From — Taillefert (unpublished)
Nantes Le 18 fevr. 1788.
Millord.

Sans flaterie Vous Est Le Premier homme de l’univers, Et je me Consoleray de ma perte Si Elle à lieu, puis quelle me Met à Même de Vous Rendre Ce juste homage. Le Siecle present Voit Vos peines, Vos Soins pour Rendre Votre Bon peuple heureux. Le nom des Sept Sages qui ont illustrés, Et Leur patrie En particulier; Et toutte La grece Est passé Jusqu’a nous. Et Le Votre marchant d’age En age, Sillustrera Encore par La pratique Constante, de Sagesse, de Cordialité, d’unanimité que Vous Voullés inculquer dans Ce Bon peuple, qui Le Rendera Un jour Le premier de L’univers.

Millord, je me presente Sous Les auspices d’un Nom qui ne Vous à point Eté Inconnu dans La periode de 1750 à 60. (taillefert.)

Dans Le temp que Les affaires de Votre Bon peuple Vous faisoint passer Et Repasser Les Mers pour Leur Donner Une Consistance, qui Luy assura Ce bien precieux de la Liberté, Vous Vinte á   . vous Logeat chez M Grüet Un de Nos concitoyens. L’Empereur que Nous avons Vûs icy depuis icy, N’Excita point dans Tous Les Coeurs La Veneration. Le Respect pour Luy que     Sentir pour Vous. (C’est, Cependant Un grand homme) Les   qui Le promenent dans toutte L’Europe Sont Sublimes.) J’En instruisis taillefert     au Prince mon frere. il me marqua En Reponse qu’il avoit Eut l’honneur de Vous Connoitre à philadelphie, que Vous Luy faisiés Celuy de luy temoigner de la Consideration, quil Etoit bien faché de N’Estre pas dans Sa patrie, pour augmenter Le Nombre de Vos admirateurs.

C’est donc, Millord, Sous Le Nom de Taillefert, que je me presente á Vous. Tous Les hommes Sont Vos amis; faisant partie de Cette grande famille, jai Sollicitte Votre douce Influence pour me Reintegrer dans des droits que Mon Inexperiance ma fait negliger, dans Une affaire que jay Consommé, Et que jay rendüe funeste à mon bien Estre, N’ayant pas fait quittancer Les Contracts, ou Le prix   Ce que je Donnois pour Les Domaines que Lun Me Cedoit, Etoit Specifié. Cet oubli Si funeste à Mon Repos, á ma fortune, fait pour Moy, ou feroit par La Suite Une Difference à ma perte de quatre vingt          . Voila Millord l’histoire de Ma Beveüe.

En Aoust 1784 M. Pierre Charle peyroux Donnoit du terrein, donnoit des maisons, des Rentes foncieres pour achetter des marchandises, pour aller Enfin dans quelqu’unes de Vos provinces y Etablir Un Commerce qui Le Mit Egallement En Liaison avec Votre bon peuple, avec Les anglais, avec Les Espagnols, même avec Les Sauvages.

des discussions qu’il Eust avec Le Capne. qui Devoit Le Conduire dans Vos provinces, Le Reteinrent aux Cayes ou ils devoint faire Escalle, pendant Neuf Mois. Ces affaires finies Comme Cela, il freta De Nouveau Un Navire, Et debarqua je ne Scay ou. on me dit qu’il Etoit Sur Les Confins d’une de Vos provinces Limitrophe des Illinois.

