To Sir James Jay (unpublished)

J’ai causé hier avec le duc de Richelieu; il est bien disposé à notre cause. Je l’ai beaucoup flatté en lui parlant du ministère de son glorieux parent le cardinal de Richelieu. A cette occasion, je lui ai demandé s’il ignorait qui était le Masque de fer. Il a d’abord pris un air de mystère, puis, me déclarant qu’il s’agissait d’un secret d’Etat, il m’a dévoilé ce qui suit, que je ne crains pas de vous confier:

Le Masque de fer était un enfant naturel d’Anne d’Autriche, et le duc de Buckingham était vraisemblablement son père. La reine, ne sachant à qui se fier, se jeta dans les bras de son ennemi le cardinal, qui arrangea tout pour cacher la chose au roi. Ce fut cet événement qui détermina Richelieu a rapprocher le roi de la reine, qu’on avait cru jusque-là stérile. Il n’y avait pas de raison pour que Louis XIII ne fût pas aussi heureux que Buckingham. De là, la naissance de Louis XIV et de Monsieur. L’enfant illégitime, d’abord confié à Mme de Motteville, lui fut enlevé à la mort de Richelieu, par Mazarin, qui le tint en prison dès qu’il eut l’âge de seize ans. La ressemblance du bâtard avec Louis XIV était surprenante: de là le masque qu’on appliqua sur le visage du captif. On voulait autant éviter des troubles politiques que cacher les faiblesses d’Anne d’Autriche.

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