From Pierre and Jean-Baptiste Payen (unpublished)
A Son Excellence Monsieur Franklin Ministre Plénipotentiaire Des Etats unis de l’amérique Septentrionale auprès de sa Majesté très Chrétienne.

Supplient très humblement Pierre et Jean B[aptis]te Payen freres manufacturiers de la draperie Royale de sedan exposants que le Sieur Pierre Payen leur pere aussi manufacturier de la ditte draperie royale, dont la probité est généralement connuë, se trouvant après cinquante années de travail réduit dans un état de misère causée par des malheurs inévitables et des pertes réitérées qui ne lui permet plus de pourvoir d’une maniere satisfaisante pour sa tendresse à l’Etablissement D’une famille nombreuse, ses enfants se voyent forcés en se dispersant de chercher à se procurer les moyens de subsister et de réparer, s’il est possible, les injustices de la fortune par un emploi honnête et utile de leurs talents.

Les suppliants, qui se sont rendus dans la Capitale munis de lettres de recommandation pour plusieures personnes distinguées par leur naissance et par le rang qu’elles occupent, desireroient passer dans les Etats unis de l’Amérique Septentrionale; mais n’ayant pas les moyens de subvenir aux frais du trajet ils ont recours à votre Excellence, la suppliant de vouloir bien le leur accorder gratuitement et prennent la liberté de faire les observations suivantes.

Le fléau cruel qui désole dans ce moment les lieux qui, pour le bonheur de l’amérique septentrionale, ont vu naître votre Excellence, ne peut plus étre d’une bien longue durée, les Etats unis Jouissants une fois d’une paix assurée et d’une indépendance reconnuë de toutes les puissances chercheront sans doute les moyens les plus prompts et les plus capables de réparer les maux affreux qu’entraine nécessairement après elle une guerre longue et destructive, et regardants les manufactures, ainsi que l’ont fait les nations les plus éclairées, comme une Source inépuisable de richesses et un moyen sur d’empescher l’exportation abusive et ruineuse des Espèces, ils se décideront peut être à en etablir une de draps qui, si elle ne devenoit pas une branche considérable de commerce d’importation, fournirait au moins à l’habillement des troupes et des heureux sujets de la république: personne (les suppliants ôsent s’en flatter sans craindre d’etre accusés de trop de présomption) ne seroit plus capable qu’eux de remplir à cet Egard les vuës sages et patriotiques du gouvernement.

Nés dans une ville ou se fabriquent sans contredit les draps les plus parfaits de l’Europe, élevés au milieu des atteliers par un pere qui s’etant appliqué lui méme dès son enfance à l’art de la draperie l’a exercé pendant cinquante ans, ils se flattent d’avoir acquis les talents et les lumieres nécessaires pour pouvoir porter une manufacture naissante au plus haut degré de perfection.

En attendant une paix si desirée qui peutêtre sera l’époque de cet établissement aussi avantageux pour l’état que pour le peuple, les suppliants capables d’exercer toute espéce d’emplois pourroient, honorés de la protection de Votre Excellence, trouver à se placer chez quelque negociant, où remplir telle charge que le gouvernement jugeroit à propos de leur confier; et dans le cas où Votre Excellence croiroit ne pouvoir procurer d’emplois aux suppliants, Ils sont en état de porter les armes et ils serviront avec plaisir contre les ennemis de la république en qualité de volontaires sous l’espoir d’un avancement qu’ils s’efforceront de mériter: l’un d’eux a fait un séjour de huit mois à londres et apprendra facilement l’anglois, l’autre a déja eu l’honneur de porter pendant quelque tems les armes au service de Sa majesté trés chrétienne.

Les suppliants à qui leurs facultés ne permettent pas de faire un long séjour dans cette ville espèrent que votre excellence voudra bien ne pas tarder à leur faire sçavoir qu’elle est son intention et sur quoi ils peuvent compter.

Votre Excellence peut etre bien assurée qu’elle n’aura jamais à se répentir des bontés dont elle honorera deux honnêtes infortunés qui en conserveront une Reconnoissance éternelle et qui ne cesseront d’adresser au ciel des voeux ardents et sincères pour la prospérité des provinces unies de l’Amérique septentrionale et la Conservation des Jours prétieux de Votre Excellence.

Pierre et J Bte. Payen freres

Endorsed: Memoire De Pierre et Jean Bte. Payen freres Manufacturiers De la Draperie Royale de Sedan.
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