Dans Le temp ou il faisoit Une Si Etrange manipulation ou Le Certain Etoit Echangé pour Le tres incertain, j’appris qu’il avoit Encore des maisons, du terrein à Vendre. je luy proposé Un assortiment de Soyries, d’Etoffes or Et argent, des Gallons or Et argent, des Boutons or Et argent. Et Enfin quelques Lainages. il fit Son choix. Le tout monta à quarante Sept Milles Livres. pour Le payement, il me donna Une Maison Et Un jardin Estimé quarante Mille Livres dont Contract du 9 7bre. 1784. jai Une autre Vente Subsequente á La premiere, montant á Sept Milles Livres, il me donna Un Verger dont Contract Le Vingt Sept Septembre dillo . il fut bien Content. En effet, il devoit L’Etre, il partit, Et moy qui Croiois devoir L’Estre à tous Les titres de Contract de probité Et dhonnesté, je Reste avec deux pieces tres illusoires, tres inutilles pour ma proprieté. Je Serois, Millord, dans Cette Erreur Sur ma proprieté, Si L’Elevation d’un nouvel Evèque au Siege de    Ne M’En Exila.

Le Nouvel Evésque   de luy, ou Incité par Ses procureurs   á Exiger des aveux de tous Ces Vasseaux. il á fallu sy Conformer. Et ça Eté dans L’Examen des pieces que mon procureur à Reconnu, Le Vice. L’inutilité de Mes Contracts, m’a fait Sentir La vecessité d’y Remedier.

ah? Responsable Et digne Legislateur d’un peuple, qui Remplira Un jeune Univers de Son Nom. Et que Vous En portera Jusquá La fin des Siecles, Le tribut de Sa Reconnoissance, je ne Connois personne dans toute l’Etendüe de Votre Vaste Empire. Vous Est L’amy des hommes, Vous Vous faite Un principe de Les rendre heureux Cest Encorre Ce qui Vous occupe. Mettés moy, En grace, au nombre de Ces Estres fortunés, qui Se felicitant de Vivre Sous Les   que Vous Leurs avez donnès, Et Sous Celles que Vous Leurs    Encorre, pour Leurs assurer à jamais Leur Bonheur. au nom De Votre Bon peuple qui Vous Est cher, interesséz Vous au Succés de ma Reclamation. M. Peyroux ne Sera point Injuste Sil habite dans quelqune de Vos provinces. Le Voisinge des Illinois N’aura point Etouffé Sa Vertu. ma Reclamation Sous Vos auspices, aussy Imperative que juste, Et tout m’assure qu’il Remettera, Millord, Le Receu des marchandises que je Luy ay Vendu Et Livré. Cy inclus   .

Vous auréz Surement pour moy, quoy que Etranger, Cette Bonté de Coeur qui Vous Rend Sensible pour Les malheureux, qui Vous Les fait Ecouter avec Cette douceur qui les Console, Et Les Tranquilise. En outre, Millord, Vous Empeschés Une Injustice future, Et peut etre Une toutte prochaine, je Cache Le Vice de mes Contracts, ne peut il pas transpirer! Ne peut il pas (M. Peyroux) avoir Laissé des dettes! Ces Creanciers Ne peuvent ils pas Exiger La Valeur Specifiée dans Les Contracts, des quils ne Sont pas quittancés. jay tout Lieu Le Creancier pour Le present, Comme pour L’avenir. ah! Si j’En Etois quitte pour La Cession des domaines que jay Recdu, ouy, Millord je ne Vous occuperois Surement point de mes justes droits sur Les contracts montant á La Somme de quarante Sept Milles Livres. La Reclamation pecuniaire quils En quils En feroint, Comme Leurs Etant plus avantageuse porteroit, Cette affaire á quatre vingt quatre milles Livres, Et j’aurois pour Seulle Unique Compensation, Une maison Nouvelle. Et Cependant tout est caduque, un jardin Et un verger Le tout Situé dans Un quartier neuf, Sur La Route du jardin de M. Grüel.   Encore, que par La   du peuple, qui ne paye point. Cest mon Vendeur qui La Creëé. D’après La Valleur De L’achapt je deverois En tirer au moins 18 a 19 Cent Livres    Et dans Le Vray Je n’En retire pas Six Cent Livres. Je Dis trop. Les Locataires du   vont Sans payer. d’autres pour Les Mettre dehors je leurs fais grace Du Loyer. Enfin á Un Locataire mauvais, En Succede Un autre pas plus Solide. Et Cette Chaine N’Est qu’n malheur Continuel mais me Dirés Vous, Millord, Comment avéz Vous pu donner Une Somme aussy forte, pour des Domaines qui devoint Vous paroitre Si peu productifs! Voila Milord La Solution du problème.

