From Charles-Henri Titius (unpublished)
à Dresde le 2 Juillet 1783.
Monsieur!

J’ose prendre la liberté de demander une grace à Vôtre Excellence, et connoissant Vôtre façon de penser, je suis presque sur de l’obtenir. Un de mes amis, un Gentilhomme de nôtre pays brule du désir de voir l’amérique; deja pendant la guerre il avoit formé le projet d’y aller et d’offrir ses services au Général Washington, mais d’un côté ses affaires de famille et de l’autre la guerre que nous avions nous mêmes l’en empecherent, puisq’uétant alors Capitaine de Cavallerie il ne put obténir son congé.

A présent la guerre étant finie et l’amérique jouissant en paix des fruits de Vos travaux Monsieur, il ne croit plus pouvoir faire sa fortune de ce côté la. Il s’est donc resolû d’essayer celui des affaires, et c’est pour lui que je supplie Vôtre Excellence de lui procurer un employ aux services des Provinces unies de l’amerique. Il écrit l’allemand, le francais et l’anglois, et parle de même ces trois langues assés bien; l’étude de la derniere a toujours été son occupation favorite; il a encore d’autres connoissances qui peuvent être utilles dans une ambassade. Il n’est pas riche mais après la mort de sa mere, il aura un bien honête, et peut-être après la mort d’un frêre très riche, il le sera aussi. Il est resolû de se fixer un jour en amérique mais sa présente situation ne lui permet point de faire ce grand voyage à ses dépenses, c’est pourquoi il est resolû de Vous offrir ses Services. S’il pourroit avoir le bonheur d’être employé auprès de Vôtre Excellence et de travailler sous Vos ordres, il preferreroit cela aux places les plus lucratives, car il se flatte de gagner par son assiduité Vôtre estime, et ayant la Vôtre il est sur d’avoir celle de toûte l’amerique. C’est un homme de trente ans auquel on peut confier des affaires de conséquence, et je reponds entierement de lui. Il n’a pu risquer le voyage à Paris pour se présenter à Vôtre Excellence, sans avoir quelque probabilité de reussir, mais aussitôt que Vous daignerés me répondre, et me promettre de l’employer de quelque façon que ce soit, il y viendra immédiatement pour se presenter, et apres avoir reçu Vos ordres, il Vous demandera la permission de s’en retourner pour un tems três court chés lui pour mettre ordre à ses affaires; ou bien, si Vôtre Excellence auroit besoin de lui immédiatement, je Vous supplie de me fixer le tems ou il doit arriver à Paris.

Au reste je Vous supplie de pardonner la longueur inconsiderée de ma lettre, mais c’est le désir de servir mon ami qui en est la cause, et je suis persuadé que cette raison m’excusera auprès de Vous. J’ai l’honneur de me nommer avec le plus profond respect Monsieur de Vôtre Excellence le très humble et très obéissant serviteur

Dr. Charles Henri Titius

Endorsed: Titius 2 Juillet 1783.
639924 = 040-u013.html