Vous serez étonné qu’une personne qui n’a pas l’honneur d’être connue de vous ose implorer votre secours. Les sentiments d’humanités et de générosités qui vous caracterise et les malheurs qui m’accablent sont mon excuse. Vous en jugerez monsieur par l’exposé que je vais vous faire: mon mary est maître tailleur les pertes considerables quil a fait dans son état nous ont reduits dans la plus cruelle peine. Pour remplir les engagements que nous avions contracté avec nos marchands et ne leur faire aucuns torts nous avons faits tous les sacrifices possible. Denué de tout aujourd’huy nous sommes hors d’état de travailler quoique jeune encore ne pouvant (?) avançer quand on nous commande de l’ouvrage nous perissons de misere dans l’interieur de notre ménage. Ce qui acheve de m’accabler cest de voir un enfant de quatorze mois partager notre infortune et manquer très souvent du plus strict necessaire. Je brise Monsieur sur des details trop affigeant pour une âme sensible. D’aignez en être touché allors mes malheurs sont finis. Je me reduits a vous prier de nous faciliter les moyens de passer aux etats unies de l’amerique. Mon mary y professerait son metier de tailleur et moy le mien qui seroit de travailler en modes ou faire l’éducation de quelque jeune personne. Je nai d’espoir qu’en votre générosité. Si le titre de malheureux sufit pour vous interesser que ne doisje pas esperer. Jai l’honneur d’être avec un profond respect Monsieur Votre très humble et obeisante servante