From Dom Bernard (unpublished)
à chalon sur Saone ce 14 septembre 1778
Monsieur,

Illustre et citoyen et zélé defenseur de vôtre patrie injustement opprimée par des tyrans et des tigres! Permettés que je prenne part aux grands avantages que votre illustre et immortel général viens de remporter sur des ennemis acharnés a detruire la patrie de ce genereux anglois connu sous le nom de Lord pen. Vous l’avés illustrée cette patrie, par vos talens et surtout par ces sentimens de Bienfaisances et d’humanité; dont vous aves donné de si grands exemples dans des contrées que vos oppresseurs injustes et Barbares vouloient asservir, par le fer, le feu, la destruction, la desolation, en un mot par toutes sortes de calamités! Mais dieu qui n’abbandonne pas ses elûs a de sa main toute puissante renversé les desseins pervers qu’ils dirigerent contre vous, et l’alliance de nôtre auguste monarque scaura les faire repentir à jamais de leur temerité. Puisse cette alliance si juste et si desiree durer jusqu’a la fin des siecles, pour les avantages reciproques de la monarchie francaise ma patrie et pour l’illustration des treize cantons reunis du continent de l’amerique! C’est vôtre ouvrage c’est à vous a le cimenter par des liens indissolubles et par ces sentimens vrais et genereux qui vous ont toujours fait distinguer.

Je les invoque aujourdhuy ces mêmes sentimens, comme le plus malheureux de tous les hommes! Venes donner la vie à un malheureux qui souffre depuis un mois tout ce que l’humanité peux souffrir de plus fort et de plus triste! Surtout dans celuy où la nature notre mere commune a placée des sentimens. Pourquoy vous entretenir plus longtems sur ma position je vais au But et vous faire part de mes malheurs. Je suis religieux Benedictin de la congregation de St. maur. J’ai été prieur pendant cinq ans dans l’abbaye d’où je vous ecris aujourdhuy; j’ai cesse d’être en place au mois de juin dernier, parce que mon tems etoit expiré. Sur la fin de mon employ, j’ai fait une faute des plus reprehensibles, je vous en fais l’aveu: à ma honte et tout couvert de confusion: je fus engage dans une partie au carême dernier où l’on me fit jouer sur ma parole; j’eû le malheur de perdre trois mil huit cents quarante Livres, j’ai emprunté cette somme sur differens particuliers, auxquels j’ai fait des Billets. L’echeance approche et je n’ais pas une obole pour pouvoir les satisfaire: je n’ose sortir surtout y ayant dans le nombre de ceux qui m’ont pretés des gens dans le Besoin. Ma situation mon cher monsieur me despere j’invoque toutes les puissances a mon secours! Comme vous etes compatissant, et que vous connoisses les extremités auxquels peut se porter un malhureux qui n’a aucune ressource, j’espere que vôtre coeur genereux voudera Bien avoir pitié d’un homme, d’un religieux, d’un pretre, au nom du tout puissant, assistes moy monsieur; a qui m’adresserai-je qu’a dieu pour vous toucher le coeur et a vous pour me secourir. Comme je vouderois conserver ma reputation etant mon unique tresor, je vous supplie de me garder le secret. Je ne cesserai dans ma solitude de former des voeux pour la prosperité de vos armes en amerique. Fasse le ciel que L’espagne fasse cause commune avec vous! Que ne suis je revetu d’un caractere pour pouvoir le decider il me semble que j’en vienderois bien a bout. Si mes voeux et mes prieres sont exaucés vous jouirés de la paix et de la tranquilité que vous aures procuré a votre patrie; elle en sera redevable a vos soins, et aux talens de illustre fabius qui commande vos compatriotes. Vivés pour jouir de votre Bonheur et en faire aux autres. Permettes moi de me dire avec cette veneration qui est düe aux personnes de votre rang et de votre merite votre très humble et tres obeissent serviteur

Dom Bernard religieux Benedictin de
l’abbaye de St. pierre de chalon sur Saone
p.s. Je vous supplie de m’honnorer d’une reponse, le plutot possible; car je suis dans une situation triste et pitoyable.
Endorsed: Dom Bernard Benedictine wants me to pay his Gaming Debts—and he will pray for Success to our Cause 14. 7bre 1778.
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