From George Leopold Besson (unpublished)
Montbeillard le 4e Juin 1780.
Monsieur,

Quelque persuadé que je sois de votre Générosité, je ne saurois m’empêcher d’avoir une très grande discrétion, quand il s’agit de vous importuner en l’état triste et déplorable ou je me rencontre. Cependant il y a des tems qui me semblent privilégiez, comme celui ou l’on se trouve dans un danger imminent, me trouvant donc dans la plus grande détresse, je crois que chaque homme, lorsqu’il se voit sur le point de périr, est en droit de chercher à se conserver, par toutes les voies que la prudence lui suggére et que l’humanité peut tolerer. Je suis bien éloigné, Monsieur, de prendre Votre silence pour un refus de la Grace, que j’ai osé demander respectueusement à Votre Excellence, dans mes précédentes Lettres; Mais je l’attribue à Vos Importantes occupations. Des Personnes d’un Rang supérieur et d’un Merite Distingué, de France et des Païs-Bas, n’ayant pas dédaigné, de m’honorer d’une réponce aux demandes de secours que j’ai osé leur faire, ce que je peux justifier par des Lettres, très obligeantes, qu’accompagnoit les secours qu’ils ont bien voulus me faire passer, il y à quelques années, ce qui me fait espérer que Votre Excellence qui est Eminemment vertueuse, ne me jugera pas indigne de la Grace que j’ose lui demander très humblement avec Larmes et des cris redoublés, car je suis un pauvre abandonné, je n’ai aucun parent sur lesquels je puisse compter, et plus de Protecteur; que faut il que je Devienne? il faut que je perisse avec ma triste famille, si quelques Ames sensible n’a pitié de mon triste sort. Ah! N’y à t’il plus dans le Monde des Ames faites pour compatir aux maux de leur semblable, et pour leur donner quelque consolation dans leur malheur? Si vous saviez, Monsieur, avec quelle impatience et soumission j’attends la faveur que j’ai osé vous demander respectueusement, dans les Lettres que je me suis donné l’honneur d’adresser à Votre Excellence, je veux croire qu’Elle seroit assez charitable pour me tirer de cette horrible détresse, et pour mettre mon esprit en repos. Mais comme c’est une grace que je ne puis espérer que de votre seule Bonté, plutôt que de la passion que j’ai pour votre service, ne sachant pas encore si elle vous est agréable, j’ai recours aux très humbles prières que j’ose faire à Votre Excellence, dans lesquelles j’implore sa Protection, pour ma vie et celle de ma triste famille.

J’interromps mon agonie pour avoir le plaisir, c’est le seul que j’aie dans ce monde, d’assurer respectueusement Votre Excellence, des priéres ardentes que je fais journellement à Dieu pour sa santé et sa parfaite prospérité.

C’est avec les sentimens de la plus parfaite consideration, que j’ai l’honneur d’etre, Monsieur, De Votre Excellence Le très humble et très obeissant serviteur

George Leopold Besson

Endorsed: George Leopold Besson 4 Juin 1780.
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