From Joseph Maroteau (unpublished)
A Tournay ce 22 aout 1783
Monsieur

Je prens la Confiance respectueuse d’offrir a Votre Excellence les services d’une famille qui aurait dessein de s’etablir en Amerique moyenant les Encouragements et la protection dont Elle aurait besoin a cet Effet de la part du gouvernement.

Cette famille residant a present a Tournay, est composée du pere, d’un fils agée de 23 ans, de deux filles de 26 a 28 ans, tous non mariés, d’un gendre, de sa femme et de deux Enfans en bas age. Elle est catholique romaine, en meme Tems amie Zelée de l’ordre civil et sociale ainsi que de cette tolerance salutaire heureusement adoptée de tous les sages gouvernements.

Les talents utils etant des titres suffisament interessants, cette famille a jugée inutil d employer d’autre recommendation auprès de Votre Excellence que ceux qu’elle pocède, pour solliciter la faveur de son attention.

Ses talents consistent, Monsieur, dans la science du commerce surtout en ce qui regarde l’ordre des Ecritures, la tenue des livres suivant les meilleures methodes, le calcul, la correspondance francaise, et Anglaise etc. Dans une theorie longtems reflechie (?) et une longue pratique de la fabrique des linons, Cambray, gaze    celles des gazes en soïes, taffetas, satins, mousselines et siamoises, ainsi que celles de linges de tables, de menage etc. le tout dans les Especes sortes finesses, et avec les ornaments et desseins dont ces ouvrages sont suceptibles; Elle pratique aussi lorganoissage de la soie, le retour de fil a coudre, pour dantelle, et autres usages, pour lesquelles operations (?) le chef de cette famille a inventé un moulin de nouvelle construction qui a parfaitement rempli son objet qui etait de les rendre plus facilles et plus reguilleres; Le blanchissage des linons et   des Toilles de menage, des fils etc. La culture du lin, et du chanvre, des notions generalles d’agriculture; l’architecture bourgeoise, quelque principe de dessein, de geometrie, de mathematiques sont encore au nombre des connaissances que cette famille reunit.

L’Etat de sa fortune actuelle semblerait neanmoins contredire l’Exposé que je viens de faire, mais Votre Excellence sait que les talens icy detaillés ne sont pas de ceux qu’on peut faire valoir seul, qu’ils demendent la concurrence de quantité de moyens etrangers, et que c’est toujours Vainement qu’on les exerce lorsqu’une fortune opiniatrement adverse en contrarie constament toutes les opperations; c’est, Monsieur, ce qui est arrivé à ma famille dans toutes les Entreprises qu’elle a faites, des pertes considerables commencées au desastre de Lisbonne et repetées successivement jusqu’à ce jour, par des evenements phisiques et politiques egalement difficil a prevoir ont enlevés a son commerce au dela de 360.000 Tournois, d’un autre coté ses entreprises de fabrique (?) n’ont été fructueuses qu’aux pays ou Elle les a etablies. Elle a les avantages public, et non contestés, des temoignages respectables qu’elle peut produire, et surtout les experiences et epreuves auxquelles elle offre de se soumetre s’il en est besoin, sont des repliques qui pouront toujours etre oposées avec sucez aux objections, et aux doutes qui pourraient s’elever sur ce que je viens de dire en faveur de cette famille.

Ce ne serait guere, Monsieur, que dans l’Execution d’un plan d’Etablissement formé par une Compagnie ou une maison puissante que les talents de cette famille pouraient etre efficacement employés, et si une occasion de cette nature se rencontrait elle ose suplier Votre Excellence de l’en faire informer en reponce a cette lettre.

Je sais, Monsieur, ce que je dois au ministre Legislateur occupé de l’Interest des nations et dont le genie decore d’un lustre nouveau les dignités dont il est revetu, mais j’ai esperé que l’homme philosophe, bienfaisant et citoyen, degnerait honnorer de son attention protrectrice une famille honnete dont les talents peuvent etre utillement employés au service de sa patrie, et voudrait bien aussi recevoir avec bonté l’hommage de l’estime respectueuse et de la profonde Veneration qu’a l’honneur de Vous offrir, Monsieur, l’Auteur de la presente lettre, chef de la susdite famille et De Votre Exellence Le très humble et très ibeissant Serviteur

Jos. Maroteau

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