En 1742. taillefert Lainé, Et Surement Celuy qui à Eu l’honneur d’Estre plus particulierement Connu de Vous à philadelphie, passa à St. Dgue. Nous Etions dix Enfans   de Dix Sept   mere agée Seullement de 36 ans. mais La plus tendre des meres. Elle Luy donna De quoy travailler cy Joignis, Ce que ma chere mere me Donna. Ces traveaux ne furent pas heureux. En 1751. Celuy qui y Existe a present, y passa. ma chere mere Mourut En 1752. Laissa á mes Soeurs et à moy qui Suis Lainé de tous, quatre Soeurs à Etablir. Ce que Elle Et moy avons Eté La gloire, La Satisfaction à L’Etonnement de toutte La Ville, nous N’Etions pas Riches. M. Pelluretier qui partageoit avec M. Grüel L’appartement qu’il occupoit, Est un de mes Beaux frères.

En 1777 Lainé de mes deux freres á St. domingue mourut. Le Cadet Consterné, desesperé de Cette mort S’occupoit de Son Retour En france, me le marqua. Je le fis rougir de Ce projet, je le souteins de mes conseils, il y resta. Et y à fait fortune.

Au Commencement de 1784 il nous marqua que La Colonie L’Ennuyoit, que Sa Santé Exigeoit Son Retour dans Sa patrie. nous L’approuvames d’autant mieux, que ma Soeur Et moy fatigués de nos traveaux tranquils Et Contents du mariage de Nos Soeurs, ne Respirions qu’aprés Le repos. Jamais moyens plus heureux puisquil nous apportoit, marquoit-il 20   de Rentes argent de france, pour finir avec agrement nos Jours Ensemble. nous primes nos hauteurs En Concequence.

Monsieur Pierre Charle peyroux Etoit Encore dans les achapts, nous Luy proposames notre Magazin à LEntier, il ne se décida que pour Le fin. je Ceda quelque temp apres, á Un Citoyen de notre ville Le Reste du magasin.

mon frere arriva Le 31 may 1785. Sa Santé deveint meilleure que jamais. il S’Ennuya dans Le sein D’une famille j’osse dire     Et nombreuse, Et qui Le Cherissoit. il Soupira aprés St Dgue. au Millieu de Ses preparatifs, ma Soeur, La plus tendre des Soeurs mourut Le 10 8bre. Suivant, mon frere Repartit Le 26 fevr 1786. Enfin dans L’Espace De Neuf mois je perdis ma Soeur, ma fortune Et mon frere. des inquietudes me Sont Restés, Et je met au nombre Des plus Sensibles Celle, pour obtenir de M. Pierre Charle peyroux Le Reste des marchandises que je luy ay Livrées, Montant á Quarante Sept Mille Livres: pour prix De Ces Domaines.

Quelles   ne me Suis-Je pas fait de la beauté de Votre ame, de la Bonté de Votre Coeur pour vous Exposer à L’Ennuy de Lire Une Lettre aussy Longue, Et que Jay Crû Indispensable. Vous, qui Est occupé dans le moment present. ó Resserrer par de Liens Egallement chers Et avantageux, L’alliance federative de touttes Vos provinces. Je Vous ay Cru audessus de l’homme Et qui ne Doit pas Le Croire? je me Suis persuadé que tous Les hommes Vous Etoient chers, que vous Saississiés Tout Ce qui pouvoit Les Conduire á Leur Bonheur. Cest Ce qui m’a fait oser Vous prier du Service Essentiel dont je Viens de detailler Les Besoing.

dans La plenitude de mes Esperances, Sil Est Vroy que Mr Pierre Charle peyroux Soit dans quelqu’ne de Vos provinces,   Je Vous prier de faire agrëer à Celuy des agents que Vous Employrés pour ma Satisfaction, pour Le Succès de mes  , de puis 25 Jusqu’a Cinquante Louis, pour luy Temoigner ma juste gratitude.

