From J. H. Mazuri (unpublished)
a Landerneau 18e septembre 1780
Monsieur,

Je reçû hier Lettre de Mr. James Cuming, de l’orient, avec ordre d’Envoÿer un Pilotte pratique de cette Riviere a James Armitage cap. du Navire Le James arrivé a Brest venant de Philadelphie, il ÿ a prais de 15 Jours, avec une Cargaison de Tabac, bois de Campeche et mairins pour futailles; Je m’enpressé d’ÿ envoyer un Pilotte et même le Sieur Caylor, mon commis, mais inutillement car lorsque le Cap. Armitage fût au Bûreau des fermes, avec celuÿ du Navire la Polly, qui aussÿ ce destinoit a venir icÿ, pour ÿ demander un permis il Leur fût refusé ce qui me paroist contraire au vue du Ministere et de La Liberté du Comerçe dont doit Jouir votre Nation et ce qui me fait prandre le party d’addresser a Mr. Le Controleur General des finançes un petit Mêmoire, fait a la hatte, a ce sûjet, et affin, Monsieur, que vous en soÿez instruit J’ay l’honneur de vous en remettre inclus coppie, pour aussÿ Le faire appuier et recomander si vous le jugez apropos devoir faire.

Il est tres sertin que ce Port convient bien mieux que celuy de Brest pour touttes affaires de Comerçe, ensus que il doit estre aussy plus avantageux pour La vente des Tabac, estant que a sept Lieux de la Manûfacture de Morlaix. J’espere que si vous voullez vous donner La paine, Monsieur, d’en parler a Mr. Le Controlleur General que il fera donner des ordres a ce que les vaisseaux des Provinçes ûnies aÿent La Liberté de remettre Leur Cargaison en ce Port et d’ÿ prandre telles Marchandises qui pouront Leur convenir pour Leur retour, ce qui devienderoit autant avantageux pour La françe que pour votre Nation.

J’ay l’honneur d’Estre avec un profond Respect, Monsieur, Vostre tres humble et tres obeissant serviteur

J[osep]h Mazurié

Mr. Franklin, chargé des affaires des provinces ûnies de l’Amerique
Il est arrivé à Brest des Le Commencement de ce mois de septembre 1780 un Navire Anglo Americain, chargé de Tabac, de bois de Campeche et de Mérain pour fûtailles, venant de Philadelphie. Sur l’avis que Le Sieur James Armitage, Cap. de ce Navire a donné de son arrivée au sieur James Cuming agent des Provinçes ûnies de L’amerique, a L’orient, il Luy a été repondû que la quantitte de Corssaires qui croisent Le Long de nos cotes de L’orient a Brest Lui faisant courir autant de risques dans cette courte traversée qu’il en avoit déja courû de La Delaware a Brest, il luÿ valoit mieux se rendre avec sa cargaison au Port de Landerneau ou il pouvoit ce procurer des Magazins commodes et a beacoup meilleur marché qu’a Brest, outre que Landerneau n’estant que a sept Lieux de Morlaix ou la ferme a une Manufacture de Tabac, Le sien en seroit d’autant plus avantagé a la vente. Sur cette reponçe Le Cap. Larmitage s’etant presenté au bureau des Ports et havres avec le pilotte pratique quil avoit fait venir de Landerneau le préposé lui a refusé ses expeditions, Lui allegant un arrest du conseil, qui l’obligeoit a décharger sa Cargaison a Brest ou a l’aller porter a L’orient, alternative que pour les raisons desja alleguées cÿdessus ne peut du tout convenir a ce Cap. et tend a êloigner Les anglo-americains de nos parages et Leur faire porter, avec risques, ailleurs Leur commerçe. On est persuadé que Le Conseil n’a limité le commerce des anglo-americains aux Ports de Brest et de L’orient en Bretagne que sur des raisons suffisantes, mais si ce tribunal s’est déterminé d’aprais l’avis de M.M. Les fermiers Generaux, souvent portés aux prohibitions sans en examiner les Suites, Jugeant quelquefois d’aprais Le rapport Interréssé d’Employés mal instruits, comme le prouve la reponce faite par la ferme dans la fin de l’année derniere au mémoire adressé par le Commerçe de Landerneau au Ministere pour en obtenir que notre port fut mis au Nombre de ceux auxquels Le Commerçe de L’Amerique est permi, ne pouroit on pas    que Le Port de Landerneau aÿant été déja regardé par Les Commandants de La Marine comme une annexe (?), un dépot, une décharge du Port de Brest, d’ou l’on ÿ a envoÿé plusieurs navires marchands, Le Ministere qui veut favoriser nos Nouveaux alliés se portera a Joindre Le Port de Landerneau a celui de Brest d’autant plus volontiers que cette Nation en Nous portant a Brest les Mûnitions Navales trouvera a Landerneau, place de Commerce et Païs de Manufactures, des denrées pour ÿ emploÿer le produit de Ses Cargaisons et ce Charger en retour pour L’amerique. Si le Port de Landerneau demeure fermé aux americains il est a craindre que il en viendera peux en ce qu[artier?] que dans Le Cas ou ils ne pouronts s’en dispenser. La Crainte de fraude ne peut entrer dans le refus fait à Brest estant tres façille d’ÿ obvier par le grand Nombre d’Emploÿés aux fermes que on peut mestre a Bord des Navires et Le Long de la Riviere et Rade de Brest a Landerneau, qui est que de deux Lieux; Le Navire randû au Port, et même avant, Le Directeur ou Reçeveur ÿ fait aposer Les Sçellés, la Marchandise pesée sortant du Navire et mises en Magazin il en a Les Clefs. Il resûlte, il me semble, que il doit estre indifferent a La françe que Les Americains viennent en un de nos Ports ou en un autre mais tres essentiel d’Encourager Leur Navigation surtout a l’aproche et au voisinage d’un port de Guerre raport a L’importation que ils pouront faire des divers ôbjets ûtiles a L’armement de Notre Marine Roÿalle.
a Landerneau ce 18e Septembre 1780
J[osep]h Mazurié
Neg[ocian]t
Addressed: A Monsieur Monsieur Franklin, chargé des affaires des Provinces ûnies de L’Amerique a La Cour de Françe a passy
635073 = 033-304a001.html