Je profite du départ de Mr. Bencroft, mon cher amy, pour vous donner de nos nouvelles, vostre grand papa vous dira ma destiné depuis linstant ou je vous ai quittés jusqua mon retour a Passy que jay revu le Surlendemain au Soir, je n’ai pas encore remis vostre lettre n’ayant pas pu la donner moy même, et n’ayant point eu d’occasion sure; vos chevreuils ne sont pas encore ici, je sais qu’il en est mort deux, mais on doit les remplacer, mon intention comme nous en sommes convenus est de les laisser chez Mr. Le Roy ou ils sont mieux que partout ailleurs, jusqu’a ce que jaye avis d’une occasion au havre alors je les ferai mettre en cage d’après nos reflexions et les avis de mr, Le Roy, on dit qu’il faut absolument les separer, et que les parois des cages soient pleines afin quils ne soient pas inquiétés par les allans et venans, on laissera seulement le dessus a jour, mr. de Jefferson s’est servi de ce moyen pour transporter un cerf mâle chez luy.
Jay enfin vos tables, mais il a fallu livrer beaucoup de combats, c’est une espéce de roman que leur histoire, a la fin j’ay offert de les payer, et je crois que cette proposition a ouvert les yeux, au surplus les difficultés ne venoient pas de Mr. de chaumont, mais d’une demoiselle, qui ne supportait pas l’idée de se separer de ce qui vous avoit appartenu, ingrat que vous estes!
Vous serez sans doute enchanté d’apprendre ainsi que mr. houdon que j’ay trouvé vos effets et les pieces arrivés au havre et qu’un jour plus tard vous les auriez emportés, mais consolez vous il est probable que vous les aurez deux ou trois mois après votre arrivée.
Voulez vous bien embrasser pour moy, le capitaine, monsieur houdon, le cher benjamin, et monsieur Williams a qui vous voudrez bien dire que j’ay remis sa lettre a madame Williams et qu’en même temps je luy ai rendu compte de la beauté du Vaisseau, de toutes ses commodités, de l’immensité des provisions dont graces a ses soins il est pourvu, enfin de l’amabilité du capitaine. Adieu mon cher amy, je vous aime bien tendrement et pour toujours, faites connaistre en amérique ce que vous vallez et revenez chez nous chargé de ses intérests, si cela tardoit trop pourtant, venez nous faire une visite bien longue. Mais soyez toujours americain.
Ma femme et ma fille ne veulent pas que vous les oubliez jamais.