Jai Lhonneur de vous informer que mon fils agé de douze ans, etant allé en Angleterre quelques jours avant l’imbergo, pour conduire un jeune pensionaire que javois chés moi depuis le mois de juillet, vient d’arriver de Chichester ou il a resté quinze jours; Les vents contraires L’ayant retenu à Lisle Daurigny pendant deux semaines, il sest trouvé dans cette isle un officier du Congrès nommé M. Wm. Addiscott, qui a repassé avec mon fils. Comme ce marinier n’avoit point d’argent pour aller à Nantes, il m’a prié de lui preter un louis pour sa conduite.

Jai cru, Monsieur, ne pouvoir mieux faire que de donner ce petit secours à cet officier marinier qui sest echappé d’Angleterre et qui a repassé en france avec mon fils. Je vous envoye copie du reçu quil m’a donné, ainsi que de sa commission. Javois cy devant remis une somme de 1000 l.t. à M. Moris Americain, sur une lettre de Credit de Mess[ieu]rs Darcy et Moylan du havre dont jai eté remboursé. Comme il peut ariver en notre port semblable evenement par l’arrivée de quelques officiers mariniers Americains et qu’ils n’ont ici aucuns representants, si vous voulés bien, monsieur, m’honorer de votre confiance pour leur donner les secours dont ils pouront avoir besoin, ainsi que leur navires, prises, ou corsaires, qui pouroient arriver en notre port qui a toutes sortes de commodités, je me ferai un vray plaisir de suivre vos ordres avec exactitude, et de vous rendre compte des differens evenemens qui pouroient vous interesser relativement aux batimens des colonies Ameriquaines.

Je suis avec un profond respect, Monsieur, Votre tres humble et tres obeissant serviteur