James Milne to Controleur Général (unpublished)
Dernier Mémoire presenté à Mr Le Controleur Général, Par le Sr. Milne.
Monseig.

Le Sr. Milne, inventeur des méchaniques établies a Neuville en franc Lionnois, pour carder et filer le Coton, a l’honneur de vous réprésenter: que, Se trouvant autorisé, par la Faillite et la mort du Sr. Perret son associé et par l’aposition des Sçellés Sur les biens de Mr. D’hauteroche son autre associé, à abandonner une manufacture où il a emploié, pendant quatre ans, Ses talens et Ses peines, il a determiné dans ces Circonstances Son père et Son frere à quitter Neuville, mais que quant a lui il y est resté Jusqu’au 13. du mois dernier et n’en est parti que pour venir ici réclamer votre Justice et faire valoir Ses prétentions. Quelques personnes ont hazardé de dire que M. Le Duc de Manchester etant allé visiter la manufacture de Neuville avec M. Deflesselles; Ce Seigneur Anglais avoit cherché a ramener la famille du Sr. Milne en Angleterre. Le Sr. Milne ose affirmer qu’il n’a vû ni à Neuville, ni à Paris Mr. Le Duc De Manchester et que S’il y est venû voir la Manufacture de Neuville, c’est entierement à Son insçu et a celui de son père et de son frère.

Depuis son arrivée à Paris il a apris qu’un particulier, imitateur de la machine D’arkwright, prétendoit que cette machine n’avoit aucun raport avec celle établie à Neuville. Il est cependant très vrai que celle D’arkwright, la même du particulier qui la représente ici, est une imitation de celle à filer du Sr. Milne, mais la perfection des méchaniques de ce dernier, l’aissant celle du particulier imitateur infiniment en arriere presente une Supériorité frapante: 1o. en ce que les combinaisons Sont beaucoup plus Simples, 2o. en ce que les pieces ont un moindre frottement avec une puissance de mouvement qui produit plus d’effets, 3o. en ce qu’elles rémissent trois objets qui Sont de carder, nettoyer et filer en gros, en même tems; (Moyens inconnus partout ailleurs et baucoup plus perfectionnés qu’a Manchester même où le Sr. Milne a établi Ses premiers essays en ce genre.) 4o. Et Enfin, en ce que l’invention et l’art de carder et filer en gros, en même tems, apartiennent exclusivement et absolument au Sr. Milne. Ce que l’on ne peut lui disputer et ce que l’on ne peut imiter, à moins que l’on n’abuse des circonstances pour entirer des modèles. Le Sr. Milne à l’honneur, de vous observer à cette occasion, Monseigneur, qu’une machine qui carde et file en même tems a un avantage prodigieux Sur deux machines Séparées dont l’une carde ici et l’autre file là: 1o. en ce que la continuation Simultanée du cardage et filage est le Veritable et unique moyen de conserver, dans la filature, l’egalité nécéssaire à la grande perfection de cet objet; 2o. en ce que dans la machine Separée pour filer en gros, d’après le plan d’arkwright et par conséquent de son imitateur, on est obligé de répéter plusieurs fois l’operation; ce qui interrompt l’égalité et la célérité obtenues par celle du Sr. Milne.

A Tous ces avantages il en faut joindre un autre qui paroit n’avoir été nullement aperçu par les personnes qui l’ont inspectée; c’est a dire que la machine du Sr. Milne est aussi propre à la chaine qu’à la trame.

Outre cette méchanique le Sr. Milne en a établi deux autres à Neuville dont l’une, pour filer la Chaine et l’autre, la trame, à tous les degrès possibles de finesse et d’égalité. La premiere, celle qui file la chaine, donne tout le tors que l’on desire à la filature, et la derniere, qui file la trame, lui donne aussi peu de tors que l’on desire, Suivant le besoin qu’en a le manufacturier.

S’il plaisoit à Votre Grandeur de faire verifier tous ces objets, le Sr. Milne, la Suplieroit d’envoyer Sur les lieux M. Vandermonde qui a la confiance du Gouvernement, afin d’examiner les choses et de lever tous les doutes que l’on pourroit avoir à cet égard.

Après cet examen Le Sr. Milne ose espèrer, Monseigneur, que vous voudrès bien lui accorder: 1o. Un privilège aux même termes et exemptions que celui donné au Sr. Perret, il y a environ deux ans; afin d’établir, Soit à Neuville, Soit ailleurs dans le Royaume, une manufacture de toutes sortes de filatures et de toiles de Coton. 2o. Toutes les méchaniques qui sont dans la manufacture de Neuville à titre de don de la part du gouvernement. Ces méchaniques inventées par le Sr. Milne ne peuvent être conduites et maintenues que par lui; et c’est d’après le zéle et les Soins qu’il mettra à les faire valoir que le Gouvernement pourra espérer de tirer quelque avantage des 125. mille Livres qu’il a bien voulu accorder au Sr. Perret et qui pourroient être regardées comme entierement perdues sans ces circonstances. Le Sr. Milne n’a d’ailleurs participé en aucune manière à L’emploi mal entendu que le Sr. Perret à fait de cette Somme. 3o. Le Sr. Milne espère que le Gouvernement voudra bien lui accorder une pension, en considération de ce qu’il a préferé a porter et établir en france ses differentes méchaniques et en égard au tort considerable que sa fortune a eprouvé par la faillite du Sr. Perret. Comblé alors des Bontés du Gouvernement il fera revenir en france son père et son frère dont les talens pour les méchaniques sont également très connus; et ils travailleront de concert par des inventions nouvelles, à perfectionner differentes autres branches de Commerce auxquelles on n’a point encore pensé dans ce pays ci.//:

633703 = 031-328b003.html