Je crois avoir quelqu’interêt a honorer la science, et surtout celle de l’invention, mais quelque puisse etre mon respect pour un savant d’ont la reputation a passée depuis longtems et avec tant d’eclat, du nouveau Monde dans l’ancien, c’est a lhomme d’Etat et au digne Representant d’une grande Nation que j’ai l’honneur de preter la parole et d’adresser mon livre.

Vous n’y trouverez pas, Monsieur, mais vous y verrez que j’ai trouvé une nouvelle methode plus simple, plus économique et plus parfaite pour planter et cultiver la vigne: vous y verrez encore que mes inventions et mes nouveaux procedes pour la manipulation et la fermentation des vins, ont la d’ouble proprieté de les rendre beaucoup meilleurs et d’une plus longue durée.

Toutes ces inventions, Monsieur, que je crois pouvoir vous presenter comme le seul code general de la Vigne et des vins pour les matieres auxquelles elles se rapportent, ne conviennent pas moins a l’Amerique qu’a l’Europe, et j’espere que ce ne sera pas un savant tel que vous, qui mettra la chose en doute; ainsi, Monsieur, en travaillant pour un Monde, j’ai travaillé pour l’autre, et plus encore, en quelque sorte, pour le Nouveau ou, a cet egard, tout est encore a faire, que pour l’ancien, ou tout est fait et a défaire. Il y a plus, Monsieur, c’est qu’en travaillant pour ce dernier, mon intention a eté de travailler en même tems, pour l’autre, et je m’en suis expliqué assez clairement, dans l’ouvrage que j’ai donné avant celui que j’ai l’honneur de vous faire passer.

Ne croyez cependant pas, Monsieur, que je vous fasse cette remarque en vue d’aucun interêt pécuniaire. Comme je ne demande point l’or de mon pays, je ne demande point non plus celui des Nations etrangeres; quoique, dans ma maniere de voir, je croye y avoir encore plus de droit; mais, lorsque je suis assez heureux pour leur rendre les plus grands services, je voudrois, au moins qu’elles regardassent ces services comme des bienfaits, et qu’elles daignassent me le temoigner. J’ose dire plus, Monsieur, c’est qu’elles y ont interêt, et je me flate que si vous me faites l’honneur de lire mon livre, vous en serez persuadé.

J’ai l’honneur d’estre avec un profond respect, Monsieur, Votre tres humble et tres obeissant serviteur