quil à essuyées, ce qui la determiné a passer dans les isles angloises pour y chercher du service. Il sétoit mis pour cet effet volontaire dans la compagnie d’un maior suisse, avec promesse quil seroit fait incessament officier, mais comme on luy a manqué de parole apres avoir servi pendant sept mois dans cette compagnie il la quittée pour se fixer a philadelphie ou il a beaucoup souffert de la disette, de la misere, et des maladies qui luy sont survenuës et même a ce quil ma mandé pour aider (?) a subsister la vie d’un mercenaire pour laquelle surement il n’etoit pas né. Telle est sa situation actuelle dont je gemis sans pouvoir la soulager, et ce qui l’aggrave encor est qu’etant dans une region etrangere ou il n’est pas connu je ne scay d’autres moyens de Luy ecrire que par votre canal. Oserois-je me flatter, Monsieur, que vous vouderés bien deferer a la priere que je vous fais de m’aider a Luy faire parvenir de mes nouvelles et des consolations, en attendant un temps plus heureux ou jespere quil reviendera dans sa patrie.

Je vouderois bien etre en commerce de lettre directement avec vous, pour m’eviter les differentes cascades par lesquelles je suis obligé de faire passer les [miennes?] pour vous les faire parvenir mais je n’oserois me flatter que cela vous seroit agreable. Quoy quil en soit je ne seray pas moins reconnoissant de la grace que je vous demande de faire tenir a mon fils, par le moyen de Mr. votre gendre la lettre cy Jointe. C’est dans ces sentiments que j’ay l’honneur d’etre avec le plus parfait attachement Monsieur Votre très humble et très obeissant serviteur

Drouart
chevalier seigneur de Lezëy ancien
capitaine d’infanterie
636274 = 035-156a001.html