From — Briant (unpublished)
De La chapelle ce 2 7bre 1783
Monsieur

J’ai un parent jeune encore puisqu’il n’a pas 40 ans, mais a qui il est arrivé tous les malheurs a la fois, il a perdu en trois années de tems toutte sa fortune et la plus forte partie de sa famille; de plus ce qui arrive ordinairement en pareil cas, il est abandonné de ses meilleurs amis, de ceux même qui Luy avoient des obligations essentiels. Enfin il se trouve le plus malheureux de tous les hommes, il dévoit cependant se flatter d’étre heureux, autant que notre malheureuse éxistence peut le permettre, il est né honnête, délicat, et sensible, de ces trois points pouroit naitre le bonheur, sy les hommes étoient moins méchants, mais le plus souvent ils font notre malheur. Cet homme a de plus beaucoup d’intelligence, il est travailleur, et économe, et ce qui en est une preuve incontestable, c’est qu’en dix ans de commerce assidu, il a gagné cent quatre vingt mil Livres, que son bon coeur et sa franchise Luy ont fait perdre en bien moins de tems, il a une femme qui l’a secondé en tout, et qui ne demande ainsy que luy qu’a travailler, mais ils désireroient le faire dans un tout autre payis que celuy qu’ils habittent, leur party est pris de quitter la france ou ils ont éprouvés tant de malheurs, et ils ont par les Conseils d’un amy choisy le vôtre, et celuy dont vous étes le protecteur icy. On leur a fait éspérer que vous sétiez le leur dans cette circonstance, et que vous voudriez bien leur donner les renseignements nessésaires a ce party, et leur éviter s’il est possible les trop gros frais qu’éxige un tel voyage. Je suis chargée par eux d’avoir l’honneur de vous voir, mais je n’ai pas voulu le faire, sans vous démander votre jour, et votre heure, ne demeurant point a paris dans ce moment je vous suplie sy vous m’honorez d’une Réponse, vouloir l’adresser a mr Debernieres administrateur des hopiteaux porte de la Colonade du vieux Louvre. Cet amy qui nous est commun a eux et a moy se chargera de me la faire rémettre je n’entre pas dans un plus long détail craignent de vous étre incomode. J’ai l’honneur d’etre Monsieur Votre tres humble servante

Briant

Endorsed: Brillant, 2 7bre 1783.
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