— Terrot to [— La Sabliére de la Condamine] (unpublished)
Bouvante 7e avril 1784
Monsieur

Voici la note, aussi exate qu’il ma été Posible, sur le Sorcier de la Reine.

Bleton est natif de Bouvante au hameau des Vignes, prés la Chartreuse; il est né le 7e 7bre 1737.

Ce feut au berceau que sa mere aperçus le talent avec lequel il est né. Comme cétoit une pauvre femme qui alloit a ses journées etant obligée de faire une dimerie pour luy aider a subsister, ce fut alors, disje, que portant son fils au berceau, le placant sous un harvre pour le garantir des ardeurs du soleil, il prit des mouvements convulsifs devint pale, tellement qu’elle s’ecria mon Enfant est mort; elle le leve le prent entre ses bras, le petit Devin se prit a rire; elle veut le remetre dans son berceau pour aller au travail, même Convulsion, le releve encore, il paroit tranquille; enfain cette pauvre mere, ne connoissant nullement la cause de ce subit changement, le portat auprès d’elle et dormit du plus profond someil; elle s’etoit aperçue plusieurs fois, jusqu’a l’age de 7 ans, quil prenoit de temps en temps selon l’endroit ou il se trouvoit, des paleurs et des tremblements dans tous les membres, elle atribuoit cette cause a ce que l’on apelle convulsions, tellement qu’elle luy avoit fait lire plusieurs fois les Evangilles, et même donnée une messe relativement a ce.

Ce fut, donc, a l’âge de 7 a 8 ans, que tous les Réligieux de La Chartreuse, allants a la promenade, rencontrerent notre petit sorcier dans un chemin, sous lequel il passoit de l’eau; ils s’apercurent, que cet enfant se trouvail mal, et tremblait, ont voulut prendre soin de lui, le croyant malade, et dès qu’il ne feut plus a la même place le tremblement cessa; on le ramena au même lieu le tremblement revint, et cela a plusieurs reprises; ce qui fit qu’on pense quil pouvoît y avoir quelque source; ils conduisirent le petit devin jusqu’a sa maison, interrogerent la mere qui leur raconta tout je viens d’avoir l’honneur de vous dire.

Les Chartreux de retour raconterent au prieur ce qui leur etoit arrivé rélatif au petit blelon.

Dom Luc barrallier, pour les prouver (?), envoya chercher cet enfant, le conduisit, avec le prieur, sur l’endroit indiqué ou l’on y répéta les mêmes expériences, on lui met une baguette sur les mains qui tourna de suite, ce qui les persuader quil y avait une source; le lendemain ils firent creuser, et y trouverent en effet, a dix pieds de profondeur, un aqueduc que l’on ne connoissoit point qui conduisoit l’eau, par de grands détours, au domaine de la Cor (?)

Cette premiere découverte fit bruit et fir connoitre le talent de cet enfant, 10 a 12 jours apres dom Luc le mena a Chovanche ou il trouva une petite source dont la Chartreuse avoit besoin rélativement a un domaine qu’elle y posséde, il continua ensuite ses opérations, dans les environs, qui a dire vray ne furent pas si heureuses que les premieres, parcequil est toujours incertain de la profondeur, surtout quand elle passe les 6 toizes.

Il feut ensuite apellé a la grande Chartreuse ou il a decouvert plusieurs sources, de la a celle de Lyon, f  , Languedoc, Rova etc. ou il gania quelque argent, ce qui le mit a même de faire rebatir sa petite chomiere, et acheter, dans le même endroit pour environ six mille livres de biends fonds, ou il demeure et sa famille.

Comme ses talents alloient   , un académicien de Dijon, nommé mr. gromelin, vint le chercher en poste, il y a environ 4 ans; ce feut sous cet académicien quil fit, dans la bourgonne, plusieurs expériances et découvertes, il partit de la, avec mr. le duc de guine, pour paris, qui l’introduisit dans les meilleurs maisons de la capitale, même a la Cour, il feut appellé ensuite dans les provinces du nord et même de suisse par l’Embassadeur de france; ce qui le mit dans le cas de faire une petite fortune, puisqu’il a acheté, il y a environ deux ans un domaine a st. jean en Bayau, au prix de 22 milles livres, non compris les   et ecritures, etc. ce qui le porte a 24.000 lt et il cherche encore à faire une autre acquisition. p.s. Il a environ 14 ans que notre sorcier etant dans c a chercher des eaux, et passant sur des terres ou il y avoit beaucoup de mines de charbon de pierre, il se sentit alors des chaleurs une bouche amaire, le visage de feu, enfin un malaise dont il ne pouvoit deviner la cause, attendu que les sensations pour les sources sont diferantes, puisqu’elles luy causent des sueurs froides, des frissons et le visage pale; ceux qui l’aconpagnoient luy expliquerent l’enigme, ce qui feut même cause quon luy fit faire plusieurs epreuves sur les métaux, ce fut alors seulement qu’il reconnu son nouveau talent qu’il ne croyoit propre que pour les eaux.

Voila, monsieur, tout ce que j’ay peut decouvrir rélatif a Je désire que ces petits renseignements puissent remplir votre objet, je serai toujours tres enchanté a pouvoir vous prouver le profond respect avec lequel, j’ay l’honneur d’etre Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur

terrot

Je vous prie de faire agréer mes respects a mademoiselle Dumai
Endorsed: Terrot, Bouvante 7. avril 1784.
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