Si Donc je Reussis à me procurer à   du M Peyroux je desirerois qu’un de mes       puisse En assurer le Retour En Europe. Et que pour Eviter á jamais Une pareille Sollicitation je Desirerois, millord, que L’on En fit L’Enregistrement dans Un De Vos greffiers; Et que L’on m’En donne Connoissance, pour y Recourir au Besoing.

mon nom N’Est point Inconnu dans notre Ville, notre Reputation d’honneur y Est Etablie depuis prés de deux Cent ans. Celuy á qui j’auray L’obligation du Succés dans Un     de mon affaire, peut   á quels jours, à quels mois de datte quil Voudera, La quantité de Louïs que Vous Vouderés bien Specifier, Tout honneur y Sera fait.

Nos occupations Touttes dirigées pour Le Bonheur De votre Bon peuple Deffendent de desirer Une Reponse De Votre main. Je Connois Et je Sens L’indiscretion     Vous mais qu’n de Vos Secretaires Veüille bien me marquer La Reception de ma lettre Et S’il y à à Esperer, ou Non.

Souffrés, Millord, que j’adresse á L’Estre Supreme, mes Voeux pour Votre Bien etre Et la Longueur De Vos jours. Ce Createur qui Sonde tous Les Coeurs, Vint      Touttes Les Vertus dont Un homme peut Estre orné. il Voit L’Employe que Vous En faites Le Bonheur de Son propre Ouvrage. Souffrés, dis Je, Millord que je vous Souhaite La Santé Et La vie des premiers patriarches, pour avoir La Satisfaction de Consolider Votre Legislation. Et La Rendre à Jamais inalterable parmy Votre Bon peuple. Votr Nom deviendra Le plus beau Des noms, il Caracterisera     Et la Vertu.

je Suis avec Le Respect Le plus profond Millord Votre tres humble Et Tres obeissant

Taillefert

Objet de la Lettre      Cy bas, pour ne point fatiguer Les personnages qui Vouderont En procurer Le Succés. Vouloir bien ordonner des perquisitions de M. Pierre Charle peyroux passé En 17    quastres de St Louis En St Dgue. dans Les provinces du Congrés   Europe on Le vit Tres Voisin des Illinois. Vouloir bien faire Demander au dit Sieur peyroux, Une Reconnoissance dune   Joint, des marchandises qu’il à recu, montant á quarante Sept Milles   dont, donné En payement Les domaines Specifiée dans La presente,   Contracts des 9 Et 27 7bre. 1784. N’ont point Etés quittancé Comme ils    dû L’Estre. Le Sr peyroux ne Se Refusera point à Une justice    il ne peut avoir perdu La probitté qu’on Luy Connoissoit. Et Surtout dans Un Etat, ou S’il faut dire, touttes Les Vertus moralles et Civilles Se Refugient. Persuadé de la facille et prompte obtention de la Reconnoissance, je Supplie Ceux qui Vouderont bien Se charger de me La faire Repasser En france, d’En faire Les Copies, Et D’En Consigner Une Dans Les Dans Les Greffes de philadelphie, pour avoir recours au Besoing. il Est inutile de Repeter icy, Ce que   á marqué de la Reconnoissance   fera un plaisir; Un Devoir, d’En Donner Les Preuves.

Taillefert

Notation: M. Taillefert Enclosure: [A letter to M. Pierre Charle Peyroux and a sample of the letter Taillefert wishes Peyroux to write acknowledging their commercial transaction.]
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