M. Le Docteur franklin croit qu’il conviendroit d’instituer en france des Pensions ou les enfants des americains eussent le libre Exercice de leur religion. Leur pere n’aprouvent pas qu’on les menne a la messe, et c’est l’usage des pensions des environs de Paris ou les enfants des etrangers sont meslés avec les Nationaux.
Pour donner cette facilité avec toutte l’etendue qu’elle meriteroit et sans scandaliser le Clergé, il faudroit je crois accorder le privilege d’unne Chapelle aux Consuls des Nations Etrangeres dans les differents poste du Royaume, ainsy que les Ministres en ont dans leurs hotels a Paris. Ces Consuls pouroient estre logés dans de vastes maisons ou ils auroient soin d’attirer des instituteurs pour les sciences, et cette facilité de Chapelle fixeroit Beaucoup d’etrangers dans le Royaume.
Mais comme il peut paraitre important de ne pas laisser accroître en amerique le Mecontentement des Peres qui scavent qu’on menne icy leurs enfants a la messe puije proposer a M. franklin de faire disposer chez luy unne Chapelle a Passi et en mesme tems de s’occuper d’unne institution pour l’education des americains. Il y a a la Proximité de l’habitation de M. franklin a Passi des Bastiments etendus et qu’on pouroit accroistre a peu de fraix pour y former unne grande et Belle pension ou on n’admetteroit aucuns Catoliques pour ne pas faire de Meslange et eviter les Cacquets. Je crois qu’un pareil etablissement vu un peu en grand, sans cependant Beaucoup de depence, pouroit estre de la plus grande utilité pour le Royaume. Et comme L’amerique aura toujours un Ministre a Paris le pretexte de la Chapelle eternisera l’institution pour l’education auquel il ne faut donner aucun eclat afin de menager les poumons du Clergé.