From Joseph Ignace Guillotin (unpublished)
Paris 19 mars 1788
Monsieur

J’ai l’honneur de vous envoyer, puisque vous voulez bien le permettre, le paquet ci-joint pour MM. Picque et Saugrain. Je vous prie d’avoir la bonté de le leur faire passer dans le lieu ou ils se trouvent à présent. J’ignore quel il peut être. Leur dernière lettre, dattée de Pittsbourg le 24 8bre 1787, nous apprend qu’ils étoient en bonne santé, qu’ils comptoient s’embarquer le lendemain pour descendre l’ohio, et c’est à peu preès tout. Cette lettre, toute laconique qu’elle est, a fait beaucoup de plaisir, elle a tiré de l’inquiétude qu’avoit causé le défaut de leurs nouvelles pendant quatre mois, dont j’avois eu l’honneur de vous faire part dans ma lettre du 2 février dernier. Pour ne pas abuser plus longtems de vos momens, qui sont si précieux, permettez-moi, Monsieur, de me référer à cette lettre du 2 février, ainsi qu’à celles que j’ai eu l’honneur de vous écrire par tous les Paquebots de france depuis le 25 Juin dernier. Si vos grandes occupations vous permettent d’y faire réponse, j’en serai infiniment flatté surtout rélativement à la connoissance de votre superbe Pays que je cherche à acquerir. Nos deux jeunes Voyageurs auront trouvé la moisson abondante, et n’auront surement pas manqué de faire une excellente récolte. L’un d’eux doit être maintenant en route pour revenir en Europe. On l’attend avec impatience. Sans doute en bon Physicien, et en bon Citoyen, il travaillera à nous faire jouir des Tresors de l’amérique unie. Daignez, Monsieur, accorder la continuation de vos bontés à ces deux jeunes gens. Ils ont grand besoin de vos sages conseils et de votre puissante protection. Agréez, Monsieur, l’hommage bien sincère de tous les sentimens que vous m’avez inspirés, et les assurances du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’etre Monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur

Guillotin de M.
Rue Croix des Petits champs no. 55
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