Louis Gourlet Duplessys Natif de Paris, ancien Sergent du Regiment du Colonel Livingston, et Invalide Pensionné des Etats unis de Lamerique, resident actuellement à Noyon en Picardie
A l’honneur de vous representer, qu’il etoit domicilié depuis vingt six ans a Quebec dans le Canada, Lorque la guerre s’est Elevé entre L’angleterre et les Etats unis de L’amerique, qu’aprés la Prise de cette Place par les Anglois, le Nouveau Gouverneur l’avoit voulu contraindre a prendre les armes contre la france et Les Etats unis de L’amerique, mais qu’attaché par ses Sentimens aux Alliés de sa Patrie il avoit Preferé de quitter ses Enfans et son Bien, et de se jetter dans le Parti des Etats unis de L’amerique; et qu’il a eu l’avantage de leur prouver son attachement en leur recrutant Cinquante Canadiens et en servant en qualité de Sergent dans le Regiment du Colonel Livinston; Qu’aprés s’etre trouvé a plusieurs actions, avec son Regiment entre autres a Rodelan, [Rhode Island?] il avoit été fait Prisonnier de Guerre: Qu’aprés son Echange, les Etats unis en consideration de ses Services, et de ses infirmités Lui avoient accordés les invalides; qu’alors ne pouvant retourner avec ses Enfans dans le Canada, il s’etoit determiné a repasser en france dont il etoit absent depuis vingt six ans et de se rendre a Paris dans L’Esperance d’y retrouver sa famille. Mais qu’ayant apprit qu’elle residoit actuellement à Noyon en Picardie, et se trouvant denú de tout Secours, il Prit La Liberté de se presenter devant vous dans le courant du Mois de juillet dernier et de vous remettre sous les yeux les certificats cy joints de Ses Services et de vous demander l’honneur de votre protection, qu’il a eu la satisfaction d’Eprouver des Effets de votre Generosité et de votre Bienfaisance, et d’obtenir la promesse de votre protection, lorsqu’il auroit retrouvé sa famille.
Depuis ce tems, s’etant rendu a Noyon il y a en effet retrouvé sa famille. Mais la longue absence qu’il a fait hors de sa Patrie, sans que l’on y ai recu de ses Nouvelles, ayant fait douter de son Existance, il se trouve que le Peu de fortune qui lui revient de son Pere a eté aliené, en sorte que ne pouvant retourner avec ses Enfans dans le Canada tant que la Guerre durera, et Etant obligé de rester à Noyon pour se faire reintegrer dans ses droits, il se trouve denué de tout, et a charge à ses freres et soeur dont la fortune est tres mediocre.
Dans cette facheuse extremité, il a recours a vos Bontés et reclame la Protection que vous avez daigné lui promettre et Desirant obtenir des secours pour sa Subsistance, il vous suplie de vouloir bien lui obtenir en france, le Payement de La Pension d’invalide que Les Etats de Lamerique ont bien voulu lui accorder et il ne cessera de faire des voeux pour la conservation de vos jours et pour la prosperité des armes des Provinces unies de l’amerique.