Jean-Jacques Caffieri to William Temple Franklin (unpublished)
Copie de la Reponse faite a Mr. Franklin fils Le 8 avril 1785

Vous avez eu bien raison Monsieur de me marquer que votre reponse me feroit encore plus de peine que votre Silence. Je ne croyois pas devoir en attendre une pareille de votre part et surement vous m’auriez evité ce chagrin si vous aviez bien voulu conserver le sang froid et la reflexion dont vous etes capable. Ce ne peut être qu’un premier mouvement d’humeur qui vous ait fait voir des motifs bas et humiliant pour moi dans mes demarches et mes expressions.

D’abord, Monsieur, Je n’ai eu d’autre but en desirant exécuter le Buste de M. Franklin que la Gloire de transmettre à lavenir le portrait d’un aussi grand homme. J’ai été honoré de lui faire l’hommage de mes Talens et je n’ai jamais prétendu a aucun Salaire, qu’a meriter sa protection. C’est pourquoi Jai pris la Liberté de la reclamer dans une occasion ou je croyois pouvoir esperer de l’obtenir. M. houdon a fait dittes vous aussi gratuitement, mot que vous vous plaisez à repeter plusieurs fois, à fait disje le portrait de votre auguste ayeul. Ce n’est pour moi qu’un désagrement de plus. En accordant aussi cette faveur a M. houdon c’etoit presque dire au Public que l’on n’avoit pas été content du mien, malgré le succés qu’il a eu. Certainement si M. houdon eut commencé, j’aurois eu la Delicatesse de ne pas travailler aprés lui, ce sont des procedés honêtes qui s’observent entre proffesseurs.

Vous avez egalement mal interprété l’article relatif au Tombeau du Général Montgomery. J’ai dit que je l’avois fait pour la Gloire, et c’est la verité. Glorieux d’etre employé par un Etat qui ne voyoit encore que l’aurore de sa Liberté, je me suis contenté de retirer mes deboursés je puis le prouver par les Etats que j’en ai, je crois que quand un artiste donne son tems et ses talens il peut s’honorer d’avoir travaillé pour la Gloire. Voila, Monsieur quels sont mes Torts daignez les apprécier. J’ai pensé qu’aprés avoir agit avec autant de zele, je pouvois, sans montrer trop de prétentions esperer d’obtenir la préférence sur mes Confreres. Votre Lettre m’a cruellement detrompé, vous auriez pu cependant m’epargner L’ironie insultante de la fin. Vous me pretez une Conduite indigne d’un Galant homme et de moi. Je n’ai jamais été guidé par un interêt sordide tout peut l’attester. Si j’avois L’honneur d’etre connu plus particulierement de vous vous m’auriez rendu la justice que je merite et je suis sur, d’aprés la Bonté de votre Coeur, que vous regreteriez de m’avoir donné des sentimens que je n’ai jamais eu.

J’ai l’honneur d’etre tres parfaitement

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