From Jean Pierre Carayon, Madame — Chadenede, and Madame — Chabert (unpublished)
A Nismes 16. Fevrier 1783.
Monseigneur,

Le Sieur Jean Pierre Carayon, negoçiant à Nismes, Dame Chadenede veuve du Sr. Ducastel, et Dame Chabert veuve du Sieur Blaud, Habitantes de la même Ville de Nismes ont l’Honneur d’exposer à votre Excellence que vers la Fin de l’annee 1781, le dit Sr. Carayon, et les Sieurs Ducastel et Blaud entreprirent d’expedier une certaine Quantité de Marchandises pour l’amerique septentrionale: les deux derniers s’embarquerent à Marseilles, relacherent pendant quelque Tems au Fort Royal à la Martinique, et se rendirent ensuite à Newbern dans la Caroline du Nord, ils arriverent dans ce Continent au commencément du mois d’Aout 1782; ils s’occuperent de la vente de leurs Marchandises, ou à les échanger contre des Productions du Païs, lorsqu’ils furent atteints l’un et l’autre, d’une Maladie contagieuse, qui les enleva dans l’Espace de sept à huit Jours. Cet Evénement malheureux a été annoncé par les Sieurs Vanschellebeck, et Mailhot negociants Francois établis à Newbern chez lesquels les Defunts avoient deposé tout leurs Effets; les Lettres de ces Negociants ont inspiré de la Confiance au Sieur Carayon et aux Veuves de ses Associes; une pareille Confiance paroit être justifie par les Temoignages avantageux que Monsr. Chapont, resident actuellement dans le même Etat de la Caroline, et qui doit être revetu de la Qualité de Consul de France, donne de la Probité des Srs. Vanschellebeck et Mailhot; les Suppliants leur font passer les Pouvoirs les plus étendus, mais comme les Procureurs fondés par leurs Lettres d’avis, que lorsqu’un Etranger vint à déceder en amérique, la Justice du Païs s’empare des Effets delaisses, qu’elle nomme le premier qui s’offre pour suivre l’administration des Successions, qu’il arrive souvent que de tels administrateurs sont, ou infideles ou insolvables, que d’ailleurs plusieurs autres Francois, auquels les Defunts n’avoient pas jugé a propos de remettre leurs Effets, conduits soit par Jalousie, ou par avidité, chercherent à faire changer le Depôt entre leurs mains. Le Sr. Carayon et les deux Veuves ont le plus grand Besoin d’être protegés, ils sont tous chargés de Famille, obligés de chercher dans des Ressources extraordinaires, les Moyens de la soutenir, jusqu’à ce qu’ils reçoivent des Retours de l’amérique, ils sont encore forcés de faire face à des Engagemens qui seroient deja remplis, si les Defunts eussent éprouvé une meilleure Fortune; ils ont donc recours Monseigneur à votre Excellence pour parvenir à retirer leur Biens; ils la supplient très humblement d’interposer son Credit, de vouloir bien engager les Membres du Gouvernement des Etats Unis de l’amérique, à donner les Ordres necessaires pour que les Officiers civils de l’Etat de la Caroline du Nord passent maintenir les Sieurs Vanschellebeck et Mailhot dans les Pouvoirs qui leur ont été donnés, qu’ils veillent à ce que touts les Effets et Marchandises, laissés par les Defunts, leur soient remis, en supposant que quelques autres Personnes fussent parvenues à s’en emparer par Ruse, par Violence, ou par Ordre de Justice, à ce que les dits Effets soient vendus ou echangés le plus promptement possible, et Enfin à ce que la Gestion des Affaires des Suppliants soit remplie avec toute la Fidelité qu’ils une Droit d’attendre de leur fondés de procuration.

Le Sieur Carayon, les Veuves Ducastel et Blaud, attendent tout, Monseigneur, de votre Bienfaisance et de votre Justice; leurs Malheurs, leur Situation, et vos Vertus soutiennent les Esperances qui peuvent leur rester.

(signed)J.P. Carayon
Chabert, veuve Blaud
Chadenede, veuve Ducastel
A Monseigneur de Franklin, Ambassadeur des Etats Unis de l’Amérique auprès de Sa Majesté très Chrétienne.
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