Charles-Guillaume-Frédéric Dumas to the Duc de la Vauguyon (unpublished)
Copie de ma Lettre du 5e Avril à Mr. l’Ambassadeur
M—

Par les diverses Lettres que j’ai eu l’honneur d’écrire à V. E. depuis le 24 du mois dernier, je lui ai témoigné mon repentir, et demandé pardon de la partie absurde d’une Lettre qui offense personnellement V. E., et je le fais encore du fond de mon coeur. Mais si j’ai paru foible et timide sur le reste, qui ne regarde pas V. E., ce n’a été que par un effet de l’étonnement où j’étois de voir cette Lettre entre vos mains. Eperdu pour ce que j’avois vraiment à me reprocher, je ne voyois d’autre parti à prendre, que de chercher à calmer V. E., et hier matin encore, l’envie de me prêter à ses desirs, s’il étoit possible, et les conseils de Mr. V. B—, m’ont fait faire un effort que ma conscience m’a reproché immédiatement après. L’opinion contraire à ce que je venois de déclarer avoit repris toutes ses forces dans mon esprit, lorsque tout d’un coup elle acquit une certitude entiere, par la découverte d’un mystère d’iniquité. V. E., j’en suis sûr, pensera comme moi, quand elle saura que ce n’est point par un coup de la Providence, comme on le lui a fait accroire, mais par un procédé infame et punissable, que ma Lettre à mon Ami est parvenue à V. E., et que l’auteur de ce procédé a pleinement justifié par-là le jugement porté de lui. Ma déclaration de ce matin devient donc nulle; si elle étoit produite contre moi, elle n’aboutira qu’à me forcer à rompre le silence que je voudrois garder; et il arriveroit alors immanquablement, ce dont j’ai prévenu V. E. dans ma seconde Lettre d’hier: car j’ai une preuve respectable et irrécusable à produire, que je supprimerai soigneusement, pour le repos de M— F— (que la publicité de cette affaire ne pourroit que troubler et affliger, parce que son nom y seroit nécessairement mêlé), pour celui d’une personne qui doit être chere à M— G—, laquelle me l’est aussi à moi, et pour l’amour de M— G— lui-même, de qui l’un devroit se plaindre, et l’autre déposer.

Si nulle considération n’est assez forte pour me faire négliger mon devoir envers les Etats que je sers, il m’est facile de me relacher sur des choses qui ne regardent que mon individu. Je ne cherche point à faire de la peine à personne; et c’est en partant de là que je supplie V. E., de qui cela dépend présentement, d’assoupir entierement cette affaire, en renvoyant la funeste Lettre à S. E. M— F—, qui la détruira, et en me rendant la premiere Lettre d’hier, puisqu’elle ne peut plus rien signifier, avec celle de Mr. C—.

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